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L’argent en Iran
15.10.2005

La Banque Mondiale a dans un dernier rapport indiqué que moins de 2 % des Iraniens vivent avec 1 dollar / jour tandis que 7,3 % vivent avec moins de 2 $ / jours. Ces chiffres sortent alors que, dans le même temps, les revenus pétroliers de la république des mollahs sont en hausse.



C’est une estimation qu’on peut qualifier de très optimiste. Les Iraniens eux-mêmes estimaient, il y a un an, que le Seuil de Pauvreté était de 300 $ par mois, avec l’inflation galopante, il est aujourd’hui de 350 $. Les ouvriers et les fonctionnaires iraniens sont parmi ceux qui vivent en dessous du seuil de Pauvreté. Ils préfèrent parler plutôt du niveau de Survie Basique qu’ils définissent à 100 $ par foyer par mois.

Un couple avec 100 $ par mois dispose de 1,5 $ par personne par jour pour survivre. Dans ce calcul, nous avons volontairement omis de prendre en compte le loyer car une simple chambre dans un quartier pauvre coûte 200 $ par mois. En réalité les Iraniens cumulent plusieurs activités afin de pouvoir payer leur loyer et les charges.

Mais tous ne peuvent supporter ce rythme effreiné et les plus fragiles doivent se contenter de leur salaire de 100 $ et perdre leur domicile et vivre en SDF. On les appelle « Kârton Khâb » (ceux qui dorment dans les emballages en cartons).

Il y a depuis peu une nouvelle catégorie : les « dessous des marches ». Ces derniers louent l’espace résiduels qui se trouve en-dessous du premier volet d’escalier des immeubles de commerce ou d’habitation, ils y vivent ou tiennent leur « boutique ». Leur situation est inespérée et leur nombre en augmentation. Les dessous d’escaliers se monnayent à prix d’or ces jours-ci en Iran.

Intéressons-nous aux cas de ceux qui arrivent à suivre le rythme des doubles emplois. Les femmes étant exclues du monde du travail, la charge de la famille incombe au mari et aux enfants de sexe masculin. Mais, le travailleur, ce héros, doit non seulement subvenir à ses propres besoins, à ceux de sa famille mais très souvent aux besoins de ses vieux parents. On dit en Iran qu’un homme doit en nourrir 6 autres. Mais nos héros sans visage sont loin de gagner 350 $ par mois et d’ailleurs, soyons francs et cessons les rêveries, peu d’Iraniens gagnent 350 $ par mois.

Les ouvriers et les fonctionnaires iraniens vivent bien en dessous du salaire minimum qui a été très récemment augmenté à 120 $ par mois. Ils sont souvent payés entre 70 et 100 $.

Dans ces conditions les salariés du bas de l’échelle cumulent les emplois afin de pouvoir survivre et l’on arrive très couramment à des journées de travail de 18 ou 20 heures. Ce système dévalorise les salaires et augmente le travail au noir. Il génère du chômage et de l’exclusion car les chômeurs iraniens ne bénéficient d’aucune allocation ni d’aucune couverture sociale.

Avec deux salaires de 120 $ (soit 240 $), un homme célibataire dispose de 90 $ pour vivre après avoir payé son loyer. Il est alors virtuellement au-dessus de 2 $ par jour. Si l’homme n’est pas célibataire mais s’il est marié, s’il a des enfants et si ses parents sont en vie, on peut tous les considérer comme des personnes vivant avec moins d’1$ par jour et ils sont sur le point de perdre leur domicile, finir sous un pont ou sous un escalier.

Et si on réduisait le foyer à un couple avec deux enfants, un revenu de 350 $ par mois procurerait moins de 2 $ par jour. Or, ces calculs ne prennent pas en compte les charges : eau, électricité, transport. Les sommes de 1 ou 2 $ par jour par personne sont des indicatifs de la Banque Mondiale.

Le revenu de 350 $ par mois est en réalité adapté au besoin d’un célibataire qui ne ferait que travailler. Il peut avec ce revenu qui équivaut à 3 fois le salaire d’un ouvrier ou d’un instituteur, vivre dans un logement d’une pièce et se payer un bon repas par jour. Pour avoir ce niveau de vie, cet individu (nécessairement un homme) doit avoir 2 ou 3 activités. Mais ce qu’il manque justement en Iran, c’est bien le travail.

Les chiffres officiels repris par la Banque Mondiale font état d’un chômage de 15 % qui est un chiffre très optimiste également, la majorité des experts s’accordant en privé pour citer des chiffres supérieurs à 40% voir plus pour les plus jeunes. Les experts dénoncent une autre anomalie des statistiques du régime des mollahs : les personnes cumulant deux emplois sont comptabilisées comme deux travailleurs. C’est un cercle vicieux : le système des double ou triple emplois dévalorise les salaires et contribue à augmenter le chômage.

Plus de 60 à 65 % des Iraniens vivotent avec 2 $ par jour et quelque 15 à 20 % avec moins d’1 $ par jour.

Cette semaine, la mission économique du Ministère des Affaires Etrangères Françaises organisait à Paris un séminaire [1] afin d’encourager les entrepreneurs français à investir en Iran. Une initiative qui a eu lieu avec la collaboration de l’ambassade de France en Iran. Les étrangers qui investissent en Iran tablent sur des chiffres officiels sans se rendre compte que l’économie iranienne est tout simplement en état de décomposition avancée.

Les mollahs sont dépendants de ces capitaux frais. Ils encouragent les Européens à investir en Iran et l’état français les aide dans cette entreprise afin de déclarer sa fidélité aux mollahs. Ces derniers s’emparent volontiers des capitaux étrangers, mais en cas de « grabuges », ils risquent de s’enfuir en emportant la caisse.

[1Séminaire UBIFRANCE.