Avant son élection et immédiatement après, Obama a proposé aux mollahs un dialogue sans condition préalable de suspension de l’enrichissement. Il a placé cette offre dans le cadre d’une évolution new age de la diplomatie américaine, mais les mollahs savaient que cette évolution peace and love était le fruit d’une nécessité géopolitique : accéder via l’Iran à l’Asie Centrale, région clef pour l’avenir des Etats-Unis. Ils ont alors espéré monnayer ce passage en échange d’un rôle régional au Moyen-Orient, ce qui aurait été synonyme d’une levée des sanctions à leur encontre au motif du soutien aux mouvements terroristes, le Hamas et le Hezbollah.

Mais, quand Obama a évoqué un dialogue sans condition préalable, il avait uniquement renoncé à l’exigence de suspension d’enrichissement sans pour autant geler les sanctions américaines qui pénalisent lourdement l’Iran. Le fait d’accepter le dialogue et le compromis dans ces conditions aurait été synonyme pour Téhéran d’être vaincu par les sanctions américaines. En acceptant de faire ce premier pas, Téhéran aurait également justifié les sanctions qui courent à son encontre aussi bien sur le nucléaire que sur son soutien au Hamas et au Hezbollah. En justifiant ces sanctions, Téhéran aurait de facto donné raison aux Américains qui ont classé le Hamas et le Hezbollah parmi les mouvements terroristes. Accepter la main tendue par Obama revenait à une capitulation sur toute la ligne. Téhéran a alors compris pourquoi Washington se montrait si indulgent face à ses excès et ne cessait de renouveler son offre de dialogue en toute circonstance !

C’est pourquoi Téhéran a refusé et refuse encore en variant les thèmes de refus et pourquoi Washington esquive les provocations iraniennes en continuant à renouveler son offre de dialogue.

Sous Bush, le bras de fer entre les deux se concrétisait par des sanctions, des opérations militaires et des attentats, à présent, il y a un second bras de fer qui cette fois se concrétise par des mots, des démentis et des esquives.

Il y a une semaine, Téhéran avait fait état de progrès nucléaires fulgurants : Washington a nié purement et simplement les faits. Hier, Téhéran a évoqué une poursuite de ses programmes nucléaires et surtout balistiques actuellement sanctionnés par Washington en espérant enfin vaincre la grande esquive de Washington. Mais au lieu de réagir sur ce discours d’Ahmadinejad, Washington a réagi sur un article du New York Times à propos de l’abandon de la clause d’enrichissement en prétendant qu’il n’avait jamais envisagé un dialogue sans condition préalable avec Téhéran, mais qu’il pourrait faire ce geste pour satisfaire les demandes de concessions concrètes des mollahs !

C’est l’esquive par excellence : Washington occupe l’espace médiatique, mais en poussant le vice jusqu’à ignorer superbement les propos d’Ahmadinejad pour ne pas être contraint de sanctionner les mollahs.

Derrière cette approche délibérément évasive se trouve la nécessité d’un pacte avec les mollahs pour accéder à l’Asie Centrale, mais aussi pour contrôler le principal agitateur islamique de la région. Mais Washington ne se limite plus à éviter toute référence aux sanctions, on vient d’apprendre dans les médias iraniens qu’il a proposé de faire investir deux grandes compagnies américaines d’automobiles dans SAIPA, la compagnie automobile de Rafsandjani, pour donner au patron du régime un avant-goût de leur merveilleux pacte.

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Conclusion | Washington propose en sous-mains des cadeaux et retient ses sanctions, à grand renfort de rhétorique. C’est à la fois brillant et absurde car cela ne change rien sur le fond du problème (Asie Centrale/Hezbollah) et surtout engage Téhéran sur un terrain rhétorique où il est le plus fort.

En réponse à ces véritables encouragements, Téhéran est reparti à l’offensive sur le terrain choisi par son adversaire : Il a fait état d’un paquet de nouvelles propositions iraniennes « pour le règlement du problème nucléaire iranien et des grands conflits du monde », un paquet conçu par Ahmadinejad dont on aura sans doute un avant-goût pendant son intervention explosive à la conférence « Durban 2 » !

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| Mots Clefs | Institutions : Diplomatie (selon les mollahs) |
| Mots Clefs | Institutions : Provocations |
| Mots Clefs | Nucléaire : Crise & Escalade |