Iran : « Nos propos limpides avec Obama » ! 10.02.2009 Le discours du vice-président américain Joe Biden à Munich a incité Téhéran à se montrer moins fermé au dialogue. Larijani, l’émissaire des mollahs, a évoqué un possible dialogue si l’administration Obama proposait un nouveau concept à l’Iran. Le quotidien iranien « Jomhouri Eslami » (ou république Islamique) vient de publier les grandes lignes de cette offre qu’attend Téhéran. D’une manière générale, le régime des mollahs communique beaucoup via la presse. Il répond à ses interlocuteurs internationaux par des éditoriaux. C’est une mesure de prudence : il teste l’adversaire sans s’engager officiellement. Si l’adversaire ne réagit pas vivement à cette réponse, Téhéran l’officialisera, sinon, il corrigera le tir. Concernant le dialogue avec Obama, Téhéran joue pleinement la carte de cette communication indirecte. Cela a commencé dès l’installation d’Obama à la Maison-blanche. Le nouveau président fraîchement élu a invité les mollahs à desserrer leur poing pour venir à lui et lui serrer la main afin d’enterrer la hache de la guerre. La réponse de Téhéran est venue par voie de presse : « ce poing fermé est notre capital ». Ceci est une vérité absolue dans le cas de ce régime ! En effet, quand pendant le mandat de Bush, Téhéran se disait prêt au dialogue mais sans aucune condition préalable, il voulait faire capituler Bush. Ce dernier refusait. Obama a accepté le dialogue sans conditions préalables pour devenir le meneur de ce jeu de cache-cache, et à présent c’est Téhéran qui se dérobe car accepter serait une preuve de capitulation. Pour éviter cette défaite, le poing restera donc fermé et même prêt à frapper l’adversaire. Quand les demandes d’Obama se sont répétées malgré les refus iraniens, Téhéran a conclu qu’Obama avait absolument besoin d’une entente, il a donc serré davantage les poings en exigeant toujours par voie de presse « moins de blabla et plus d’actes » dont notamment une levée de toutes les sanctions contre l’Iran, c’est-à-dire une capitulation américaine. Cette demande est désormais devenue la position officielle des mollahs face à Obama, une position rééditée par Ahmadinejad avant la conférence de Munich, puis par Larijani pendant et après la Conférence. Les Européens attendaient beaucoup de la venue de Larijani à Munich : il les a déçus par son discours très hostile au dialogue ou à un compromis. Dans ce discours, il a repris ce thème de « moins de blabla, plus d’actes » en affirmant que l’on ne pouvait résoudre 30 ans de conflit avec un sourire, qu’il fallait des actes. Après l’allocution très ferme du vice-président Joe Biden, évoquant de nouvelles sanctions, Larijani a adouci sa position en affirmant dans un entretien accordé au S-ddeutsche Zeitung que Téhéran était « prêt au dialogue » mais sur la base d’un « concept » nouveau, sans pour autant expliquer le contenu de ce concept. Washington n’a pas tiqué et par un réflexe conditionné, Téhéran a lancé sa méthode de communication par voie de presse. C’est le quotidien iranien « Jomhouri Eslami » (ou république Islamique), organe du guide suprême, qui a publié les grandes lignes de cette offre qu’attend Téhéran : il y a évidemment question d’une levée de toutes les sanctions contre l’Iran. Sous le titre évocateur de « Nos propos limpides avec Obama », le quotidien dresse la liste des attentes de Téhéran, panoplie complète pour une capitulation américaine. « Si les Américains abandonnent toutes leurs allégations illégales (c-à-d les résolutions de l’ONU) contre l’Iran, s’ils s’engagent à compenser les préjudices subis en restituant tous les biens et capitaux confisqués depuis 1980, s’ils nous présentent des excuses pour toutes leurs ingérences passées et prennent l’engagement solennel de ne plus s’immiscer dans nos affaires internes iraniennes notamment dans le secteur nucléaire ; alors les responsables iraniens seront disposés à étudier les demandes pour une reprise du dialogue ! » Le processus risque d’être long ! Comme nous l’affirmions dans l’analyse consacrée à la demande exprimée par Larijani dans le S-ddeutsche Zeitung, il s’agit d’une nouvelle manoeuvre dilatoire de Téhéran pour retarder son face-à-face capitulatoire avec l’administration Obama. Dans ce délai qu’il espère obtenir, Téhéran ciblera deux objectifs : bloquer les sanctions et amplifier la crise, afin que par la crainte légitime de l’éclatement d’un nouveau conflit, l’opinion américaine fasse plier Obama.
| Mots Clefs | Institutions : Diplomatie (selon les mollahs) |
| Mots Clefs | Mollahs & co : Larijani & Jalili | | Mots Clefs | Décideurs : OBAMA |
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