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Iran : Un droit à l’enrichissement et à la provocation !
15.04.2009

« L’Iran poursuivra son programme nucléaire et son programme balistique », telle a été la réponse d’Ahmadinejad à la vague d’optimisme née après l’annonce de son consentement à participer à des discussions sans conditions préalables avec les Six. Cette réponse n’est pas le fruit des délires d’un seul homme, mais l’expression d’une tactique de marchandages.



Dès son élection, Barack Obama a proposé des négociations sans condition préalable (de suspension d’enrichissement) aux mollahs pour mettre fin à la crise et aux sanctions américaines qui pénalisent lourdement l’Iran et le régime des mollahs. Ces derniers ont refusé car cela supposait qu’ils fassent le premier pas en direction des Etats-Unis, c’est-à-dire qu’ils arrivent à la table des négociations en tant que quémandeurs d’une faveur.

Les mollahs estiment être en droit d’exiger le contraire : c’est-à-dire de forcer les Américains à faire les premiers pas en leur direction notamment en supprimant les sanctions. Chacun veut faire capituler l’autre. Au centre de ce bras de fer se trouve la nécessité pour les Etats-Unis de connecter leurs pipelines à l’Asie Centrale, une connexion géopolitique uniquement possible via l’Iran que les mollahs entendent marchander contre une reconnaissance de leur « rôle régional », c’est-à-dire un droit d’ingérence dans le conflit israélo-palestinien via leurs milices armées, le Hezbollah et le Hamas. Cette ingérence qui menace la sécurité d’Israël est l’assurance-vie du régime des mollahs.

Pour obtenir gain de cause, Téhéran a une stratégie et une tactique. La stratégie est de priver les Etats-Unis de cette connexion vitale pour leur avenir afin de les forcer à faire le premier pas : pour cela il lui faut refuser de faire le moindre compromis. Concrètement, cela revient à fuir tout dialogue apaisé avec Washington, mais aussi à amplifier la crise afin que par peur d’une nouvelle guerre ou d’une crise pétrolière, tout le monde pousse les Américains à se montrer plus attentifs aux demandes iraniennes (à propos du Hezbollah).

Pour mettre fin à cette tactique (fuite+amplification de la crise), Washington a imaginé d’impliquer Téhéran dans une coopération pour l’Afghanistan et lui a proposé de participer à une conférence sur ce thème à La Haye. Téhéran a refusé. Pour l’attirer dans son piège, Washington a demandé à ses alliés régionaux de le flatter en saluant la justesse de son action régionale. Téhéran a envoyé un émissaire à la conférence pour parler comme un acteur régional respecté par ses voisins pour critiquer la présence américaine en Afghanistan… Washington n’a pas bronché et a continué sa politique : sanctions + offres de négociations sans condition préalable, toujours pour forcer Téhéran à mettre un genou à terre.

Le mois d’efforts autour de cette conférence a clairement montré que la crise avec l’Iran était en train de se transformer à une confrontation compacte entre Téhéran et Washington, une confrontation dont étaient exclus les autres pays engagés dans le dialogue avec Téhéran, principalement pour promouvoir une entente multilatérale qui garantirait leurs intérêts dans ce pays.

A la veille de nouvelles d’annonces nucléaires anxiogènes prévues par Téhéran sur un fond de discours anti-américains, les Six ont enfin réagi en proposant à leur tour un dialogue sans condition préalable à Téhéran. En fait, la Russie, la Chine, l’Allemagne, la France et la Grande-Bretagne ont ainsi mis leur pendule à l’heure américaine afin de ne pas se retrouver distanciées. Téhéran n’a accordé aucune attention à cette invitation. Il a continué sa tactique d’amplification de la crise. A nouveau, Washington n’a pas bronché et a continué de proposer son offre de négociations sans condition préalable (sans suspension de l’enrichissement).

Affolée par cette volonté américaine d’arriver coûte que coûte à une entente avec Téhéran et afin de la contrer, la France est intervenue pour insister sur la nécessité d’un rôle central pour le Conseil de Sécurité, l’AIEA, organe pro-britannique hostile aux Etats-Unis, et aussi sur la nécessité d’un dialogue fondé sur la condition inamovible d’une suspension de l’enrichissement par Téhéran.

Washington n’a même pas eu à broncher, c’est la république islamique d’Iran qui a fait savoir qu’elle « ne prendrait part à aucune discussion avec la condition de suspension ».

Le retrait de la suspension est perçu par Téhéran comme une victoire politique sur les Etats-Unis, comme un pas en arrière. Il est aussi vu comme une reconnaissance implicite de son droit à l’enrichissement qui est le fond de la crise qui lui vaut des sanctions américaines. Téhéran a aussi besoin de cette dérogation pour maintenir son programme anxiogène, outil idéal et à moindre frais pour amplifier la crise.

C’est pourquoi, dans la foulée de ce premier cri du coeur contre le retour de la condition inamovible d’une suspension de l’enrichissement, Téhéran a fait savoir qu’il accepterait le dialogue sans condition préalable des Six, une rencontre qu’il compte transformer en sacre de son droit à l’enrichissement.

En réponse, Washington a salué cette décision et fait état de sa participation au dialogue, restant ainsi figé sur son offre de dialogue direct et sans condition, offre qui fait peur aux mollahs car elle assimile leur participation au dialogue à un premier pas en direction de Washington. Contrarié Téhéran a décidé de faire une action anti-américaine pour faire capoter la rencontre : il a commencé le procès de Roxana Saberi la journaliste américaine d’origine iranienne retenue en Iran pour provoquer une crise avec Washington et retarder tout dialogue (toujours la même tactique de fuite et d’amplification de la crise).

Washington a négocié le virage en rappelant son attachement à un dialogue sans aucune condition via un article dans le New York Times où il est question d’une adhésion tardive des Etats-Unis à un dialogue sans condition préalable avec Téhéran alors que cette idée est née aux Etats-Unis ! Réponse des mollahs à cette feinte : « L’Iran poursuivra son programme nucléaire et son programme balistique ! »

Puisqu’en renonçant à la suspension, Washington continue à espérer attirer les mollahs à la table des négociations pour saluer leur volonté de compromis, Téhéran a contre-attaqué sur le thème balistique qui est drôlement d’actualité avec le système de bouclier anti-missile ABM !

Le fanfaron en chef du régime des mollahs, Mahmoud Ahmadinejad est allé loin dans la provoc balistique : il a annoncé des missiles 100% iraniens en étude qui auront une portée de 700 voir de 1500 Km ! Cela concerne Israël et les bases américaines en Irak, au Bahreïn, ou en Turquie. Etant sûr que ces propos devraient faire mouche, Téhéran a néanmoins rappelé sa volonté de participer aux discussions avec les Six qui ont reconnu son droit à l’enrichissement, droit que Téhéran entend utiliser en continuant son programme à sa guise.

Comme nous l’annoncions hier, Téhéran utilise ce projet de dialogue pour démarrer un nouveau bras de fer. Ce nouveau mano a mano suivra le même schéma qui consiste à provoquer les Etats-Unis par tous les moyens : amplifier la crise afin que par peur d’une nouvelle guerre ou d’une crise pétrolière, tout le monde pousse les Américains à se montrer plus attentifs aux demandes iraniennes (à propos du Hezbollah).

Que répondra Washington ? S’il ne bronche pas, Téhéran passera à la vitesse supérieure. S’il cède aussi.

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