Iran : L’AIEA défend l’intégrité des mollahs - Décodages 23.02.2009 Le dernier rapport de l’AIEA a mis le souk dans la crise nucléaire iranienne en évoquant l’existence à Natanz de 1.010 kilos d’uranium faiblement enrichi, soit de quoi produire 25 kilos d’uranium hautement enrichi, assez pour fabriquer une bombe. Alors que l’AIEA recommandait la levée des sanctions pour faciliter une entente entre l’Iran et les Six (le conseil de Sécurité) ; les Américains ont profité de l’occasion pour réclamer plus de sanctions. Il en résulte une marche arrière de l’AIEA et un certain désordre. Les coulisses de la crise (en détails). En Juin 2002, les Américains ont alerté l’AIEA sur l’existence des activités nucléaires clandestines en Iran. Dès lors, ils ont activement milité pour transférer le dossier au Conseil de Sécurité pour faire adopter des sanctions contre les mollahs. Parallèlement, ils évoquaient avec tellement de conviction la possibilité d’une intervention en Iran que tout le monde a plébiscité la prise en charge du dossier nucléaire iranien par le Conseil de Sécurité. En fait, Washington cherchait à donner une assise de légitimité à ses propres sanctions économiques contre l’Iran. Grâce à ces sanctions, Washington espérait affaiblir Téhéran afin de le forcer à accepter une entente irano-américaine qui permettrait aux Etats-Unis de contrôler toutes les routes de pétrole du Golfe Persique à l’Asie Centrale, régions clefs pour la croissance de ses adversaires : la Chine et la Russie. Cependant, le but était uniquement d’affaiblir le régime et non de l’anéantir, quand les Etats-Unis ont estimé avoir réussi à mettre en place leurs batteries de sanctions contre les mollahs, ils ont publié en novembre 2007 un rapport, le NIE 2007, qui affirmait que l’Iran avait arrêté en 2003 toutes ses activités nucléaires militaires, rapport totalement en contradiction avec leurs précédentes allégations datant justement des années 2003-2004. Ainsi après avoir pris en main la gestion des pressions sur l’Iran, les Américains ont pris le contrôle du planning de leur guerre d’usure contre les mollahs. Il est important de préciser qu’actuellement, les compagnies britanniques contrôlent la majeure partie des marchés pétroliers au monde : une entente irano-américaine mettrait en péril cette suprématie vieille de 100 ans. Etant les victimes collatérales potentielles de la stratégie asiatique des Américains, les Britanniques ont décidé de contrecarrer ce projet. Le 25 février 2008, suite à une réunion privée avec le n°2 de l’AIEA à Vienne, Simon Smith, le représentant britannique à l’AIEA, a alerté les médias sur l’existence de preuves qui contredisaient le rapport américain de novembre 2007. Depuis, ces documents (jadis évoqués puis classés par Washington [1]) sont devenus la base des rapports de l’AIEA pour contrer la mainmise américaine sur le dossier nucléaire iranien, une contre-attaque qui profite aux adversaires d’une entente irano-américaine. L’AIEA a régulièrement évoqué les études nucléaires militaires afin d’avoir des moyens de pressions supérieurs aux Américains. Pour reprendre le monopole de l’intimidation, récemment les Américains ont décidé d’introduire des éléments nouveaux dans leur rapport de 2007 : ils ont affirmé que Téhéran avait produit 80% d’uranium faiblement enrichi et qu’il travaillait avec acharnement pour atteindre le seuil de 1010 kilos pour fabriquer une bombe. © WWW.IRAN-RESIST.ORG
En réponse, Washington a ignoré les recommandations finales de Mohammed El Baradai pour ne retenir que le manque de transparence et le potentiel nucléaire évoqué par El Baradai afin de demander un traitement d’urgence via les Six, soit une nouvelle résolution du Conseil de Sécurité… Dans un premier temps, les Chinois qui ne veulent plus légitimer les sanctions américaines par des résolutions du Conseil de sécurité, ont diffusé dardar une dépêche où l’on insistait sur l’absence d’uranium hautement enrichi, mais d’autres acteurs de la crise (les Russes, les Français [2] ou les Britanniques) n’ont pas suivi les Chinois sur cette voie incompatible avec les précédentes résolutions qu’ils avaient adoptées. Vent de panique ! Melissa Fleming, porte-parole de l’AIEA, est intervenue pour contrer la tentative américaine ! Elle a affirmé que l’AIEA n’avait « aucune raison de croire que les précédentes estimations d’uranium faiblement enrichi produit dans les installations de Natanz (630 kilos au lieu de 1010 kilos) relevaient d’une erreur intentionnelle de l’Iran ». Selon l’AIEA, « ces erreurs sont inhérentes aux premières phases de mise en service d’une telle installation alors que l’on ne savait pas à l’avance quel serait en pratique son rendement ». En d’autres termes, le régime des mollahs (connu pour ses mensonges dans ce dossier) n’aurait pas menti et ne mériterait pas une nouvelle résolution ! © WWW.IRAN-RESIST.ORG
| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : USA |
| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : Chine | | Mots Clefs | Nucléaire : Politique Nucléaire des mollahs |
[1] Documents discovered on an Iranian laptop obtained by the CIA in 2004 “appear to show blueprints for a nuclear warhead and designs for missiles to carry it. [2] France | Dans un premier temps, silencieuse par prudence, la France a rompu le silence (après Fleming), pour une déclaration encore plus neutre qui insiste sur la nécessité pour l’Iran d’être plus coopératif et d’avoir un programme nucléaire plus transparent, une position pro-américaine qui ne rentre pas en conflit avec l’AIEA. |