Iran : Moussavi apporte son soutien au Guide Suprême 19.06.2009 Depuis 4 jours, le régime a ouvert le feu sur les Iraniens, mais l’on n’en entend pas parler ici : les images existent, mais on ne les montre pas conformément aux souhaits du régime des mollahs ! Les médias français donnent la parole uniquement à des petits groupes de partisans du régime peints en vert islamique et à ses lobbyistes français qui parlent de mouvement pro-Moussavi. Le doute n’existe plus car hier soir Moussavi a annoncé qu’il ne soutenait pas la fronde contre le régime. Les 2 premiers jours | Samedi dernier, au lendemain de l’élection présidentielle en Iran, le régime a organisé une fausse contestation des résultats autour de Moussavi et Ahmadinejad comme il l’avait fait exactement de la même manière en 2005 [1] entre Rafsandjani et Ahmadinejad. Il espérait pousser Obama à prendre partie pour Moussavi ce qui lui aurait ouvert deux possibilités en or : crier à l’ingérence étrangère ou inverser les résultats et placer à la présidence Moussavi qui fort de sa légitimité Obamienne aurait fermement dit non à tout dialogue à moins que les Etats-Unis ne suppriment les sanctions contre l’Iran. Si suite à cette double évolution, Obama refusait, Téhéran se réservait le droit de déclarer que Washington vient d’affaiblir les modérés, pour renforcer sa réponse négative. Mises en scènes | Durant deux jours, nous avons eu droit à des annonces d’arrestations fictives de faux modérés pour implanter le décor et étions ensevelis sous une avalanche de vidéos sur YouTube où l’on voyait des scènes d’affrontements entre des jeunes et les miliciens, scènes dans lesquelles les jeunes pro-Moussavi vêtus de vert avaient le dessus sur les miliciens. Les médias du régime laissaient faire les journalistes étrangers : ils avaient le droit de tout filmer sur la montée de la vague verte de Moussavi. Les images que l’on a vues aussi sur les sites des observateurs pro-mollahs de la chaîne France 24 sont assez grotesques car on y voit une fille recevoir 3 coups de matraque anti-émeutes sans tomber ! La même chose sur la seconde vidéo : les frappes sont molles. En début de cette seconde vidéo, on voit aussi un gars en rose qui fait semblant de s’évanouir sous une frappe, mais se relève immédiatement !
Le 3ième jour, une nouvelle vague | La manif de lundi a fait une trentaine de mort à Téhéran. Dès le lendemain, sans mentionner ces morts, Moussavi a appelé à la démobilisation ! Le mardi, il s’est caché, mais il est allé avec tous les autres candidats à la rencontre du Guide Suprême qui leur a demandé des mesures concrètes pour démobiliser la contestation. Depuis l’étranger, Reza Pahlavi a demandé le contraire. Mercredi, contre l’avis de Moussavi, des millions de personnes sont descendues dans les rues à Téhéran et à Ispahan, où l’on a pour la première fois entendu une fois le slogan que tout le monde attendait et qui pousse les mollahs à diffuser des images muettes de ces manifestations qui échappent à leur contrôle : MARG BAR JOMHURI ESLAMI, « mort à la république islamique ». Si à Ispahan, les personnes qui filmaient étaient surprises voire gênées au point de couvrir par des commentaires le slogan de la foule qui défilait sous leurs fenêtres, à la même heure à Chiraz, le son est limpide :
Dans une seconde lettre ouverte, les deux hommes qui ont de facto condamné à mort des manifestants semblables à Daniel Cohn Bendit en 1968 demandent au chef du système judiciaire du régime d’être indulgent mais uniquement avec les personnalités que le régime avait fait semblant d’arrêter pour donner du crédit à la fausse contestation conçue pour pousser Obama à manifester son soutien à Moussavi. à Paris | Désormais les manifestants parisiens peints en vert et ceux qui écrivent des articles pro Moussavi devront s’exprimer sur le sujet : Ils doivent nous dire s’ils restent pro-Moussavi ou préfèrent défendre les Iraniens. Cela est aussi valable pour ceux qui leur apportent leur soutien comme BHL et ses amis qui seront demain au Trocadéro aux côtés de Jahanchahi, l’un des célèbres lobbyistes du régime des mollahs. C’est pourquoi nous avons retiré la lettre de soutien de BHL qui visiblement n’était pas destinée aux IRANIENS, mais à Moussavi qui a implicitement approuvé l’ordre de les tirer à vue. à Téhéran | Seuls les Iraniens résidant à l’étranger qui roulent pour les mollahs ont esquivé cette double annonce dérangeante parue dans le quotidien « République Islamique ». Les Iraniens du pays ont été plus réactifs, et par chance Reza Pahlavi s’est immédiatement exprimé. Au moment où le Moussavi-Khatami faisait le tri entre les 7 morts admis par le régime et les 242 non reconnus et qualifiés de terroristes, Reza Pahlavi s’adressa via deux chaînes satellitaires aux Iraniens pour saluer « la mémoire de toutes les victimes en les qualifiant de patriotes morts pour la liberté ». Le leader de l’opposition en exil a également fait état de ses « conversations avec plusieurs commandants des Pasdaran pour les inviter à ne pas faire feu sur les révoltés pour que la liberté soit acquise sans d’inutile effusion de sang ». Dans cet appel très long et très émouvant, il a aussi appelé les Iraniens « à ne pas céder du terrain ».
Les habitants de Téhéran ont fait autrement : ils n’ont pas porté de noir, ni de bougies, ne sont pas allés dans les mosquées. Ils se sont réunis sur l’ex-place Toupkhaneh où a été pendu en 1909 le mollah Nouri, le héros historique de Khomeiny ! Sur cette place hautement symbolique, ils ont chanté l’hymne national « Ey Iran » interdit depuis la révolution islamique et comme cette femme portant un foulard blanc (couleur zoroastrienne du deuil), ils ont brandi des écriteaux où l’on pouvait lire, « la liberté a un prix et nous la payerons de notre sang » !
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| Mots Clefs | Mollahs & co : Mir-Hossein Moussavi |
[1] Selon un de nos lecteurs, il existe un parallèle saisissant entre ces élections et celles du juin 2005. Nous avions alors eu droit quasiment aux mêmes résultats : 61,8 % en faveur d’Ahmadinejad et 37 % pour Rafsandjani. Et au premier tour, le régime avait fait état de plusieurs accusations de fraudes massives et sous la pression des protestations massives, le Conseil des Gardiens avait demandé au ministère de l’Intérieur de recompter les bulletins à Téhéran et dans trois autres grandes villes avant de même connaître le résultat de ce recomptage, proclama que l’élection s’était passée dans les règles... © WWW.IRAN-RESIST.ORG
[2] Appel de Moussavi pour se réunir dans les mosquées | |