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Iran : Vendredi 17 juillet, mauvaise journée pour les Verts !
18.07.2009

Les médias des lobbyistes du régime et ceux des faux opposants ont évoqué une présence massive des Iraniens dans les rues à l’appel du « mouvement vert » de Moussavi : un seul défaut à cette annonce, les images montrent une foule de tout au plus 7.000 personnes. Les Iraniens ont boycotté le rassemblement de la Prière du Vendredi qui devait servir de tremplin au lancement d’un nouveau parti politique par Moussavi avec le soutien de Rafsandjani.




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Il y a 40 jours, le régime décidait de lancer sa propre révolution de couleur, le mouvement vert, dont l’ambition était de refaire une nouvelle révolution islamique pour réactualiser de façon démocratique et populaire cet acte fondateur de la république islamique d’Iran. L’opération devait renouveler les cadres dirigeants en portant au pouvoir les initiateurs de cette nouvelle révolution islamique : Moussavi et Rafsandjani, patron occulte du régime à la tête du Conseil de Discernement et initiateur de ce programme nucléaire des mollahs réactivé sous le mandat de 1er ministre de Moussavi après 1982 !

Téhéran allait donner une nouvelle légitimité politique et révolutionnaire à deux enfants chéris de la révolution. L’un allait devenir un président mondialement adulé à la place de l’encombrant Ahmadinejad et l’autre aurait pu devenir un nouveau Khomeiny, figure nécessaire pour contrôler des groupes islamistes radicaux comme le Hamas et le Hezbollah, qui sont l’assurance vie du régime. En donnant une enveloppe démocratique à ce mouvement et à ses deux animateurs, Téhéran espérait piéger l’Occident pour obtenir son soutien officiel, soutien qui aurait de facto légitimé ses choix régionaux et son programme nucléaire (ce qui explique le mutisme de l’Occident).

Ce projet ambitieux des mollahs dépendait d’une forte présence populaire car sinon pas de révolution. Pour attirer la foule dans les rues, le 13 juin, le régime a simulé une contestation populaire de la légitimité électorale d’Ahmadinejad. Contre toute attente, le 15 juin, le peuple a profité de la brèche pour descendre dans la rue et contester le régime tout entier. Ce fut une révolte nationale qui dura du 15 au 25 juin. Cette révolte a hélas été matée grâce à une répression meurtrière à huis clos et des arrestations massives. Après cette mésaventure, le régime reprit le cours de sa révolution verte, mais sans réussir à mobiliser les Iraniens pour servir de figurants à sa nouvelle révolution islamique.

14 Juillet | Le mouvement vert a alors revu sa communication en évoquant la création prochaine d’un Front Démocratique de tous les opposants à Ahmadinejad et en guise d’acte symbolique, a appelé ses partisans à se rendre massivement à la Prière du Vendredi sous la direction spirituelle de Rafsandjani, le principal soutien du mouvement vert. L’appel a été diffusé via tous les sites et les mailings listes moussavistes. Moussavi lui-même, l’a diffusé via sa page officielle sur Facebook en précisant qu’il serait présent sur place comme l’affirmait l’affiche de l’événement.

15 Juillet | Cet appel a fortement déplu aux Iraniens qui ont compris que l’on voulait exploiter leur nombre pour transformer le corrompu Rafsandjani en un exemple à suivre, une source d’imitation (« marja et taghlid ») autrement dit, un nouveau guide révolutionnaire élu par le peuple. Leur mécontentement s’est fait sentir dans les médias virtuels, mais aussi dans les médias audiovisuels. Le régime a réagi au quart de tour et d’une manière très pragmatique pour sauver la situation, c’est-à-dire attirer une foule conséquente sur place pour démarrer enfin cette nouvelle révolution qui a pris du retard et devient désormais urgente.

Les seules fausses notes dans cette réaction pragmatique ont été les premières déclarations de Moussavi en évoquant un faux appel lancé par les contre-révolutionnaires en exil pour discréditer le mouvement et en annonçant ensuite qu’il allait peut-être changer ses plans en ne s’y rendant pas. Le régime a corrigé le tir dès les premières heures du 16 juillet en inondant les médias d’articles et d’appels moussavistes diffusant un seul et même message : « la présence nécessaire de tous les patriotes à cette Prière du Vendredi ne sera pas synonyme d’un soutien à Rafsandjani ou même à Moussavi (leader néanmoins nécessaire pour cette phase de la contestation). Mais cette présence sera synonyme d’une marque de maturité d’un mouvement autonome d’opposition qui sait quand il lui faut saisir les occasions pour écrire une page de l’histoire, comme en 1906 ou en février 1979. »

À l’issue de ce matraquage ininterrompu de 48 heures suivi d’une avalanche d’annonces factices de ralliement des différentes villes iraniennes aux supposés manifestants attendus à la Prière du Vendredi derrière Rafsandjani, notre formidable Moussavi eut vite fait d’oublier son évocation maladroite d’un appel contre-révolutionnaire pour se dire finalement ému par cet élan qui l’a poussé à accepter l’invitation du peuple.

Le flip | « Étant donné que je considère comme une obligation de répondre à l’invitation des sympathisants et partisans engagés dans la voie de la préservation des droits légitimes d’une vie libre et honorable, je maintiens ma présence à vos côtés vendredi », disait le communiqué de Moussavi. Ce formidable démocrate a précisé qu’il viendrait marcher parmi eux ! On a ainsi basculé de Moussavi invitant le peuple, au peuple invitant Moussavi, justifiant sa présence aux côtés de Rafsandjani !

L’effort médiatique pour donner l’illusion d’une « présence massive des forces anti-régime susceptibles de prendre le dessus sur les moussavistes » a même continué pendant la journée de vendredi puisque les médias proches de Moussavi ont évoqué la présence de 700.000 personnes aux abords de l’Université de Téhéran afin d’inciter les Iraniens à se déplacer.

Mais tout cela n’a pas fonctionné et ce malgré une participation remarquable de certains médias ou journalistes iraniens en exil qui naviguent en eaux troubles sous couvert d’attachement à un changement de régime. Non ! Le peuple n’a pas été au rendez-vous. C’est ce que l’on peut voir sur de rares vidéos de la journée, vidéos saturées par un fort brouhaha moussaviste. Un niveau sonore bien disproportionné par rapport au nombre des gens que l’on voit !
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On peut, en effet, estimer la foule présente hier pour cet événement de 4.000 à 7,000 personnes. Le régime les avait d’abord cantonnées dans les rues de la Cité universitaire (lieu normalement réservé à la prière) -comme on peut le voir sur les 3 premiers extraits ci-dessous - avant de les promener dans la ville !
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Sur ces images de défilé, à la seconde 27, on peut voir la longueur bien ridicule de la procession qui se termine par une escorte de motards de Bassidj ! Sur une autre vidéo prise dans la même marche, on voit d’autres motards de la milice qui n’attaquent personne !
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D’une manière générale, aujourd’hui, comme dans toutes les manifestations où l’on veut mettre en scène la révolution verte triomphante, la milice a été comme toujours absente ou en fuite devant des jeunes très combatifs comme ceux-là qui appellent d’invisibles miliciens à venir se battre.
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Sur la base de telles images où l’on ne voit rien, les médias financés par la bande à Rafsandjani ont continué leur travail de désinformation en évoquant la présence de 2.000.000 d’Iraniens aux abords de l’université de Téhéran : une quasi-révolution !

Ce travail de désinformation est à la mesure de la déception du régime. Et ce vendredi, il a encore raté son coup. On n’a guère vu Moussavi pavoiser dans la foule. Mais le grand perdant de la journée est Rafsandjani : son sermon magnifique sur « la république islamique, qui, à l’image de l’Islam, reposerait sur Dieu et le peuple (ouma) », n’a reçu aucun écho en l’absence du peuple pour l’acclamer. Rafsandjani n’a pas pu exploiter ce discours dans lequel il se comparait à Ali, gendre de Mahomet, défenseur du peuple qui devint calife grâce au soutien de la rue !

Par leur maturité à ne pas se laisser exploiter, les Iraniens ont privé Rafsandjani de sa révolution verte et de son sacre personnel comme calife de la république islamique. L’air pollué de Téhéran doit lui paraître plus pesant ce soir même dans le confort des climatiseurs de son humble demeure de serviteur de l’ouma !


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Les enjeux national et régional de la Révolution Verte :
- Iran : Le régime doit sacrifier Khamenei
- (11 JUILLET 2009)

L’enjeu international de la Révolution Verte :
- Iran : Un processus incontrôlable de fuite en avant
- (07 JUILLET 2009)

| Mots Clefs | Institutions : Prière de Vendredi |

| Mots Clefs | Institutions : Démocratie (médiatico)-islamique |
| Mots Clefs | Mollahs & co : Rafsandjani |
| Mots Clefs | Mollahs & co : Mir-Hossein Moussavi |