Iran : La semaine en images n°86 11.10.2009 Le principal événement de cette semaine a eu lieu la semaine dernière : le régime des mollahs a été obligé d’envoyer une délégation à Genève pour reprendre le dialogue afin de s’éviter l’adoption de nouvelles sanctions. Il a de facto admis qu’il craignait les sanctions alors qu’il avait toujours affirmé le contraire. Le régime a implicitement admis sa fragilité. Craignant que cela n’incite les mécontents à s’éloigner du régime, les mollahs ont lancé une opération punitive contre les commerçants d’Or qui l’année dernière avaient défié leur autorité. Sur le plan international, pour ne pas décevoir la rue arabe, le régime a sans cesse nié avoir parlé du nucléaire à Genève pour nier sa reculade par peur des sanctions. Cette semaine, nous avons eu droit à 2 bis avec un nouvel incendie dans une section très rebelle du Bazar et aussi à une remise en cause de l’ordre du jour à Genève. Flash back | La semaine dernière, nous achevions notre semaine en images par des photos de l’arrivée en Iran d’El Baradai, très déçu par la remise en cause par le régime de ses engagements nucléaires à Genève à savoir l’inspection du nouveau site d’enrichissement et la promesse d’échanger le stock iranien d’uranium faiblement enrichi contre le même volume de combustible pour le réacteur de recherche médicale acquis il y a 50 ans sous le Chah.
Week-end en enfer | Pour défaire le refus de coopération de Téhéran source de sanctions indésirables, les Occidentaux ont eu recours à une ruse. Pendant la visite à Téhéran d’El Baradai, le New York Times a publié un article faisant état d’un rapport confidentiel de l’AIEA qui affirmait que les mollahs avaient suffisamment de connaissances pour fabriquer une bombe nucléaire immédiatement opérationnelle. Les responsables américains et El Baradai sont restés muets sur le sujet pendant 24 heures durant lesquelles l’article a été repris dans tous les médias donnant lieu à des commentaires d’experts affirmant la possibilité de l’adoption des sanctions immédiates. Le régime dont les caisses sont vides a alors reculé encore une fois en annonçant lors d’une conférence de presse sa décision de respecter les deux engagements. Cependant, Téhéran a reculé, mais il a maintenu qu’il n’avait pas pris ces engagements à la table des négociations à Genève, mais avant cette rencontre. Il a ainsi trouvé l’argument pour respecter ses engagements afin d’éviter des sanctions tout en niant l’ordre du jour nucléaire des discussions de Genève, ce qui lui permettait de nier de s’y être rendu par peur de nouvelles sanctions. El Baradai a en fait obtenu une coopération mineure des mollahs sans pour autant être certain qu’il y aurait une suite aux discussions de Genève 2. C’est ce qui explique sa mine défaite pendant la conférence ou lors de sa rencontre avec Ahmadinejad, où il a été tenu de rire à gorge déployée pour la postérité.
La semaine dernière, à la veille du départ de la délégation iranienne à Genève, acte synonyme d’une peur panique des sanctions (aveu de sa fragilité), le régime avait incendié la section des vendeurs d’or du Bazar de Téhéran, une section qui avait défié le régime en 2008 en montrant sa capacité d’appeler à une grève générale sur le plan national. Cette semaine, au lendemain du départ d’El Baradai, c’est la section Textile, qui est à la fois la plus importante du Bazar mais aussi la plus politisée pendant la révolution islamique qui est partie en fumée. De l’avenue 15 Khordâd jusqu’au Sérail Hâdj Hassan qui sous le Chah avait été restauré et classé, sur une longueur de 200 mètres, il ne reste que des ruines calcinées.
En fin de la semaine, la police a évoqué comme motif l’acte mal intentionné de commerçants en faillite. L’hypothèse est pourtant invraisemblable car les emplacements coûtent cher et un commerçant mal-en-point peut toujours vendre sa boutique alors qu’il ne gagne rien avec un incendie dans ce pays où les assurances ont une activité symbolique. En fait, le régime évoque cette hypothèse pour lancer des arrestations ! Ce n’est pas là la fin des mésaventures des Bazaris car le régime parle aussi de raser les sections encore débout en évoquant des risques d’effondrement. C’est une guerre et l’ampleur de la réaction du régime montre le sérieux du risque. Même si cela est une bonne chose pour un changement de régime, Téhéran perd dans l’affaire car la section Textile était la plus ancienne du Bazar de Téhéran.
Le Guide Suprême en a d’ailleurs fait la douloureuse expérience pendant sa tournée dans la région de Mazandarân, région ravagée par le chômage, région désespérée qui a le privilège d’avoir autant de morts sur les routes que tous les pays de l’Europe réunis. Personne ne s’est déplacé pour le Guide : ni sur les routes, ni dans les rues. Le régime s’est rabattu sur un espace fermé où il a réuni ses sbires locaux qui sont une centaine et a tapissé les trous avec son outil préféré, le logiciel Photoshop.
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