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Iran : Les rumeurs donnent Ahmadinejad vainqueur !
15.05.2009

Il y a 4 jours, un responsable réformateur donnait Ahmadinejad vainqueur au premier tour par une écrasante avance sur son adversaire modéré, Moussavi. Il y a 2 jours, le guide suprême, qui est censé être écouté et aimé, a apporté son soutien à Ahmadinejad. L’actuel président que l’on donnait battu en raison de sa mauvaise gestion économique serait-il le favori du régime ? Oui et non… | Décodages |



L’enjeu de cette élection | Très régulièrement, Téhéran organise des élections : c’est une manière d’afficher un renouvellement de la confiance du peuple en ses choix. Quel que soit le taux de la participation réelle des Iraniens (très souvent aux alentours de 5 à 12%), le régime annonce des taux confortables et raisonnables de 60 à 70%. Une des particularités des mollahs est qu’ils évitent de se ridiculiser comme l’Egypte ou la Tunisie en évoquant une participation de 99,9%. Téhéran simule la démocratie dans les limites du vraisemblable. Les élections ne servent pas uniquement à renouveler la légitimité du régime, mais aussi à changer de politique.

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2005 | C’est ce qui est arrivé, en 2005, à la fin du mandat de Khatami. Ce dernier avait fini par céder devant les Occidentaux en renonçant au droit à l’enrichissement qu’il avait pourtant revendiqué au début de son second mandat. En cette année 2005, toutes les rumeurs, pronostics et les analyses des médias et des lobbyistes du régime donnaient la victoire à Rafsandjani, présenté comme un homme de consensus. Il devait succéder à Khatami qui avait signé les accords de Paris sur la suspension volontaire de l’enrichissement nucléaire pour proposer un compromis final et clore la crise nucléaire.

Mais, en fait, ces informations diffusées par le régime étaient conçues pour endormir les Occidentaux : à la surprise générale, le régime déclara vainqueur Ahmadinejad, un homme nouveau et totalement inconnu, qu’aucune des rumeurs ne donnait vainqueur. Sur la base de sa légitimité populaire, il a remis en cause tous les engagements acceptés à contrecœur par son prédécesseur Khatami : c’est ainsi que le régime a changé de cap. Via Ahmadinejad, le régime a également ressuscité ses vieux slogans anti-israéliens. Il espérait provoquer une crise majeure pour obtenir des garanties de sécurité, c’est-à-dire des garanties pour le Hezbollah.

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2008 | Ce pari osé a restauré les revendications de Téhéran, mais aussi enfermé le régime dans un certain isolement. En 2008, le régime a décidé un nouveau changement de cap via les élections législatives. Il a refait le coup des rumeurs de 2005 : en focalisant sur un retour des réformateurs et les modérés, laissant ainsi entendre une future inflexion afin d’encourager les Occidentaux à ne plus alourdir les sanctions contre l’Iran. Le résultat des législatives a encore surpris les Occidentaux car cette fois Téhéran a annoncé l’entrée en lice des conservateurs modérés : ce qui voulait dire fermes sur l’enrichissement, mais ouverts au marchandage. La figure phare de cette nouvelle tendance était Larijani, l’ancien négociateur pour le nucléaire du cabinet d’Ahmadinejad. Téhéran l’a nommé Président de l’Assemblée Islamique, une étape préparatoire pour le placer comme un candidat à la présidence pour prendre la relève d’Ahmadinejad qui souffrait d’une mauvaise image internationale. On a alors eu droit à des critiques en règle des différentes politiques d’Ahmadinejad pour préparer sa sortie.

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Larijani-Ahmadinejad | Le problème est que Laridjani voulait profiter de son arrivée à la présidence pour renverser le patron occulte du régime Rafsandjani par un coup d’Etat rampant via des amis placés à ses postes clefs. Rafsandjani a découvert ses manigances et a repris le dessus : il a chassé Kordan, le principal pion de Laridjani, qui était placé au ministère de l’intérieur. Laridjani lui-même est tombé en disgrâce et il a officiellement renoncé à briguer la candidature à la présidence. Il vivote aujourd’hui au sein du régime. Ayant perdu le candidat qui devait prendre la relève d’Ahmadinejad, Téhéran s’est résolu à s’en contenter. On a alors assisté à la disparition des critiques sur sa gestion et même à l’apparition de louanges sur ses choix.

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Moussavi | A l’approche des présidentielles, Téhéran a trouvé un clone de Laridjani en la personne de Moussavi : un « conservateur modéré » qui a en plus le soutien des réformateurs. Cette candidature comblait le vide laissé par Laridjani tombé en disgrâce, Téhéran retrouvait son homme ferme sur l’enrichissement mais officiellement modéré donc ouvert au dialogue.

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2009 | Mais entre temps, le contexte international a changé. Le conservateur modéré avait été conçu pour faire face à Bush, aujourd’hui, Téhéran se retrouve face à Obama qui lui propose un dialogue qui ne lui convient pas. Malgré son envie de sortir de l’isolement lié à Ahmadinejad, il ne peut opérer le changement de cap décidé en 2008 : s’il met à la présidence un homme de dialogue, il devra accepter l’offre d’Obama qui de facto l’engagera dans un apaisement contraire à sa méthode de marchandage basée sur le refus énervant. Exit donc l’homme nouveau ! A contrecoeur, le régime se voit contraint de réélire Ahmadinejad. Il est donc son choix sans être son favori.

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Tapages | Pour justifier cette victoire qui ne fait aucun sens, le régime prépare l’opinion : il entend offrir à Mahmoud un plébiscite médiatique bien avant le 12 juin via des débats télévisés, une chose jamais vue en Iran ! C’est normal, Téhéran joue gros : l’enjeu du second mandat d’Ahmadinejad sera le marchandage du siècle sur la survie du régime.

Afin que ce débat télévisé-plébiscite soit suivi par tous et casse la baraque, actuellement, le régime a organisé une foire à l’engueulade : tous les jours, tous les candidats critiquent copieusement Ahmadinejad !

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| Mots Clefs | Institutions : Démocratie Islamique |

| Mots Clefs | Mollahs & co : Ahmadinejad |

| Mots Clefs | Mollahs & co : Mir-Hossein Moussavi |