Iran : Un certain regard ! 15.05.2009 La section « un certain regard » du 62eme Festival de Cannes a débuté avec un film iranien tourné clandestinement par Bahman Ghobadi sur la vie des rappeurs de la scène de la musique underground en Iran. On ne pouvait pas mieux choisir pour un certain regard car ce film est une nouvelle œuvre de propagande du régime des mollahs pour donner une certaine image de la jeunesse iranienne, une image qui ne correspond pas à la réalité de la vie en Iran. Le premier souci dans la vie d’un jeune Iranien n’est pas de jouer ou s’amuser mais de survivre : 85% des Iraniens vivent sous le seuil de pauvreté. C’est une réalité reconnue par le régime qui publie les chiffres du seuil de pauvreté : ils sont trois fois plus élevés que les salaires. Mais la gravité de la situation tient au fait que peu de gens ont un travail fixe en Iran. Cela veut dire qu’il y a une large catégorie de ces pauvres qui vit sous le seuil de survie. Et la situation n’est pas près de s’arranger car le régime est en train de supprimer les CDD pour les remplacer par des contrats courts d’une durée inférieure à un mois. Pour sauver les apparences, Téhéran a changé les critères de chômage : il considère comme travailleur quiconque a travaillé 2 jours par semaine au moment des recensements ! Même les saisonniers au chômage technique sont considérés comme des personnes ayant un travail. En combinant tous ces critères et en éliminant les femmes qui n’ont pas le droit de travailler, l’Iran ne peut descendre sous les 20% de chômeurs. Sur la base de chiffres publiés par le régime, on peut affirmer que réellement 80% des jeunes sont au chômage : ils vivent au crochet de leurs parents entre deux contrats courts qui eux-mêmes survivent grâce aux retraites des grands parents. Tous ces gens vivent ensemble dans des logements exigus. C’est la grande déprime : selon des tests réalisés sur les routes pendant les vacances du nouvel an, 70% des Iraniens seraient des toxicomanes avérés. Cette réalité touche encore plus les jeunes, ce qui explique un très haut taux de mortalité parmi les jeunes. 10% des jeunes se tuent chaque année. L’Iran a le taux de suicide juvénile le plus élevé au monde. Cet usage forcené des drogues entraîne aussi la mort à une très vaste échelle au point que cela vient de bouleverser les statistiques : l’âge moyen des morts par infarctus est désormais de 23 ans ! D’autres statistiques sont alarmantes : l’âge moyen des vendeurs d’organes est de 25 ans. Les jeunes Iraniens se mutilent pour survivre ou pour aider la famille. Le taux de criminalité des jeunes est aussi très élevé : la moyenne d’âge des détenus est de 24 ans. 10% des assassins ont moins de 18 ans. C’est une jeunesse impitoyable avec elle-même et avec les autres. Ce n’est pas l’Iran des party où la jeunesse gominée se dandine sur des musiques venues d’ailleurs avant d’aller draguer au volant des décapotables. Ces images d’une jeunesse identique à la jeunesse occidentale est une vision créée par le régime et diffusée sur Youtube pour duper les Occidentaux. C’est la force du régime des mollahs : il ne demande pas à ses lobbyistes (documentaristes, journalistes ou cinéastes) de prétendre que l’Iran est un paradis, mais juste de dire que ce n’est pas l’enfer que l’on dit. A cette fin, il laisse entendre que les films ont été tournés clandestinement, mais les auteurs de ces produits formatés pour duper l’Occident voyagent sans aucune restriction à travers le monde avec un passeport et des visas fournis par le régime. Bahman Ghobadi qui a présenté hier un film dans la section un certain regard est d’ailleurs l’un des artisans les plus actifs du lobbying cinématographique pour le régime. Son film a déjà créé des remous en Iran car il relate la vie de rappeurs très particuliers dont le seul reproche qu’il émet à l’encontre du régime est d’avoir oublié Dieu ! Pas la lapidation et ses variantes ! Pas l’autorisation de marier des fillettes de neuf ans ! Pas la pendaison des mineurs ! Pas la destruction du travail ! Ces soi-disant révoltés, qui se disent en plus les « soldats (de Khomeiny) » -en réf. à un slogan du début de la révolution-, ne veulent pas en finir avec ce régime qui est si loin de la culture iranienne, ils veulent juste un retour aux normes du début de la révolution qui était si bonne, si juste ! Comme par hasard, c’est exactement la ligne politique actuelle défendue par les candidats à la présidence de cette soi-disant république. Le régime est précis. Chaque année, Téhéran nous envoie un film avec le message du moment. Les années précédentes, nous avons écrit à la direction du Festival de Cannes sans recevoir la moindre réponse. L’année dernière, nous avons dénoncé sur ce site le film iranien sélectionné par Cannes. Nous avons aussi écrit beaucoup d’articles sur les films à messages produits en Iran sous cette étiquette fallacieuse de « tournés clandestinement ». Nous avons également publié des articles sur la vraie vie en Iran. Notre site est classé dans les premiers sites sur l’Iran : Cannes n’a pas d’excuse, pas plus que les journalistes français comme Gérard Lefort. Il serait temps qu’enfin ses messieurs arrêtent cette complicité indirecte avec la propagande du régime des mollahs.
| Mots Clefs | Resistance : Lobby Cinématographique des mollahs | | Mots Clefs | Resistance : Lobby pro-mollahs en France et ailleurs |
| Etre Jeune en Iran ou violence contre les mineurs |
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