Iran Resist - Iran : Une escalade toujours niée par les Six

Iran : Une escalade toujours niée par les Six
30.11.2009

Vendredi dernier, en réaction au refus de Téhéran de donner une réponse explicite à l’offre de la dernière chance, les Six et surtout les Américains ont opté non pas pour l’adoption de nouvelles sanctions par le Conseil de Sécurité, mais pour un appel à l’apaisement lancé par le Conseil des Gouverneurs de l’AIEA. Au lieu de saisir l’occasion pour apaiser la situation, Téhéran a annoncé son intention de construire 10 autres usines d’enrichissement, ce qui ne manquera pas d’amplifier la crise.

L’amplification de la crise est la base tactique des négociations chez les mollahs : ils font tout pour engager Washington dans une escalade, pour mener le monde au bord d’une guerre afin que par la peur d’une rupture de l’approvisionnement pétrolier, Washington change sa politique vis-à-vis de l’Iran.

Cela concerne à la fois les sanctions, mais aussi le dialogue apaisé d’Obama, un plan conçu pour rendre politiquement correcte une entente avec les mollahs (pour contrôler des régions islamiques). Téhéran n’en veut pas car il craint la perte du soutien de la rue arabe, son seul allié authentique et important dans la région. Pour rester fort et dicter sa loi, Téhéran doit rejeter ce dialogue et pour cela l’amplification de la crise est assurément la meilleure tactique.

C’est sous cet angle qu’il faut analyser cette annonce provocatrice des mollahs. Ils ont évoqué « la décision de construire 10 usines supplémentaires d’enrichissement avec 500,000 centrifugeuses capables de produire 200 à 300 tonnes de combustibles nucléaires par an (à partir de 2025 !) », car leurs précédents efforts pour amplifier la crise ont été vains. Ils redoublent de bluff car depuis un an, les Américains, mais aussi d’autres pays parmi leurs alliés, font tout pour les ignorer !

C’est par dépit que Téhéran a sorti de son turban cette très grande provocation. Si cela va trop loin, il pourrait désactiver ce super bluff selon ses choix car tout projet adopté par le gouvernement doit nécessairement obtenir un budget du Parlement (qui est officiellement en désaccord avec Ahmadinejad). Il pourrait aussi mettre davantage l’accent sur le lointain calendrier fixé pour le 2025 que sur ses 500,000 centrifugeuses...

En attendant que Téhéran se décide, la défense anti-escalade occidentale s’est immédiatement mise en marche : les agences de presse des pays occidentaux favorables aux Etats-Unis ou hostiles à une amplification de la crise (nuisible à leurs intérêts en Iran) ont mis au conditionnel cette annonce en affirmant que le « gouvernement iranien devrait examiner bientôt le projet de construction de 10 nouvelles usines d’enrichissement » alors que Téhéran avait annoncé l’« adoption du projet par Ahmadinejad. »

Il y a un mois, ces mêmes agences avaient eu le même réflexe quand pour amplifier la crise, Téhéran avait donné une réponse délibérément provocatrice et négative à la dernière offre de compromis des Six : elles avaient censuré les propos les plus provocateurs d’Ahmadinejad. En réponse, les mollahs n’ont pas cessé de revenir à la charge pour se faire entendre. Il se passera la même chose cette fois.

Tant que pour éviter des sanctions fatales à ce régime utile, l’escalade ne sera pas reconnue, on répétera les mêmes schémas à l’infini : Téhéran reprendra le flambeau de la provocation dès demain car il ne peut pas accepter un apaisement avec les Etats-Unis et ces derniers esquiveront encore tout, car à l’inverse ils doivent calmer le jeu pour rendre possible une impossible entente …

Encore une fois, malgré l’escalade voulue par Téhéran, la situation est plus figée que jamais.

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