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Iran-Sanctions : un avertissement peut en cacher un autre !
24.04.2009

Dans la foulée de la déposition d’Hillary Clinton devant la commission des affaires étrangères de la chambre des représentants, deux députés américains ont évoqué un projet de loi qui pourrait sanctionner ceux qui fournissent, servent d’intermédiaires ou livrent de l’essence à l’Iran, ou encore aident Téhéran à construire des raffineries dans le pays. Etant donné que cette sanction serait capable d’abattre le régime, on peut la considérer comme un avertissement aux mollahs, mais dans cette complexe crise avec l’Iran, un avertissement peut en cacher un autre.



L’Iran qui est le second producteur de pétrole au monde n’arrive pas à être autonome pour sa consommation en essence ou en gazole : il les importe depuis une dizaine de pays pour les vendre à 1/10 de leur prix dans les pompes à essence.

En 2006, l’apport de cette importation était de 60% soit 24 milliards de litres d’essence par an. En raison des sanctions bancaires américaines à l’encontre des partenaires commerciaux de l’Iran, le régime des mollahs a connu un arrêt des investissements étrangers qui a provoqué une chute de ses revenus. Il a alors opté pour un programme de rationnement pour réduire la consommation des particuliers et de certaines parties de l’armée. Le régime a réussi à réduire sa dépendance à environ 15 milliards de litres d’essence par an soit 40% de ses besoins.

Cependant, il est impossible de trouver les chiffres exacts de cette importation dans la presse iranienne, car le régime voit dans cette importation un échec de ses slogans sur les réussites de la révolution islamique car en 1977, deux ans avant ce funeste événement, l’Iran produisait pour sa consommation interne 90 millions de litres d’essence soit 130% des besoins actuels ! Les vrais chiffres font état d’un pays qui recule d’où une tricherie et des vantardises qui rendent impossible la quête de vrais chiffres.

A titre d’exemple, le gouvernement d’Ahmadinejad avait fixé l’importation à 8 milliards de litres d’essence par an, mais au cours de l’année, il avait annoncé d’importants dépassements qui ne sont répertoriés nulle part : la presse reste figée sur le chiffre de 8 milliards de litres d’essence par an quant aux douanes, elles font état de seulement 3,062 milliards de litres d’essence achetés au cours de l’année dernière. Les seules informations qui existent sur la provenance de ce produit proviennent de ces chiffres des douanes !

Autre difficulté, les douanes du régime des mollahs ne donnent pas les détails de ce volume, mais uniquement des montants des transactions. Selon cette source tronquée, les champions de ce commerce avec les mollahs seraient des Non Européens ! On trouve en tête de liste les Emirats Arabes Unis avec 2,081 milliards de $ suivis par l’Inde avec 204 millions de $, la Turquie avec 118 M$, le Turkménistan (99 M$), l’Algérie (66 M$) et enfin Taïwan avec 47 M$. Viennent ensuite les pays européens : les Pays-Bas (40 M$), la France (30 M$) et la Croatie (25 M$) !

Même dans la publication de ses chiffres, le régime des mollahs fait de la propagande pour affirmer qu’il ne dépend pas misérablement de l’Europe.

La réalité est différente et figure dans le texte du projet de loi concocté par le républicain Mark Kirk et le démocrate Brad Sherman. Les deux hommes citent les vrais fournisseurs du régime : l’indien Reliance, le français Total et surtout les Britanniques qui sont présents avec BP mais aussi via des compagnies fantômes comme Vitol, Trafigura ou encore Glencore UK Ltd (toutes basées en Suisse). Le projet de loi précise que le groupe Lloyds of London assure la grande majorité des navires transportant l’essence jusqu’à l’Iran et propose de sanctionner ces sociétés en leur refusant toute assistance bancaire.

Dans ce groupe, Reliance a déjà réduit ses livraisons à l’Iran suite à des pressions américaines et Total ne pose pas de problème car les Américains sont présents à son conseil d’administration. Il ne reste que la Grande-Bretagne qui est par le plus grand des hasards farouchement hostile à une entente séparée entre Washington et Téhéran au lieu d’une entente globale via le groupe des Six. En fait, ce projet de loi qui est censé être un avertissement à Téhéran est un avertissement à Londres qui ne cesse d’irriter Washington aussi bien par son opposition à de nouvelles sanctions contre l’Iran que par ses prises de positions favorables au Hezbollah et maintenant au Hamas.

Ce projet de loi irréaliste, mais qui existe, montre le degré de l’importance d’une entente avec l’Iran pour les Etats-Unis. Ce projet de loi est aussi une sorte de vitrine de la crise. Il est un parfait avertissement pour Téhéran qui dépend de l’essence importée et peut chuter en son absence ; il est aussi parfait pour les Etats-Unis qui veulent faire peur aux mollahs sans les faire chuter ; il permet également de rassurer les Américains sur la maîtrise de la situation et envoie un petit avertissement à Londres qui sans avoir été inquiété est néanmoins très éclaboussé.

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article complémentaire sur les sanctions :
- Iran : Les seules sanctions efficaces contre les mollahs
- (29 JUIN 2007)

article complémentaire sur les Britanniques | 1 :
- « L’Iran et l’Occident » : Les contrevérités de la BBC
- (17 FÉVRIER 2009)

article complémentaire sur les Britanniques | 2 :
- Iran : La crise nucléaire occulte des enjeux pétroliers historiques
- (8 FÉVRIER 2008)

| Mots Clefs | Décideurs : OBAMA |
| Mots Clefs | Enjeux : Sanctions unilatérales (en cours d’application ou à venir) |

| Mots Clefs | Pays : Grande-Bretagne |