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Iran-Times : Tirs croisés de bombes médiatiques 17.12.2009 Il y a deux jours, le Times publiait un document iranien non daté, sans entête ni signature faisant état de la possession par l’Iran d’une bombe atomique sophistiquée. Nous y avions vu un coup monté de Téhéran car il lui aurait suffi de signaler les caractéristiques du document pour rejeter ces allégations. Notre analyse était juste car 24 heurs après le non-démenti des allégations du Times, Téhéran a annoncé le succès d’un tir de missile longue portée, une annonce dans la parfaite ligne de sa stratégie anti-apaisement. Dans le dossier nucléaire iranien, le mot clé actuel est l’apaisement. Après des années pendant lesquelles Washington a exigé toujours plus de sanctions voire des frappes si Téhéran refusait ses exigences, à présent, malgré les prises d’otages, les tirs de missiles ou de nouveaux propos très anti-israéliens, on entend très régulièrement Obama et aussi son entourage parler de dialogue ou de relations diplomatiques respectueuses avec Téhéran. L’objet de ce discours apaisé est de parvenir à négocier calmement une entente dont a besoin Washington pour devenir la première puissance pétrolière au monde en maîtrisant après l’Arabie Saoudite et l’Irak, l’Iran et l’Asie Centrale (accessible depuis l’Iran). Mais Washington entend également utiliser les mollahs pour agiter les musulmans chinois de la très riche région de Xinjiang. Washington a changé d’attitude car il n’a pas réussi à soumettre les mollahs avec ses sanctions et à présent il craint de les renverser s’il augmente la dose. Les mollahs refusent cette entente depuis toujours et malgré toutes les pressions car ils savent qu’elle passe nécessairement par une démocratisation de leur régime qui sera à leur désavantage. En effet, les Américains disposent de nombreux pions iraniens parfaitement islamistes qu’ils pourront dans le régime (introduire à l’issu d’élections plus libres) pour prendre le pouvoir en douce et finalement réduire les mollahs à l’état d’employés qui n’auraient pas leur mot à dire. Pour éloigner cette menace, les mollahs multiplient, comme par le passé, les provocations en tout genre pour ruiner les chances d’une entente. Il s’agit de la politique inverse de l’apaisement. Alors que Washington entend engager Téhéran dans la voie de l’apaisement, Téhéran fait tout pour engager les Etats-Unis dans un processus d’escalade avec l’espoir de les faire capituler par la peur d’une nouvelle guerre. Dans cette entreprise anti-apaisement, les mollahs bénéficient depuis toujours du soutien secret de la Grande-Bretagne, actuel leader du marché mondial du pétrole, qui est certaine de perdre sa suprématie dans le cadre de la politique anti-chinoise des Etats-Unis. Dans le cadre de cette entraide, les Britanniques ont souvent publié par le passé des rapports, articles ou documents opposés aux attentes de Washington. Ils étaient aussi contre les sanctions quand Washington les demandait. Ils ont par la suite diffusé des documents faisant état d’une grande capacité nucléaire des mollahs quand Washington a cherché des stratagèmes pour les éviter. Ils continuent dans cette voie bien qu’ils soient sur la liste des prochaines victimes d’éventuelles sanctions en tant que principaux fournisseurs d’essence à l’Iran. Dans le cadre de cette entraide à contrario, le quotidien Times a publié, il y a 4 jours (le 13 décembre), un article affirmant que l’Iran avait déjà la bombe nucléaire. Washington a ignoré cette soi-disant information basée sur un document sans date ni entête ni signature que voici.
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Le tir de missile a agité l’opinion américaine. L’intervention de Gordon Brown a coincé Washington qui a dû prendre des mesures pour satisfaire l’opinion en s’éloignant le moins possible de son indispensable politique d’apaisement. Petit clin d’œil, Washington a annoncé l’adoption par la Chambre des représentants d’un projet de loi de sanctions à l’encontre des compagnies (britanniques) exportant de l’essence vers l’Iran alors que ce projet avait déjà été adopté en octobre dernier par la Chambre des représentants. On commentait même dans la presse américaine depuis quelques semaines le retard inexplicable de son adoption par le Sénat, étape nécessaire pour être soumise à l’approbation du Président. En fait, face aux bombes médiatiques de Téhéran et Londres, Washington a aussi lancé la sienne, mais en prenant le soin de préciser dans les dépêches accompagnant cette adoption bidon que le Président Obama pourrait ne pas recourir à cette loi (ne pas l’approuver) car il attend les résultats très prometteurs de sa politique d’apaisement « dans les prochaines semaines » (en 2010). En ce qui concerne l’article du Times, Washington a annoncé « l’ouverture d’une enquête sur ces informations », ce qui est la réponse très administrative qu’on entend quand des responsables veulent faire la sourde oreille [1].
| Mots Clefs | Décideurs : OBAMA |
| Mots Clefs | Pays : Grande-Bretagne | | Mots Clefs | Institutions : Diplomatie (selon les mollahs) |
[1] Les Américains n’ont pas omis d’y mettre une pointe d’ironie en qualifiant l’article du Times de « bel exemple de journalisme ». |