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Iran : Petit aperçu de l’année 2010
04.12.2009

Le porte-parole de la Maison-Blanche, Robert Gibbs, a rappelé jeudi qu’il restait « jusqu’à fin 2009 à l’Iran pour répondre favorablement à la proposition de transférer 75% de l’uranium iranien faiblement enrichi en Russie puis en France afin qu’il y soit converti en combustible nucléaire ». Téhéran n’a rien répondu car il a la certitude qu’il n’y aura aucune sanction car cela irait à l’encontre des intérêts même des Etats-Unis.



Il y a quelques mois, le principal quotidien iranien Keyhan avait écrit un éditorial dont le résumé est que Washington avait besoin de l’Iran. L’article ne le disait pas pour des raisons que l’on imagine, mais Washington doit nécessairement parvenir à une entente avec les mollahs pour mettre fin à l’approvisionnement en armes des Talibans, sans l’aide des mollahs, Washington ne peut vaincre en Afghanistan. Cette alliance est aussi nécessaire pour accéder à l’Asie Centrale (qui n’a pas de fronton maritime) pour détacher cette région (qui contient 300 ans de gaz) de la Russie et de la Chine. L’Iran vaut également une entente car il a aussi 700 ans de réserves pétrolières, 1000 ans de gaz. Et enfin pour contrôler les régions pétrolières du monde (qui sont généralement des régions musulmanes), Washington doit être proche des maîtres d’œuvres de l’activisme islamiste. On peut le nier comme le font certains sites sionistes idéalistes, mais cela n’engage que les auteurs de ces sites. Si Washington veut rester le maître absolu du monde et du pétrole, il doit nécessairement parvenir à une entente avec les mollahs et ces derniers le savent.

Certes Washington veut une entente très unilatérale où les mollahs seraient finalement soumis à son dictat, mais cela restera une entente qui ne peut-être faite qu’avec les mollahs sans lesquels l’islamisme n’a pas de sens.

C’est bien là, le principal problème : les mollahs savent qu’ils sont indispensables dans le projet final. En conséquence, ils savent que Washington ne peut pas aller au-delà d’une certaine limite de sanctions afin d’éviter de les renverser. Cette limite annule aussi l’hypothèse d’une frappe aérienne. C’est là deux garanties qui permettent à l’équipe dirigeante menée par Rafsandjani de refuser sans risques majeurs le contrat de soumission proposé par les Etats-Unis.

En juin de cette année, cet ordre des choses a été légèrement bouleversé quand le peuple s’est soulevé contre le régime. Les mollahs (surtout ceux qui ne sont pas aux commandes, mais justes dans les affaires) ont eu un moment de panique. Ils ont craint un soutien des Occidentaux qui ne vint jamais en raison de ces projections américaines, mais aussi des intérêts européens. C’est ce qui explique l’édito [1] paru le 27 juillet dans le principal quotidien du régime. Une semaine après les critiques des chefs du clergé à propos de la gestion de Rafsandjani, ce texte l’excusait en évoquant une totale absence de risque en raison de « l’importance d’une alliance pour l’Amérique ».

En septembre, les mollahs ont eu un autre moment de frisson, plus tenace, quand Washington a acheté l’adhésion de la Russie à la nécessité d’adoption de nouvelles sanctions en échange d’un allègement du projet ABM et de l’octroi de bases militaires aux Russes en Géorgie. Au même moment, Washington a donné une certaine liberté d’expression au plus important opposant aux mollahs, Reza Pahlavi. Vu la forte popularité de ce dernier en Iran, le régime a cru que le vent avait tourné. Il a renforcé la sécurité intérieure en incendiant le Bazar pour mettre en garde ses alliés intérieurs et il a accepté de reprendre le dialogue autour du projet d’un échange de ses réserves d’uranium contre du combustible franco-russe. Mais il a vite été rassuré quand la Russie s’est révélée être non pas un allié pour adopter des sanctions, mais un allié ventriloque chargé de jouer les sceptiques anti-sanctions quand Washington avait besoin de ralentir l’allure. Depuis, les mollahs se moquent de tout le monde.

Les mollahs ne sont pas près de changer d’attitude car hier, au moment où le porte-parole de la Maison-Blanche les avertissait qu’il ne leur restait que peu de temps sinon gare aux sanctions, le vrai chef des ventriloques russes, Poutine, a fait savoir qu’il n’y avait « aucune preuve que l’Iran cherche à se doter de l’arme atomique », ce qui sonne furieusement comme une opposition aux nouvelles sanctions. Comme si cela n’était pas suffisant pour bloquer les sanctions qu’Obama a promises aux Américains, il a été entendu que le président américain soutiendrait la nomination de Javier Solana, le spécialiste des négociations sans fin, au poste (nouveau) de négociateur permanent avec Téhéran !

Ce furent de bonnes nouvelles pour Rafsandjani qui a récemment été encore mis en danger pour sa gestion, il a donné de la voix hier pour rappeler la nécessité de se montrer uni dans le refus de tout compromis (sa politique).

Ceci nous donne un léger aperçu de l’année 2010 sur le plan international : un sentiment de déjà-vu.

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Complément : 2010 sur le plan national
- Iran : Le désamour entre le Bassidj et le pouvoir
- (1ER DÉCEMBRE 2009)

| Mots Clefs | Institutions : Diplomatie (selon les mollahs) |
| Mots Clefs | Nucléaire : Politique Nucléaire des mollahs |
| Mots Clefs | Mollahs & co : Rafsandjani |

| Mots Clefs | Décideurs : OBAMA |
| Mots Clefs | Enjeux : Apaisement |

| Mots Clefs | Décideurs : Lavrov | Ivanov | Poutine |

[1Kayhan : les Etats-Unis ont besoin de l’Iran
source : Memri |