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JDD | Reza Pahlavi : « Ne bombardez pas mon pays »
26.05.2009

Reza Pahlavi, fils du dernier shah d’Iran, adjure Israël et l’Occident de ne pas faire la guerre. Et espère une révolte populaire contre les mollahs. Face au régime, il brandit les valeurs démocratiques occidentales, au nom d’une si vieille idée de la Perse. Au moment où commence la campagne présidentielle iranienne, le roi sans terre parle au JDD.



Qu’attendez-vous des élections iraniennes ?
Rien. Il n’y a rien à en attendre. Commencer même à supputer les chances de tel ou tel, jouer à différencier Ahmadinejad de ses concurrents, c’est tomber dans le piège des mollahs. Une mafia dirige mon pays, elle met en scène des élections pour distraire la communauté internationale ou pour quelque raison qui lui appartient. Cela ne peut concerner aucun démocrate. Les Iraniens vivent déjà en dehors de ce système. Certains sont en exil, hors du pays, comme moi, d’autres sont en exil à l’intérieur même de l’Iran. Ils subissent le régime, ils n’en sont pas.

Mais ils votent pourtant ?
Beaucoup sont contraints de voter. C’est par la seule peur que le régime tient. Il y a des gens arrêtés, des gens torturés, des religieux même qui sont persécutés. Quiconque s’exprime contre la théocratie est menacé. Les candidats à la présidentielle sont passés par un filtre. Ils sont les marionnettes d’un système qui veut se perpétuer. Si vous n’admettez pas cela, vous passez à côté de la vérité. Cela fait longtemps que le régime a perdu le peuple iranien. Son populisme, sa montée aux extrêmes, ses rodomontades militaires ne sont plus à usage interne. Le pouvoir pense s’adresser aux masses arabo-musulmanes, à ce qu’il croit être la "rue arabe" : un régime qui a perdu son peuple prétend devenir le glaive d’une revanche musulmane, la revanche des Syriens, des Palestiniens !

Mais, en attendant, cela fait une différence si un radical passe, qui menace l’Occident et veut la bombe atomique, ou un modéré avec lequel on peut composer...
Quelle différence ? Vous avez voulu y croire sous Khatami. Soyons sérieux, quelles réformes cela a-t-il donné ? Et après Khatami est venu Ahmadinejad. C’est une logique du régime. Si vous cherchez l’apaisement, vous récolterez la guerre et vous retarderez sa chute.

Donc, il faut être dur avec votre pays ?
Il faut être ferme envers ce régime. Et il faut parler avec le peuple, ce qui lui donnera plus d’espoir et de courage.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

« Nous voulons être libérés, pas tués ! »


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Obama n’est pas assez ferme ?
Le président Obama a eu raison d’envoyer un message de nouvel an directement à la population iranienne, mais je ne comprends pas qu’il y ait associé le régime. Cela veut dire qu’il ne dissocie pas le peuple iranien du régime islamique. De même, il n’avait pas besoin de saluer comme une preuve de "l’humanité" du pouvoir la libération de la journaliste Roxana Saberi. Je ne dis pas qu’il faut rompre le dialogue avec le régime iranien - je sais les impératifs de la diplomatie... -, mais il faut aussi ouvrir un dialogue avec les forces démocratiques opposées à ce régime. L’Occident ne doit jamais céder sur les principes, ne doit jamais faire croire qu’il peut accorder la moindre légitimité à la mal nommée République islamique. Un Etat totalitaire ne se reconnaît pas ; il est une réalité transitoire, dont on doit souhaiter et hâter la fin.

Vous ne soutenez pas une intervention militaire contre l’Iran ?
Jamais ! Nous voulons être libérés, pas tués ! Si l’Iran était attaqué, ça conforterait le régime. Vous nous perdriez, vous me perdriez. Quand l’Irak a envahi l’Iran, j’étais en exil. J’ai proposé, publiquement, de prendre ma place, comme pilote d’avion, pour défendre mon pays.

Si Israël bombardait l’Iran, iriez-vous vous battre contre Netanyahou ?
Je dis une chose maintenant à M. Netanyahou et au peuple d’Israël : vous savez ce que l’Iran a été pour le peuple juif. C’est Cyrus qui libéra le peuple juif après la conquête de Babylone et qui permit la reconstruction du Temple. Quand la nuit nazie tombait sur l’Europe, l’Iran accueillait des familles juives de Pologne. Nous étions le seul pays de la région à agir ainsi. Et maintenant, ceux-là mêmes qui ont été nos amis nous bombarderaient ?

Mais si Israël et, au-delà, l’Occident sont menacés par l’Iran...
Je comprends toutes les inquiétudes. Mais je vous demande de faire de la politique. Allez au coeur de la question : ce régime doit disparaître. Cessez de diaboliser notre peuple ou notre religion ! L’Iran, ce n’est pas ce régime. Le chiisme, ce n’est pas ce régime. L’islam, ce n’est pas ce régime. L’Iran est asservi par un régime totalitaire. Ce totalitarisme persécute notre peuple et menace l’humanité. Il doit être renversé. Un Iran démocratique ne sera plus une menace pour personne.

Comment y arriver ?
En faisant confiance au peuple iranien. Nous renverserons ce régime par une révolution. Ce changement sera le moins violent possible. Il viendra de la désobéissance civile. Le sacrifice est pour nous. Nous voulons seulement que vous nous aidiez. Le régime est bien moins stable que vous ne le pensez. L’économie va mal. L’oppression politique et sociale provoquera la révolte populaire. A un moment, les pasdarans lâcheront le régime. Alors il s’effritera, comme dans les pays de l’Est.

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Pour en savoir + :
- Le Figaro | Reza Pahlavi : L’Iran doit devenir un État laïque et démocratique
- (1ER AVRIL 2008)

| Mots Clefs | Décideurs : Reza Pahlavi |
| Mots Clefs | Histoire : Mohammad-Reza Shah (le Chah) |

| Mots Clefs | Enjeux : Changement de régime |