Iran : La semaine en images n°85 04.10.2009 Le principal événement de la semaine a évidemment été la rencontre dite de Genève 2. En septembre dernier, les mollahs ont proposé cette rencontre aux Six pour échapper aux sanctions. Mais en acceptant de dialoguer avec les Etats qui les sanctionnent, ils ont fait un pas en arrière et mis en péril leur image de caïd régional. Il en résulte une censure au niveau des images de la rencontre, mais le peu d’images qui existent montre un grand malaise. Ce pas en arrière a aussi été interprété sur le plan intérieur comme le signe d’un affaissement du régime, ce qui a poussé les mollahs dans des actions sociales, mais aussi punitives… Le tout en images. Trame de la semaine | En juillet dernier, les Américains ont (au nom des Six) promis de nouvelles sanctions si Téhéran ne cessait pas ses activités nucléaires avant le 25 septembre. A ce moment, Téhéran les a envoyés paître. Il a cependant changé d’avis en septembre car la Russie n’a exprimé aucune hostilité à des nouvelles sanctions au moment de la publication du dernier rapport de l’AIEA. Téhéran a eu un déclic justifié car par la suite chacun a conclu que Moscou avait échangé son soutien à Téhéran contre des bases en Géorgie et l’allègement du projet ABM. Avant même l’annonce sur l’ABM, Téhéran a accepté une rencontre avec les Six car il avait la certitude qu’il n’avait plus le soutien de Moscou. Il a agi vite car il n’avait pas d’autres choix. Cette décision a ravi les Six qui ont d’importants intérêts en Iran et souhaitent une entente et non des sanctions. Mais ce sentiment n’était pas partagé car Téhéran était cependant conscient qu’en allant s’asseoir gentiment à la même table que les Etats-Unis qui le sanctionnent pour son soutien au Hezbollah, il allait se retrouver en porte-à-faux par rapport à son discours régional fondé sur le soutien au Hezbollah et le refus de tout compromis avec Israël et son protecteur américain. Afin de ne pas perdre le soutien de la rue arabe qui lui est essentiel pour se poser en caïd régional, Téhéran a exigé comme condition pour la reprise du dialogue (tant espérée par les Six) de fixer l’ordre du jour afin de donner l’impression qu’il allait les voir comme le porte-parole des déshérités de la région. Il savait néanmoins qu’il n’en était rien. C’est pourquoi dès que les Six ont accepté ses conditions et ont annulé les sanctions promises, le régime s’est mis à aligner les provocations pour faire capoter la rencontre. Etant à l’origine de l’invitation, Téhéran ne pouvait pas se désister : cela aurait déclenché les sanctions. Il a donc décidé d’énerver les Américains afin de les pousser à claquer la porte des négociations multilatérales ce qui aurait explosé l’unité nécessaire pour la poursuite des sanctions. A réculons | Téhéran a tout essayé, mais rien n’a fonctionné car les Six veulent le coincer dans un dialogue apaisé pour le forcer à faire un compromis. La plus importante de ces provocations a été l’annonce d’un renforcement de ses activités d’enrichissement avec la création d’une nouvelle usine. Les Six ont esquivé, Téhéran a, comme ultime provocation, annoncé des tirs de missiles. Le dimanche 27 septembre, Téhéran a tiré plusieurs missiles de courte portée qui peuvent atteindre les bases américaines dans le golfe Persique, en Irak (images 1 et 2) ou encore en Afghanistan. Washington a esquivé. Téhéran est alors passé à des tirs de missiles réputés capables d’atteindre Israël.
C’est pourquoi, quand il a envoyé une délégation à Genève qui était le signe d’un affaiblissement face aux Américains, Téhéran a mis le paquet pour affirmer qu’il se tenait debout, fort et surtout uni. Pour la même raison, en dehors des unes très suggestives sur les exploits genevois du régime, on a aussi eu droit à de nouvelles confidences de Rafsandjani sur la solidité de ses relations avec le guide : « ils sont trop amis au point que le Guide répond au téléphone quand il est invité chez ce cher Akbar ! » Crack | Cette cohésion affichée est néanmoins douteuse car il s’est passé quelque chose du côté du Bazar : la veille de Genève 2, la section des vendeurs d’or qui avaient tenu tête au régime a été ravagée par un mystérieux incendie qui a détruit ses entrepôts. Les mollahs n’auraient visiblement plus confiance en leurs boniments sur la solidité de leur régime.
Sourire de provocation ou annonce d’un refus des engagements pris à Genève ? Les deux mon caporal car le régime n’a tout simplement pas le choix de tenir ses engagements : ce serait admettre sa défaite devant les Américains et cela ferait vomir la rue arabe et fuir les alliés Bazaris. C’est ce que nous plait avec ce régime : il n’avait pas de choix de refuser le dialogue et à présent il n’a pas le choix de continuer le dialogue. Celui-là le sait aussi, mais ça lui plait moins.
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