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Rafsandjani : Maître absolu de la République Islamique 06.10.2005 ( édito ) L’ancien président Akbar (Hachemi Bahrémani) Rafsandjani, chef du Conseil de discernement, la plus haute instance d’arbitrage et de décision de la République Islamique, a renforcé ses pouvoirs avec la décision du Guide suprême de lui déléguer un rôle de contrôle du Gouvernement , du Parlement et de la justice. « Le Guide a délégué au Conseil le pouvoir de contrôle de l’application des grandes politiques du régime », a déclaré Mohsen Rezaï, secrétaire du Conseil de discernement et ancien commandant en chef des Pasdarans durant la Guerre Iran-Irak. Le Conseil de Discernement du Bien de l’Etat renforce ses pouvoirs qui étaient immenses : tracer la politique générale de l’Iran dans tous les domaines et trancher dans les conflits entre le Parlement et le Conseil des Gardiens de la Constitution (La République Islamique expliquée [1]). Désormais, le Conseil de discernement vérifiera également la bonne application par les trois pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire du quatrième plan quinquennal, adopté par l’Assemblée Islamique. Il continuera à prendre en charge aussi les tâches initiales : les grandes politiques du régime et le programme de développement de l’Iran dans les vingt prochaines années, qui ont été élaborées par ce même conseil. Mohsen Rezaï a ajouté que les trois pouvoirs devront se plier à « l’avis du Conseil en cas de désaccord ».
Le régime est en danger et il doit montrer les dents. Rafsandjani est le maître absolu de l’Iran depuis la mort de Khomeiny, son demi-frère. C’est lui qui pistonna Khamenei pour le nommer Guide suprême malgré le peu de connaissance religieuse de ce dernier et son passé douteux pour un homme de foi (par la falsification du testament de Khomeiny [2]). En réalité, le Guide Suprême ne transfert pas une partie de ses pouvoirs à Rafsandjani, il les lui restitue. Sur IRAN-RESIST., nous avons consacré beaucoup d’articles à son cas et à son rôle dans la « création du projet des réformes ». Rafsandjani a été le Chef d’état majeur de l’armée durant la Guerre Iran-Irak : il a préféré continuer la guerre pendant 6 années supplémentaires afin de s’enrichir en percevant des commissions sur les achats d’armes (en compagnie de Rafiq-douste, Jannati et Asgar-olâdi). Rafsandjani, cet ancien membre des Moudjahiddines du Peuple, a trempé dans tous les mauvais coups du régime : attentats et éliminations des rivaux en Iran et meurtres des opposants en Iran et à l’étranger. Sa sortie de l’ombre est motivée par les sirènes de détresse du régime. Les mollahs ont peur. La ligue Arabe est excédée par leurs ingérences en Irak. La gestion belliqueuse du dossier nucléaire excède les Russes et les Chinois. Les Japonais et les Indiens ne les ont guère soutenus. La pauvreté a gangrené toute la société iranienne. La rue gronde et les manœuvres d’intimidations semblent peu efficaces. Les sanctions peuvent achever le régime des mollahs. Le régime semble dans l’impasse et il n’a pas d’autre choix que de laisser aller et se laisser déborder ou bien de se braquer et montrer les dents. En même temps, Rafsandjani avait besoin de revenir sur le devant de la scène pour affermir son autorité. Ce rusé paysan est l’initiateur des mutations du régime : Il est probablement à l’origine de l’avènement des réformes qui ont endormi l’UE pour parachever l’effort nucléaire, mais aussi à l’origine du choix d’Ahmadinejad comme gagnant de la mascarade des élections présidentielles. Ahmadinejad a rompu avec l’UE qui a été le dindon de la farce. Ainsi s’achève la mission d’Ahmadinejad. Rafsandjani est détesté par la majorité des Iraniens et de ce fait son élection aurait été « comique ». Il ne pouvait pas revenir sur le devant de la scène par l’intermédiaire des élections présidentielles. Il faut savoir que Rafsandjani a pris le pouvoir en éliminant Beheshti dans un attentat et en écartant les autres rivaux par le faux testament de Khomeiny et de ce fait, il est le mieux placé pour connaître l’impitoyable univers des mollahs. Certes, les mollahs et les paramilitaires du régime sont satisfaits de pouvoir compter sur un chef capable d’intimider la population et de renverser la tendance au sein du pouvoir qui a peur, mais Rafsandjani lui-même a certainement besoin de montrer qu’il est le boss. Le durcissement du régime est le signe d’épuisement de toutes les autres solutions.
Le régime est réellement dans une impasse et il n’a pas d’autre choix de se montrer très autoritaire.
[2] À la mort de Khomeiny, les hauts responsables du régime se sont réunis pour décider de sa succession. Peu avant sa mort, Montazéri avait été écarté par Khomeiny, mais il restait le plus qualifié d’entre tous. Certains penchaient pour une solution différente et voulaient créer un Conseil (de trois ayatollahs) qui assumerait le rôle du Guide de la Révolution. Rafsandjani a falsifié avec l’aide d’Ahmad, le fils de Khomeiny, un testament dans lequel Khomeiny avait nommé comme son successeur Khamenei. La participation d’Ahmad a été décisive car ce dernier était le secrétaire particulier de Khomeiny. Khomeiny dictait ses ordres et Ahmad transcrivait : ainsi la totalité des documents attribués à Khomeiny vers la fin de sa vie avaient été rédigés de la main même de son fils Ahmad. Hojjat-ol-Eslam Rafsandjani (il n’est pas ayatollah) et Ahmad ont rédigé « le nouveau testament » au moment même où on s’acheminait vers la Création du « Conseil à trois ». Le texte stipulait que le fondateur de la République Islamique avait choisi Khamenei. Ce qui fit clore les débats et plaça un homme mou du giron de Rafsandjani à la fonction suprême de la république des mollahs. |