Iran : Le Renseignement américain laisse le choix aux mollahs 14.02.2009 Selon l’amiral à la retraite Dennis Blair, le nouveau directeur national du Renseignement américain, l’Iran n’a pas relancé son programme nucléaire militaire arrêté en 2003, mais selon son avis personnel, le régime des mollahs garderait « cette option sur la table ». Cet avis personnel exprimé devant le Sénat tombe au lendemain d’un autre avis, le rapport concocté par l’ISIS sur les capacités de production de l’uranium enrichi pour fabriquer au moins une bombe. En novembre 2007 (un an avant l’élection présidentielle américaine), le Renseignement américain a surpris le monde médiatique (et ses alliés) en annonçant que le programme nucléaire iranien n’avait plus de volet militaire depuis 2003 (rapport NIE 2007). Depuis cette date, la direction de ce service a maintenu cette conclusion, allant jusqu’à contredire les trois derniers rapports de l’AIEA, qui, pour leur part, insistaient sur l’existence d’un volet militaire après 2003. Cependant, ce n’est pas la première fois qu’il y a des déclarations dissonantes émanant de la direction du Renseignement américain dans ce domaine. John McConnell, le prédécesseur de Blair à la direction nationale du renseignement, avait émis le même jugement il y a un an toujours devant le Sénat américain. Si le service a régulièrement renouvelé sa confiance au rapport publié en novembre 2007, on a souvent entendu des avis négatifs sur le sujet à chaque fois que Téhéran a refusé la main tendue par Washington pour un dialogue direct. Ainsi en mars 2008, on a entendu Michael Hayden, le directeur de la CIA, se dire « à titre personnel » convaincu que Téhéran poursuivait des activités nucléaires militaires. Cet avis personnel exprimé dans un cadre non officiel (NBC) était une réponse à un refus ponctuel des mollahs d’accepter des négociations directes à Bagdad, idem, les propos de McConnell. Par la suite, Washington avait oublié ces avis pour renouveler encore sa confiance au rapport de novembre 2007. Les Américains ont également fait preuve du même genre de laxisme à propos de l’aide apportée par les mollahs aux diverses milices islamistes en Irak. En d’autres termes, cela reste de l’intimidation sans suite. Cependant, cette fois, il y a une nouveauté : les propos dissonants prononcés en marge d’un rapport officiel et dans un cadre très officiel, ont été un peu plus explicites. Pour la première fois depuis longtemps, il y a un petit changement dans le discours de base, changement dû au refus obstiné des mollahs de saisir la main tendue par Obama. Selon Blair, « l’Iran met au point toutes les composantes d’un programme d’arme nucléaire, et pourrait relancer son programme à tout moment : s’il le faisait, il disposerait d’une bombe atomique avant la fin de l’année 2009 ». Les propos sont catégoriques, bien qu’illogiques car le délai ne peut pas être le même, quelle que soit la date du lancement du programme nucléaire. Cela ressemble surtout à un avertissement. Blair a évoqué une accession à un seuil nucléaire tout en restant sur les conclusions du rapport NIE 2007. Autre nouveauté, il a précisé que cela n’était pas une fatalité, si l’Amérique s’orientait vers l’octroi de certaines incitations et des garanties de sécurité à l’Iran. En fait les Américains annoncent la couleur en suggérant qu’ils pourraient revoir les conclusions du rapport NIE 2007. Cependant, puisqu’ils avaient fait le coup en février 2008 sans aller plus loin, pour donner plus de force à ces propos, ils ont préparé le terrain en diffusant hier une étude conçue par l’ISIS sur les capacités nucléaires iraniennes. Comme les propos de Blair, le rapport peut aussi bien évoquer une certaine capacité nucléaire qu’une panne de cette capacité. Pour parvenir à insinuer cela, l’étude a revu à la hausse le stock iranien d’UFE (700 à 800 Kg au lieu de 630 selon l’AIEA) et revu à la baisse les quantités nécessaires d’UFE pour fabriquer une bombe (1030 à 1180 au lieu de 1700 Kg selon d’autres organismes moins politisés). Ainsi, selon ce rapport plus vicieux que nous ne l’avions imaginé, Téhéran aurait déjà parcouru 40 ou 80% de la distance pour atteindre le seuil nucléaire ! Désormais tout dépend des mollahs, s’ils se montrent moins obtus en acceptant les incitations et les garanties américaines sans chercher à en négocier les termes, Washington enterrera les doutes de son nouveau directeur du Renseignement pour annoncer que selon le rapport à géométrie variable de l’ISIS, l’Iran n’a pas atteint le seuil nucléaire. Sinon Washington cherchera à insinuer de nouveaux progrès vers le seuil nucléaire, tout en évitant d’aller trop loin, toujours en se basant sur la souplesse des analyses de l’ISIS. Inversement, Washington peut également empêcher Téhéran d’amplifier la crise en insinuant une panne de sa capacité nucléaire tout en disposant de moyens médiatiques pour relancer la crise aux moments de l’adoption de nouvelles résolutions contre l’Iran. © WWW.IRAN-RESIST.ORG
Cet exercice de désinformation n’est pas uniquement réservé aux Etats engagés dans ce bras de fer, ces derniers font appel à de nombreux « experts » qui depuis 2005 annoncent une bombe dans un an ou deux.
| Mots Clefs | Nucléaire 2 : Expertises politiques, militaires ou nucléaires | | Mots Clefs | Décideurs : OBAMA |
| Mots Clefs | Nucléaire Militaire : La Bombe nucléaire Islamique | |