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Pourquoi l’Iran qualifie de tactique l’ouverture d’Obama ?
10.02.2009

Lors de sa première conférence de presse en prime time, Obama a encore évoqué sa volonté de dialoguer directement avec l’Iran. Il s’est cependant bien gardé de donner un délai pour la réussite de ce projet. En réponse à cette nouvelle demande de négociation directe, Téhéran s’est dit « ouvert au dialogue », mais à condition qu’il ne s’agisse pas d’« une tactique » mais d’un changement de fond. | Décodages |



Pour des raisons hautement géopolitiques, Washington doit nécessairement conclure une entente avec l’Iran, maillon indispensable entre le Golfe Persique et l’Asie Centrale. L’entente permettrait de désenclaver l’Asie Centrale et de la soustraire de l’influence de la Russie et la Chine. La Russie sera privée de sa mainmise très lucrative sur cette région. L’entente permettrait également aux Etats-Unis de contrôler la majeure partie du marché pétrolier et ainsi influencer les prix du baril pour contrôler la croissance chez les Chinois. C’est pourquoi, Washington doit conclure cette entente utile le plus rapidement possible afin de mettre en place sa diplomatie globale est-ouest.

La difficulté est que Washington souhaite parvenir à cette entente avec un régime islamique et le régime en place demande un prix élevé pour son adhésion au camp américain. Pour le forcer à abandonner ses exigences, Washington a mis en place en 2003 une tactique d’alternance de sanctions et d’offres de dialogue. Washington s’est cependant gardé de lui imposer des sanctions très lourdes car elles pourraient renverser le régime qu’il entend rallier à son camp. Aujourd’hui, Obama applique exactement la même tactique, même s’il parle d’ouverture.

Or, cette ouverture est elle-même une manœuvre tactique, une manière d’arracher les mollahs à leur soutien au Hamas et au Hezbollah, leur fond de commerce de séduction de la rue Arabe. Dans cette affaire, on confond d’une manière générale les tactiques et les enjeux.

La tactique américaine consiste à accuser les mollahs d’activités nucléaires pour leur imposer des sanctions, puis à faire renier leurs discours révolutionnaires, en un mot de les affaiblir en les isolant sur tous les plans ! Mais l’enjeu américain reste une entente sans faille. Le dialogue direct n’est pas le point final, mais le début de négociations pour cette entente américaine, qui sera le début de la fin pour la révolution islamique (le pouvoir des mollahs). L’ennui est que pour les mollahs, l’enjeu n’est pas de servir les intérêts américains, mais leurs poches. Pour cet enjeu, ils entreprennent d’autres tactiques pour retarder l’échéance de la fin.

Quand pendant le mandat de Bush, Téhéran se disait prêt au dialogue mais sans aucune condition préalable, il voulait faire capituler Bush. Ce dernier refusait. Obama a accepté le dialogue sans conditions préalables pour devenir le meneur de ce jeu de cache-cache, et à présent c’est Téhéran qui se dérobe car accepter serait la première étape d’une dégringolade inévitable qui aboutirait à leur capitulation dans tous les domaines.

Hier, à la veille du 30ième anniversaire de la révolution et dans la foulée d’un geste d’apaisement en direction de Téhéran, Obama a encore relancé le régime des mollahs au sujet d’un dialogue face-à-face. Son intervention contenait des indications intéressantes. Il a dit que les pourparlers directs pouvaient apporter « le respect mutuel et progresser » avec l’Iran tout en permettant de dissiper les anxiétés provoquées par le financement par les mollahs des groupes terroristes et de certaines activités nucléaires. Mais il a aussi précisé qu’il avait conscience que les « distances créées par des années de méfiance ne seraient pas parcourues en un clin d’œil ». Ce qui veut dire qu’il fera preuve d’endurance dans cette nouvelle ligne politique sans se laisser distraire ou épuiser par les manœuvres dilatoires de Téhéran.

En réponse à cette double offensive, le régime a baissé d’un ton, comme il y a quelques jours après le discours très offensif de Joe Biden à Munich, pour se dire « ouvert au dialogue » « sur la base du respect mutuel » (reprise des propos d’Obama), mais à condition qu’il ne s’agisse pas d’une tactique mais d’un changement de fond !

« Il est très clair que ce changement véritable doit être fondamental et non pas tactique. Il est clair que la nation iranienne accueillerait favorablement de vrais changements », a déclaré Ahmadinejad lors de son discours pour le 30ième anniversaire de la révolution islamique.

Ce message s’intègre parfaitement dans la réponse officielle du régime aux demandes d’Obama : moins de blabla, apportez la preuve d’un changement en supprimant toutes les sanctions contre l’Iran et nous verrons pour le dialogue.

Chacune des deux parties demande à l’autre de faire les premiers pas, consciente de la valeur capitulatoire de ce geste. Impasse.

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| Mots Clefs | Institutions : Diplomatie (selon les mollahs) |
| Mots Clefs | Mollahs & co : Ahmadinejad |

| Mots Clefs | Décideurs : OBAMA |
| Mots Clefs | Enjeux : Rétablir les rel. avec les USA & Négociations directes |