Incroyable ! L’Iran demande à El Baradai un rapport moins ambigu ! 07.02.2009 A la 45ème conférence internationale sur la sécurité qui s’est ouverte ce vendredi à Munich, l’émissaire iranien Ali Larijani s’est entretenu avec Mohamed El Baradai pour lui demander qu’il rédige son prochain rapport « sans aucune formule ambiguë ».
Les conférences internationales sont des occasions pour des rencontres. A ce rendez-vous munichois qui réunit plus de 40 dirigeants de haut niveau dont Sarkozy, Merkel ou encore Solana ou le vice-président américain Joe Biden [1], Larijani a en priorité rencontré Mohamed El Baradai, le directeur de l’AIEA et rédacteur des rapports sur le nucléaire iranien. Cette rencontre peut être qualifiée de la plus haute importance pour le régime : il en va de sa sécurité. © WWW.IRAN-RESIST.ORG
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A l’époque les Britanniques avaient peu protesté contre ce rapport traître, mais ils ont décidé de le combattre sur le même plan avec d’autres rapports : Ils ont affirmé être en possession de documents inédits sur l’existence d’études de militarisation du programme nucléaire iranien après la date évoquée par le rapport des 16 services secrets américains. Les Britanniques les ont transmis à la direction de l’AIEA qui depuis février 2008 les répercute régulièrement dans ses rapports sur l’Iran avec les mêmes formules ambiguës qu’elle utilisait un an plus tôt pour affirmer l’absence d’un volet militaire. Force est de constater que l’AIEA évoquait l’absence d’un volet militaire quand les Etats-Unis évoquaient son existence pour obtenir le soutien du Conseil de sécurité afin de légitimer leur palette de sanctions contre l’Iran. L’AIEA combattait cet effort américain pour affaiblir Téhéran et le pousser à composer avec les Etats-Unis. Dès lors que les Américains ont mis en place leur palette de sanctions et ont décidé de prendre également le contrôle du timing pour gérer tous les aléas de l’entente, les Britanniques qui seront les premières victimes de cette entente stratégique ont miraculeusement retrouvé dans leurs tiroirs des documents contre les mollahs et contre le rapport américain et instantanément les contenus des rapports d’El Baradai ont radicalement changé. Cette réactivité de l’AIEA laisse supposer que ses rapports d’avant février 2008 étaient aussi dans le sens des attentes Britanniques (hostiles à un affaiblissement de l’Iran en vue de le forcer à une entente). Nous avions longtemps cru qu’El Baradai agissait de manière complaisante avec les mollahs par sympathie islamique, mais il agissait en fait en sous-main pour Londres. Il est important de préciser que le mythe d’El Baradai islamiste a été répandu par Bruno Tertrais qui travaille pour l’International Institute for Strategic Studies, un organisme britannique basé à Londres [2]. © WWW.IRAN-RESIST.ORG
Au fur et à mesure, les rapports d’El Baradai sont devenus plus ouvertement axés sur ce volet militaire suggéré par les Britanniques et finalement la semaine dernière sur CNN, El Baradai a franchi une nouvelle étape en parlant plus ouvertement de ce volet militaire et surtout en fixant un timing vers la première bombe nucléaire iranienne ! Un prochain rapport onusien qui contiendrait ce genre d’allégations très anxiogènes serait une catastrophe pour Téhéran. C’est ce qui justifie la rencontre prioritaire entre l’émissaire des mollahs et cet homme qui détient désormais une des clefs de la survie du régime. © WWW.IRAN-RESIST.ORG
| Mots Clefs | Nucléaire : Politique Nucléaire des mollahs |
| Mots Clefs | Nucléaire 2 : AIEA : El Baradei |
[1] Initialement, Téhéran comptait beaucoup sur ce rendez-vous munichois : l’invitation faite au régime était perçue comme un signe de la fin de son isolement diplomatique et il était réellement question d’une rencontre de couloir entre Larijani et le nouveau vice-président Joe Biden. Cette opération a capoté quand, lassée par les refus répétés des mollahs d’un dialogue officiel, l’administration Obama a révélé l’existence de conversations secrètes entre les mollahs et Obama avant son élection. L’affaire a été révélée en pleine reconquête de la rue arabe par les mollahs et Téhéran a démenti et annoncé par la même occasion que toute rencontre avec des Américains était désormais exclue. Des rencontres auront sans doute encore lieu mais toujours sous le sceau du secret ce qui ne convient pas à Obama, qui a besoin de négociations flagrantes pour une entente officielle et incontestable (qui aura néanmoins des clauses très secrètes). [2] Bruno Tertrais : El Baradai | Entretien avec Jean-Dominique MERCHET de Libération en octobre 2005. |