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Iran : Le régime mêle ses otages à la crise
10.11.2009

Selon un schéma simple quand Washington évoque des sanctions, Téhéran opte pour une reculade tactique et accepte le dialogue et quand Washington fait preuve d’apaisement, les mollahs repartent en guerre contre les Etats-Unis par des provocations susceptibles de ruiner tout compromis. Ce matin, Washington a fait état de son intention de donner « un peu de marge » aux mollahs dans leurs négociations, immédiatement, Téhéran s’est mis en position offensive.



Pour désactiver des sanctions promises cet été par les Américains, après plusieurs rebondissements, Téhéran a accepté de reprendre le dialogue avec les Américains le 1er octobre à Genève. Au cours de cette rencontre, il a donné son accord de principe à une offre qui lui avait été faite 5 mois plus tôt par les Etats-Unis : échanger une grande partie de son stock d’uranium faiblement enrichi, matière utile pour une première bombe, contre du combustible franco-russe pour son réacteur de recherche utilisé à des fins médicales. En acceptant, il éliminait l’objet du délit et permettait un possible gel des sanctions, améliorant son image et préparant le terrain à une normalisation des relations avec les Etats-Unis.

Cet accord était surtout idéal pour les Etats-Unis qui courent depuis 30 ans après une entente avec les mollahs pour accéder à l’Asie Centrale ou pour embrigader les Pasdaran dans leur projet d’agitation islamiste chez les Ouïgours. Mais la proposition ne séduisait pas Téhéran car une normalisation des relations suppose la réouverture des ambassades et le retour en Iran des politiciens iraniens liés aux Etats-Unis qui peuvent très facilement ravir le pouvoir aux mollahs dans n’importe quelle élection.

C’est pourquoi, Téhéran a refusé cette offre comme tous les autres arrangements qui lui avaient été proposés par les Etats-Unis et il est resté fidèle à sa stratégie qui consiste à provoquer une escalade afin que la peur d’une guerre touchant l’artère pétrolière du Golfe Persique encourage l’Europe et le Japon à faire pression sur les Etats-Unis de cesser d’importuner Téhéran avec leurs offres pour l’accepter tel qu’il est.

Précisons seulement que Téhéran avait refusé l’offre en mai dernier quand elle était secrète. Mais du moment où les Américains en ont fait une offre visible, par souci de ne pas paraître fermer au dialogue, Téhéran n’a plus refusé explicitement. Il a accepté le principe, mais en refusant toutes les clauses de l’offre pour amplifier la crise selon sa stratégie.

Cette réponse n’a pas plu aux Américains. Ils ont censuré son contenu avant de reprendre leurs pressions sur Téhéran. Washington qui dispose désormais d’un allié à la direction de l’AIEA a par exemple laissé planer le doute sur les résultats de l’inspection d’une seconde usine d’enrichissement, site qui avait d’ailleurs été évoqué cet été par Téhéran pour amplifier la crise. On a alors eu droit à certaines rumeurs américaines sur des informations transmises par un savant atomiste en fuite sur des essais nucléaires militaires dans cette usine. Parallèlement à ses rumeurs, Washington a laissé entendre qu’il pouvait revoir les conclusions de ses estimations de l’année 2007 sur la capacité nucléaire militaire des mollahs.

Après une bonne campagne d’intimidations, Washington a décidé de proposer à nouveau son arrangement. Pour donner une preuve de ses capacités à retourner sa veste et l’opinion, il a demandé à la nouvelle direction de l’AIEA de lâcher la vérité sur la seconde usine d’enrichissement qui viole les différentes résolutions interdisant l’enrichissement : à savoir qu’il s’agit juste d’un chantier, « un trou dans la montagne » !

Comme preuve de sa volonté pour un arrangement, Washington a en fait saboté la seule justification pour de nouvelles sanctions onusiennes dans les prochaines années. Téhéran a alors conclu que Washington n’avait pas l’intention de le sanctionner. Le moment était idéal pour passer à l’offensive. Vendredi, jour normalement férié, le régime des mollahs n’a pas chômé pour affirmer avec force qu’il « rejetait définitivement l’offre d’un échange de son stock d’uranium contre du combustible », ce qu’il n’avait jamais dit auparavant.

En réaction, l’aile russe du trio mené par Washington a parlé de nouvelles sanctions et des sources bien informées dans les hautes sphères de l’AIEA ont évoqué un rapport ancien sur des « réussites iraniennes dans le domaine de la miniaturisation des têtes nucléaires », de quoi insinuer l’adoption des sanctions immédiates.

A ces annonces, Téhéran a opté pour une reculade tactique en affirmant son accord de principe sur une petite possibilité d’un échange, c’est-à-dire une solution négociée avec les Etats-Unis. Il a cependant émis des doutes sur la fiabilité des fournisseurs désignés par les Américains pour se donner les moyens de refuser cette promesse tactique.

En réponse, Washington a oublié les armes nucléaires miniatures pour se dire disposé à donner plus de marges (plus de délais aux mollahs) pour la poursuite des négociations.

« Nous sommes dans la phase des prolongations dans ces négociations », a dit Glyn Davies, ambassadeur des Etats-Unis auprès de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) sans faire de référence aux réserves émises par Téhéran.

L’absence de réaction à propos de la remise en cause de la Russie comme fournisseur a convaincu Téhéran qu’à Washington, Obama à qui l’on reproche l’échec de sa politique devait obtenir rapidement un quelconque résultat. Téhéran a flairé une certaine disponibilité à faire des grands compromis donc une absence de possibilité de sanctions dans l’immédiat. Le champ était libre : il a décidé de renouer immédiatement avec ses efforts pour amplifier la crise.

Mais Etant donné qu’il a détecté une disposition à des compromis géants du côté d’Obama, le régime des mollahs a opté pour une super provocation. Il a annoncé le démarrage du procès des trois touristes américains arrêtés au Kurdistan pour espionnage, un crime passible de la peine de mort. Le même jour, il a annoncé la reprise prochaine du procès de Clotilde Reiss.

C’est plutôt pervers car dans le même temps, Ahmadinejad a affirmé que le dialogue et la coopération étaient la seule voie pour résoudre la crise nucléaire iranienne. En fait, le régime a évité d’aller dans le sens d’actes susceptibles d’aggraver son dossier nucléaire et en échange, il a placé le conflit sur le plan humain. C’est plutôt inquiétant. Dialoguer serait cautionner un régime qui n’a aucune limite.

La balle est dans le camp des Etats-Unis et ses alliés. Ils doivent choisir si la réalisation de leurs objectifs pétroliers ou stratégiques justifie un allié de ce genre. Si la réponse est oui, il faut dire adieu à ces jeunes voyageurs, dans le cas contraire il faut aider les vrais opposants au régime.


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En savoir + sur le schéma de fonctionnement des mollahs :
- Iran nucléaire : Mollahs, mode d’emploi
- (9 NOVEMBRE 2009)

En savoir + sur le cas de Clotilde Reiss :
- Iran : Les peines possiblement encourues par Clotilde Reiss
- (10 AOÛT 2009)

Site de soutien aux trois touristes américains :
- freethehikers.org

| Mots Clefs | Nucléaire : Politique Nucléaire des mollahs |
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| Mots Clefs | Terrorismes : Prise d’otages |