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Iran : Les Six disent encore non à sa pochette surprise
12.09.2009

Téhéran qui a bâti sa réputation régionale sur un anti américanisme militant voire guerrier ne peut pas accepter le dialogue et l’apaisement. Pour s’éviter des sanctions, il a eu l’idée de pousser les Six à rompre en proposant le dialogue, mais sur un autre sujet que son programme nucléaire militant. Mauvaise pioche. | Décodages |



En février 2006, après l’échec des efforts de la Troïka européenne comprenant la France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne, d’autres grandes puissances se sont impliquées au moment du transfert du dossier vers le Conseil de Sécurité pour former le groupe des Six, c’est-à-dire les 5 membres permanents du Conseil de Sécurité plus l’Allemagne qui faisait partie de la Troïka. En 2006, puis en 2007 et finalement en 2008, ce groupe a proposé à l’Iran du suspendre ses activités nucléaires en échange d’un approvisionnement garanti en combustible nucléaire, mais aussi des offres de coopérations énergétiques et commerciales en plus de la fin des sanctions américaines qui interdisent l’accès de l’Iran aux produits technologiques américains.

Dès le départ, la réponse de Téhéran a été négative. Larijani, le représentant du régime a même qualifié d’offre de vide de contenu car tout au long de ces années Téhéran a toujours parlé d’une possible négociation (suspension) en échange de « garanties de sécurité », ce qui veut dire une reconnaissance américaine de son droit à disposer des milices armées comme le Hamas et le Hezbollah au Moyen-Orient pour avoir un moyen de pression sur Israël et les autres petits alliés régionaux des Etats-Unis.

On peut même affirmer que la poursuite des activités nucléaires par Téhéran a toujours été une manière de négocier l’obtention de cette reconnaissance de son rôle régional. C’est le refus des Six à entendre cette demande qui en a fait un conflit axé sur le nucléaire. Pour Téhéran, l’enjeu reste ailleurs. Il a cependant constaté le malaise des grandes puissances à évoquer le sujet même ceux comme les Russes, les Chinois et certains Etats Européens qui n’y verraient aucun inconvénient. Ce malaise et ses divisions ont donné aux mollahs l’idée d’une pochette surprise de propositions incongrues à faire bondir les Américains afin que les négociations des Six soient rompues par les Etats-Unis et non par l’Iran.

Ce paquet de propositions conçu pour provoquer une rupture s’est imposé aux mollahs comme une évidence en avril 2008 pendant la dernière ligne droite de la présidence Bush. Ce dernier qui voulait arriver à une entente avec Téhéran, pour pouvoir enfin accéder aux bassins gaziers d’Asie Centrale, n’a pas réagi selon les attentes des mollahs. Dans le dernier semestre de sa présidence, il a presque fait du Obama en esquivant toutes les provocations de Téhéran. Quand Washington a accepté de s’asseoir à la table des négociations à Genève sans demander une suspension préalable de l’enrichissement, Téhéran a tout simplement renoncé à son paquet alternatif énervant.

Ce paquet a perdu tout intérêt avec l’arrivée d’Obama qui a introduit le principe d’un dialogue sans aucune condition préalable sur toute sorte de sujet. Téhéran a compris que son adversaire voulait l’entraîner contre son gré dans un apaisement forcé contraire à son anti-américanisme militant. Dès lors, son souci n’était pas de proposer des sujets alternatifs avec un risque d’acceptation, mais de trouver un moyen pour provoquer une rupture ce qui a donné lieu à des tirs de missiles, des annonces nucléaires, l’arrestation abusive de Roxana Saberi et enfin la guerre provoquée à Gaza par des tirs de roquettes...

Le fait que cette semaine, au moment où les Six le pressent de reprendre le dialogue, Téhéran ait encore ressorti ce « paquet pour énerver les Américains » est le signe d’un certain désespoir. Téhéran n’aurait plus de solution diplomatique de rechange. Si Obama était au désespoir, il aurait dit oui au paquet pour attirer les mollahs à une table de négociation, mais en revoyant ce paquet, il a compris que Téhéran avait épuisé ses cartouches. Il a donc dit non à ce paquet avant d’intimer l’ordre au vaincu d’accepter dans les plus brefs délais une réunion.

Battu sur ce terrain, Téhéran a riposté sur son terrain de prédilection : au Moyen-Orient. Avec des tirs de roquettes depuis le sud du Liban sur Israël...

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Pour en savoir + sur le refus de négocier :
- Iran : Les comptes sont dans le rouge d’après Eurostat
- (10 SEPTEMBRE 2009)

Pour en savoir + sur l’attachement à l’enrichissement :
- Iran : Pas de plan B pour Ahmadinejad
- (24 AOÛT 2009)

| Mots Clefs | Décideurs : P5+1 (les Six) |

| Mots Clefs | Nucléaire : Politique Nucléaire des mollahs |
| Mots Clefs | Nucléaire 2 : DROIT à l’enrichissement et Maîtrise du cycle |

| Mots Clefs | Nucléaire : Négociations sans fins (Manoeuvres dilatoires) |

| Mots Clefs | Institutions : Diplomatie (selon les mollahs) |
| Mots Clefs | Enjeux : Rôle régional de l’Iran |