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Iran : Dialogue de sourds entre Sarkozy et Mottaki
03.06.2009

Le président Sarkozy recevra aujourd’hui à 16h30 le ministre iranien des Affaires étrangères Mottaki pour évoquer la relance du dialogue entre l’Iran et les Six. Avant de quitter Téhéran pour Paris, Mottaki a organisé une conférence de presse internationale qui a révélé son état d’esprit avec cette rencontre.



Nicolas Sarkozy avait récemment affirmé qu’il ne souhaitait pas rencontrer des dirigeants islamistes négationnistes de la trempe d’Ahmadinejad. Mais en politique on ne fait pas toujours ce que l’on veut. Il souffrira certes de serrer la main de Mottaki, ce milicien des Pasdaran [1] qui a notamment fait carrière comme responsable du service logistique de la brigade Qods chargée de l’organisation des attentats anti-israéliens, mais l’enjeu est important pour la France qui achète du gaz et du pétrole aux mollahs et leur vend de l’essence. Paris espère jouer un rôle dans le règlement de la crise iranienne pour éviter 3 scénarii :
de nouvelles sanctions américaines qui nuiraient à ses intérêts,
un conflit qui ferait basculer ces intérêts dans le néant, ou encore
une entente exclusivement irano-américaine qui bouleverserait le paysage économique du pays, répétant le scénario irakien de mise à l’index des entreprises françaises actuellement présentes en Iran.

C’est pourquoi, Sarkozy a pris de vitesse les Italiens qui aimeraient jouer ce rôle d’intermédiaire en invitant à Paris l’inadmissible Mottaki. Cependant, la vitesse n’est pas tout, bien que son ambition soit légitime, la France n’est pas équipée pour jouer ce rôle car elle n’a pas de moyens de pression sur Téhéran. Certes la rencontre a lieu après l’inauguration aux Emirats Arabes Unis d’une base militaire française, mais l’on imagine mal la France attaquer l’Iran et ses propres puits de pétrole car au final, l’affaiblissement des mollahs glissera le régime dans les bras des Américains ou pire les Russes et les Chinois, ce qui sera le début de la fin pour ses intérêts énergétiques en Iran. C’est pourquoi Paris n’évoque jamais une riposte militaire française contre les mollahs et agite la menace d’une hypothétique frappe israélienne entièrement dépendante de la volonté des Américains.

En l’absence de moyen de rétorsion claire contre Téhéran, encore une fois, très pragmatiquement, Paris a opté pour des promesses de gages d’amitiés aux mollahs. C’est que l’on devine exprimé entre les lignes du communiqué de l’Elysée : il est précisé que le président Sarkozy évoquera, outre la question de la relance des discussions entre les Six et l’Iran, les « questions régionales », c’est-à-dire le Liban.

En définitive, Sarkozy a repris le schéma inefficace de marchandage appliqué par le Quai d’Orsay sous la présidence de Jacques Chirac. Téhéran s’est immédiatement engouffré dans la brèche. C’est que l’on ressent à la lecture du compte-rendu de la conférence de presse organisée par Mottaki avant son départ pour Paris.

Selon le représentant du régime des mollahs, « la république islamique d’Iran est désormais et de l’aveu de tous les Etats Arabes de la région, la première puissance régionale au Moyen-Orient ». Mottaki a pris comme preuve « l’invitation de l’Egypte à Ahmadinejad pour participer au prochain sommet du Mouvement des No-alignés au Caire ». Selon Mottaki, « la république Islamique est parvenue à ce niveau d’excellence car elle a rompu avec des approches inefficaces surtout au sujet du dossier nucléaire. »

En d’autres termes avec beaucoup de cynisme, Téhéran a affirmé qu’il utilisait la crise nucléaire, c’est-à-dire son refus de compromis et de dialogue, pour avancer ses pions sur l’échiquier de la région. C’est ce qui sera au menu de la rencontre à l’Elysée : le marchandage permanent.

C’est un combat perdu d’avance car le propos n’est pas de marchander avec Paris, mais avec Washington. C’est d’ailleurs ce qui a été visible dans la conférence de presse de Mottaki : tout était axé avec Washington, jamais il n’a évoqué Paris. En voici deux exemples.

A propos du dialogue, Mottaki a zappé les Six et alors qu’une semaine plus tôt, le régime avait refusé tout dialogue sur le nucléaire avec les Américains ou les Six, hier à Téhéran, Mottaki a évoqué sans état d’âme la possibilité du dialogue (marchandage) avec les Etats-Unis en affirmant que l’Iran attendait une approche pragmatique de la part de Washington. Par cette formulation, il évoquait la demande de la levée des sanctions à la place des belles promesses d’Obama régulièrement qualifiées de Blabla par les mollahs.

Au sujet de l’Afghanistan, Mottaki a évoqué la disponibilité du régime à régler la question afghane au cas où Obama demanderait l’aide de l’Iran. Or cette aide a été demandée, mais Téhéran la qualifie d’imprécise car il veut marchander un rôle plus important en échange d’un ralentissement de son programme nucléaire.

Marchandages stériles, conversations de sourds et salamalecs avec un personnage déplaisant impliqué dans certains attentats visant la France : la rencontre de Paris sera pénible pour le locataire de l’Elysée.

Il y a évidemment une autre solution à ce problème.
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| Mots Clefs | Institutions : Diplomatie (selon les mollahs) |
| Mots Clefs | Nucléaire : Politique Nucléaire des mollahs |
| Mots Clefs | Enjeux : Rôle régional de l’Iran |
| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : Liban |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : France |
| Mots Clefs | Décideurs : Sarkozy |
| Mots Clefs | Enjeux : Intérêts Européens en Iran |

| Mots Clefs | Décideurs : P5+1 (les Six) |

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[1Manouchehr Mottaki né en 1953, a été ambassadeur en Turquie, pays par lequel transitent les Iraniens qui fuient l’Iran. La Turquie est un des terrains de chasse du régime (enlèvements, torture et rapatriements forcés des opposants). Les Turques laissent faire.

Mottaki a fait carrière dans les Renseignements comme programmeur directeur des opérations internationales. Il a par la suite était vice-président de l’Organisation des Relations Islamiques. Cet organisme a pour mission la promotion internationale du fondamentalisme islamique et la coordination de l’exportation de la Révolution Islamique. À ce poste, Mottaki a eu pour mission le recrutement et la formation des terroristes étrangers.

Il a également été sous-directeur du service juridique et international du ministère des affaires étrangères. A ce poste, il encadrait les agents de la Division Qods en mission sur des opérations terroristes à l’étranger. Mottaki avait pour tâches de :

  • Fournir des passeports diplomatiques,
  • Prévoir et fournir tous les besoins logistiques pour la mission.


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