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Droit de réponse à Bruno Tertrais
13.02.2009

Votre article intitulé « Iran : Bruno Tertrais, idole éphémère des mollahs de Téhéran » m’a été communiqué. Mis en cause dans cet article, je souhaite faire usage de mon droit de réponse.



1) L’article contient deux erreurs factuelles me concernant :

a) Je ne « travaille » pas pour l’International Institute for Strategic Studies. J’en suis membre, comme plusieurs milliers de personnes de tous horizons et de toutes nationalités. (Au demeurant, si celui-ci est juridiquement britannique, il n’en est pas moins international de par son nom, la nationalité de son personnel, sa vocation, l’existence de ses antennes à Washington et Singapour, et enfin le fait que ses 2.500 membres individuels et 500 membres institutionnels proviennent de plus de 100 pays différents.)

b) Je n’ai jamais « prédit » une guerre américaine contre l’Iran. J’ai écrit en octobre 2007 (« Iran, la prochaine guerre », éditions du Cherche-midi) que la crise nucléaire iranienne nous entraînait dans une logique de guerre (voir p. 126). Plus précisément, j’écrivais (voir pp. 17-18 et p. 130) que faute de désamorcer la crise,
l’un des deux scénarios suivants avait toutes les chances de se réaliser d’ici un an, ou deux ans au plus : une action militaire américaine, ou un bouleversement des règles de la géopolitique mondiale. Les deux scénarios présentés en annexe - l’un décrivait une action militaire préventive américaine en 2009, et l’autre un enchaînement de conflits provoqué par la capacité nucléaire de l’Iran en 2011 - visaient à illustrer ces deux hypothèses. Bien évidemment, je maintiens que l’arrivée de l’Iran au seuil nucléaire - qui est maintenant proche, car l’Iran disposait déjà en novembre 2008, selon le rapport de l’AIEA, de 630 kilos d’uranium faiblement enrichi sous forme d’UF6 - serait un bouleversement majeur. Vous avez le droit d’être d’un avis différent, mais pas de représenter mes thèses de manière erronée.

2) L’article contient également, à l’appui de votre charge contre mes thèses, des assertions non démontrées et/ou erronées :

a) Vous affirmez que les rapports de l’AIEA sont « fondés sur des allégations d’origine britannique ». Cette affirmation erronée surprendra tous les spécialistes du nucléaire, gouvernementaux ou non. Les rapports sur l’Iran sont préparés par la Division des Garanties de l’Agence, dirigée par le Directeur général adjoint M. Olli Heinonen. Leurs sources principales, sinon essentielles, sont naturellement les procès-verbaux des inspections faites sur place. Ces rapports sont ensuite présentés par le Directeur général, M. El-Baradei, au Conseil des Gouverneurs de l’Agence.

b) Vous dites que « l’Iran n’a jamais testé le moindre missile à longue portée ». Tout dépend, bien sûr, de ce que vous appelez « longue portée ». Le missile balistique Shahab-3, dérivé du No-Dong nord-coréen, a une portée généralement estimée à au moins 1.300-1.500 kilomètres. Mais la mise sur orbite d’un satellite (attestée par des moyens non gouvernementaux) signifie que l’Iran a considérablement progressé dans les domaines de la propulsion et de la motorisation. La mise en orbite exige en effet une poussée telle qu’elle correspond, grosso modo (selon le poids de la charge emportée), à une portée terrestre d’au moins 2.000 kilomètres selon les estimations les plus basses - soit la capacité d’atteindre la Grèce, la Bulgarie et la Roumanie - sinon davantage.

3) Enfin, mon honnêteté intellectuelle étant clairement mise en cause par la dernière phrase de votre article, j’exige naturellement sa suppression accompagnée d’excuses sans ambiguïté, faute de quoi, naturellement, je me réserverais la possibilité d’une action en justice.

Bruno Tertrais.

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Réactions d’Iran-Resist

Dans votre interview accordée à l’hebdomadaire Express, vous évoquiez des missiles d’une portée de 2000 à 2500 Km et non ceux dont vous parlez dans l’avant-dernier paragraphe de ce droit de réponse. Or, comme nous le disions dans notre article, la république islamique d’Iran n’a jamais testé un missile d’une portée de 2000 Km. Nous n’allons pas polémiquer ici sur vos réponses très académiques, mais déconnectées de l’article de l’Express, article qui a suscité notre critique. Nous ne polémiquerons pas et il n’y aura pas d’excuses non plus pour ce qui est une analyse critique et non une insulte.

En revanche, notre attention ayant été de faire une analyse critique et non de vous nuire, nous avons modifié la dernière phrase pour la réduire à une annonce de l’attribution de notre fameux « Bonnet d’âne ».