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Iran-Bahreïn : Slogans maladroits et excuses intéressées
25.02.2009

Après le tollé disproportionné provoqué par des déclarations inconsidérées d’un ancien président du Parlement Islamique à propos de Bahreïn (maxi allié « hors-OTAN » des États-Unis, siège de la Ve flotte américaine), Téhéran recule et présente ses excuses par peur que cela ne remette en cause un contrat gazier entre les deux pays.



Il y a une quinzaine de jours, pendant les fêtes de la commémoration de la révolution islamique, Nategh Nouri, un ancien président du Parlement mais aussi candidat malheureux face à Khatami en 1997, en évoquant les liens entre l’Iran et le Bahreïn avait précisé que ce pays avait été, à plusieurs reprises dans le passé, sous une influence iranienne. Nouri avait précisé qu’avant la révolution, le Bahreïn avait été la 14e province de l’Iran et avait même un député au Parlement Iranien. Ce n’est pas tout à fait la vérité.

En fait, ce territoire faisait partie de l’Iran avant l’invasion arabe et par la suite sous les Séfévides jusqu’en 1783. Après cette date, le Bahreïn comme d’autres îles iraniennes du Golfe Persique ont été occupées par les Britanniques. Depuis, les Qadjars puis les Pahalvis ont sans cesse revendiqué ces territoires. En 1968, suite à un accord avec la Grande-Bretagne, l’Iran a recouvré ses droits sur certaines de ces îles qui se trouvent à l’entrée du détroit d’Hormuz, mais pas sur le Bahreïn. Les Britanniques entendaient créer une version plus large des Emirats Arabes Unis avec tous leurs anciens protectorats dont le Bahreïn qui faisait encore partie de l’Iran. Hostile à une présence dissimulée des Britanniques dans cette région stratégique, le Chah a décidé de riposter.

En 1969, le Chah a proposé la tenue d’un référendum afin que les Bahreïnis se prononcent sur leur avenir : faire partie de l’Iran ou devenir indépendants. Le projet a enthousiasmé les Bahreïnis et flatté leur identité arabe. Silence de Londres ! Le Chah a réitéré cette proposition en 1970 en proposant que le référendum soit supervisé par l’ONU. Le 9 mars 1970, l’ONU a adopté cette proposition et 10 jours plus tard, les Britanniques ont dû accepter ce référendum qui allait à l’encontre de leur projet. En avril, une délégation onusienne s’est rendue à Bahreïn pour recueillir les avis des représentants des tribus. En se basant sur les résultats de cette enquête, le 30 avril, le Conseil de Sécurité a adopté une résolution en faveur de la séparation du Bahreïn et de l’Iran. Immédiatement, le Parlement iranien a adopté un projet de loi reconnaissant cette décision. Le roi du Bahreïn a rendu visite au Chah d’Iran en décembre 1970 pour signer les protocoles sur les frontières et la coopération dans l’exploitation pétrolière, protocoles qui ont été finalisés en juin 71 à Manama entre les ministres des affaires étrangères de deux pays. Le 14 août, le Bahreïn a proclamé son indépendance et une heure plus tard, l’Iran reconnaissait son existence. C’est ainsi que le Chah a réussi à contenir les projets britanniques dans le Golfe Persique et faire de l’Iran la puissance montante dans cette région stratégique, le gendarme du Golfe Persique.

Cet accord ambitieux qui nous a en plus évité un conflit avec l’ensemble des Etats arabes a pourtant été contesté par une petite formation politique iranienne de tendance Mossadeghiste qui a par la suite participé à la révolution islamique comme d’autres partisans de Mossadegh. Cette contestation revient régulièrement à la surface dans les slogans de ce parti et du régime, surtout pour remettre en cause le patriotisme du Chah dont la popularité est en hausse depuis des années.

La récente déclaration de Nouri a donc été une nouvelle tentative de nuire au Chah pour justifier la révolution islamique. Les propos de Nouri étaient uniquement destinés à un usage national et idéologique, mais ils ont été finement exploités par les adversaires américains du régime qui les ont largement diffusés dans les médias internationaux pour provoquer une crise avec les Arabes. Téhéran a frôlé la rupture du seul contrat gazier qu’il avait signé ces derniers temps.

Après avoir ignoré cette crise sans contenu, Téhéran s’est répandu en plates excuses d’abord via son ambassadeur à Manama, puis via l’auteur des propos. Il a enfin dépêché son ministre de l’intérieur, le milicien Mahsouli, à Manama pour une visite d’un jour, officiellement pour assister à une réunion de sécurité pour le Golfe Persique. Sur place, l’envoyé de Téhéran a écouté sagement les critiques des représentants du Conseil de Coopération du Golfe, mais il a rencontré en privé le roi Hamad Ben Issa Al-Khalifa pour lui remettre un message d’amitié d’Ahmadinejad et une invitation officielle pour visiter l’Iran. Le message affirmait également que la république islamique d’Iran ne permettrait à personne de ternir les relations entre les deux pays. Le roi de Bahreïn, Hamad Ben Issa Al-Khalifa a été sensible à ce geste et il a fait part de son attachement à leurs bonnes relations.

En conclusion, Mahsouli a déclaré que cette crise qui n’en était pas une à proprement parler était finie. Sil est vrai que cette crise manquait de contenu, il n’en reste pas moins vrai que Téhéran a présenté des excuses, ce qui n’est pas dans ses habitudes ! Les caisses doivent être bien vides !

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