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Iran : Le modéré Moussavi ressemble beaucoup à Ahmadinejad 07.04.2009 Hier, Mir Hossein Moussavi, l’un des deux candidats déjà annoncés pour les élections présidentielles du 12 juin 2009, a organisé une conférence de presse pour présenter les grandes lignes de son programme. Ce programme est à peu de chose près identique au programme d’Ahmadinejad.
© WWW.IRAN-RESIST.ORG
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Téhéran a supprimé les allusions directes, mais le discours est le même. Ce n’est pas tout à fait les propos d’un homme qui chercherait à modifier l’image « extrémiste » du régime des mollahs. Mais si l’AFP a insisté sur ce point, c’est pour faire passer le reste qui est de la même facture : refus de suspension des activités nucléaires, refus de l’offre européenne, refus d’un dialogue avec Obama et qualification des Américains de « bestiaux » ! © WWW.IRAN-RESIST.ORG
Cependant cette déclaration de guerre avait entraîné Téhéran dans des débats indirects via médias interposés avec les Américains, débats qui ont fait oublier le slogan initial. Comme dans la cas du discours anti-juifs, il y a eu une « amélioration » formelle, puisque l’on a ajouté une référence nationaliste. Il est certain que les autres candidats reprendront ce thème nationaliste qui permettra au régime de faire du nucléaire un thème central des présidentielles afin de transformer les élections pour un nouveau président en un référendum national pour le nucléaire. © WWW.IRAN-RESIST.ORG
Pour illustrer ce discours plus clair, Moussavi a critiqué ce que le régime n’avait pas aimé dans les dernières attitudes des Etats-Unis : les « accusations de terrorisme, les accusations (balistiques) de Prague » et « l’usage des menaces dans les offres de dialogue (comme dans les vœux de nouvel an iranien d’Obama) ». Il a aussi parlé de ce que le régime avait apprécié : le « retrait de l’axe du mal, et l’offre de coopération sur l’Afghanistan » (qui reconnaissait un rôle régional à l’Iran). D’ailleurs pour conclure, Moussavi a dit que : « les accusations persistent, nous n’aurons aucun tabou à refuser des négociations qui vont à l’encontre de nos intérêts ». © WWW.IRAN-RESIST.ORG
Par ailleurs, elles sont un motif plausible pour qu’Ahmadinejad ne soit pas réélu, or le régime n’est pas sûr s’il est préférable pour lui de garder ou pas Ahmadinejad face à Obama. Et enfin, en occultant les méfaits des sanctions, depuis plusieurs mois, le régime a commencé à rendre responsables de la situation les subventions et autres aides économiques en nature, prétexte à les supprimer dans le cadre d’un projet de libéralisation des prix. Cette occultation des méfaits des sanctions en dit long sur ce candidat qui d’ailleurs, tout au long de ce passage sur les relations avec les Etats-Unis, n’a jamais eu le réflexe de critiquer le gouvernement sortant comme le ferait un candidat présidentiel dans une vraie démocratie ! Ce bon élément du régime qui joue son rôle a fini le chapitre Obama en rappelant que Khomeiny, le fondateur du régime, avait dit qu’il « renouerait les liens avec les Américains s’ils cessaient de se comporter en bestiaux » ! Il a alors précisé qu’il appliquerait pour sa part cette réflexion à Obama et si ce dernier commençait à se comporter raisonnablement, il y aurait un contact ! L’AFP-Iran a eu bien raison d’occulter ses propos si proches du modèle Ahmadinejad, mais ce n’est pas tout : le candidat modéré a également fait part de sa fierté nationale que l’Iran ne soit pas membre de l’OMC ! Or, l’adhésion à l’OMC est le principal argument proposé par l’Europe pour convaincre les mollahs d’abandonner le nucléaire pour devenir un membre respectable de la communauté internationale. © WWW.IRAN-RESIST.ORG
Le régime ne peut pas ouvrir ce système, même s’il est une source d’inconfort pour les investisseurs étrangers. Depuis plusieurs années, le chef occulte du régime qui est aussi le plus gros patron d’industries, Rafsandjani a eu l’idée de légaliser cette mainmise par un projet de privatisation des secteurs nationalisés : on a ainsi commencé à officialiser les confiscations via des ventes boursières bidons. Ce projet permettra également aux gros bonnets du régime de mettre la main sur les secteurs traditionnellement contrôlés par le Bazar ou encore les petites entreprises agricoles. Le bon candidat Moussavi qui au nom de sa fierté nationale est hostile à l’OMC a évidemment aussi affirmé son attachement à ce projet de privatisation qui, selon lui, réduira le chômage et l’inflation tout en préservant la force de la monnaie nationale. En cela comme pour le reste, il suit le programme déjà mené sous Ahmadinejad. © WWW.IRAN-RESIST.ORG
C’était le slogan phare d’Ahmadinejad, l’homme qui voulait balayer les corrompus. Le slogan visait Rafsandjani que les Iraniens détestent et les journalistes lobbyistes du régime expliquaient la victoire d’Ahmadinejad par l’usage de ce slogan contre Rafsandjani. C’est d’ailleurs une des habitudes de ce dernier de lancer la carrière des faux opposants en les laissant l’insulter. Mais une fois élu, Ahmadinejad a oublié sa promesse : de ce fait, ce slogan est grillé. Dans une vraie démocratie, un candidat normal se serait fait un plaisir de brocarder le président sortant sur son échec dans un programme aussi essentiel que la lutte contre la corruption. Pas en Iran ! Le candidat Moussavi (le régime) a invité tout le monde à oublier de tels slogans un peu fantaisistes ! Merci Moussavi ! Une page est tournée. On efface les petites erreurs (méfaits des sanctions et des promesses non tenues) et l’on continue sans anicroche les mêmes politiques dans les domaines nucléaire, américain, israélo-palestinien, ou encore économique. Est-ce l’annonce d’une reconduction d’Ahmadinejad ou l’arrivée de son ersatz plus politiquement correct ? En tous les cas, le discours est savamment concocté pour permettre les deux scénarii...
| Mots Clefs | Mollahs & co : Mir-Hossein Moussavi |
| Mots Clefs | Institutions : Politique Economique des mollahs |
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