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Iran : La très mauvaise surprise de Bouchehr
02.03.2009

Au lendemain de la livraison de la centrale de Bouchehr par la Russie et alors que cette dernière a parlé d’un contrat décennal d’approvisionnement en combustible, Rafsandjani, le patron du régime des mollahs, a déclaré que l’Iran était en mesure de lancer seul la centrale nucléaire de Bouchehr si la Russie s’y refusait. Décodages d’un discours fondamental.



Comme nous l’avons dit à plusieurs reprises, la Russie utilise Bouchehr pour faire pression sur les mollahs. Elle sait que Téhéran veut utiliser cette centrale comme un alibi pour le maintien de son programme d’enrichissement nucléaire, un programme qui est lui-même un autre maillon dans la stratégie de Téhéran. Ce programme anxiogène et condamné par la communauté internationale est le moyen pour le régime de continuer son bras de fer avec Washington pour pousser au conflit et décrocher une capitulation américaine notamment sur le Hezbollah. En fait, dès le début, Téhéran avait surtout besoin de Bouchehr, comme un maillon ou un atout de sa stratégie d’amplification de crise. A présent, pour préserver cet atout et surtout l’utiliser comme il l’entend, c’est-à-dire de manière très opaque et anxiogène notamment au sujet du futur combustible irradié, il doit éliminer les Russes et leur contrat de transparence de son équation. Téhéran cherche un prétexte pour rompre le cordon ombilical.

En l’annonçant, il relance également à peu de frais sa stratégie d’amplification de la crise, une stratégie entièrement fondée sur l’opacité et le bluff et non sur des capacités techniques.

Cette déclaration presque officielle faite par Rafsandjani, le patron du régime, contient également un avertissement. Téhéran a besoin des Russes pour le protéger au sein du Conseil de Sécurité, mais Téhéran sait que les Russes ont bien plus besoin de l’Iran que l’inverse. Il les avertit longtemps à l’avance afin qu’ils pèsent le pour et le contre avant de riposter négativement à une rupture de leur contrat sur Bouchehr, afin qu’ils ne rejoignent pas le camp des partisans de sanctions sur l’Iran.

Le régime doit sans cesse jouer avec les lignes pour s’en sortir et en les frôlant, il fragilise ses liens avec ses alliés plus anciens, d’abord les Britanniques, et à présent les Russes. C’est le comportement d’un régime qui se sait condamné. Ce sera la terrible surprise de Bouchehr, le feu consumera le pyromane.


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