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Iran : Khatami, le joker anti Obama !
02.02.2009

Un coup, il vient, un coup, il ne vient pas ! Les observateurs occidentaux en perdent leur latin à suivre les rebondissements de la candidature de Khatami. Cette candidature est directement liée au contexte international, lui-même sous l’influence de la future diplomatie américaine vis-à-vis de l’Iran.



Le 20 janvier, date de l’investiture d’Obama, Khatami avait évoqué son intention de se porter candidat, puis le 28 janvier au moment où ce dernier a joué pleinement la carte du dialogue direct avec l’Iran, Khatami a annoncé qu’il ne participerait pas. Il dit revenir alors qu’Obama a changé de discours pour adopter une politique plus bushienne.

En fait, c’est simple. Si Washington parle de sa volonté de privilégier le dialogue direct et sans aucune condition préalable, Téhéran devine qu’il a besoin d’une entente rapide. Il lui faut dans ce cas se montrer intransigeant face à Washington pour obtenir les compensations régionales qu’il exige en contrepartie de cette entente vitale pour l’avenir des Etats-Unis. D’où la nécessité de rester sur un candidat de surenchère qui est Ahmadinejad.

En revanche, le recul de l’option dialogue à tout prix et le retour à une diplomatie Bushienne (de menaces suivie d’offres de dialogue) pousse Téhéran à revenir à sa diplomatie pratiquée sous Bush : cette diplomatie était basée sur une soi-disant volonté de résoudre la crise via des négociations sans fin avec les Six. Durant cette période, on a sans cesse relancé l’espoir d’une issue heureuse avec l’évocation du retour prochain des modérés, dont la figure la plus emblématique est Khatami.

Le fait est que la nouvelle administration a commencé ses activités pendant le mois de transition. Les fluctuations de l’option dialogue ont donc démarré bien avant le 20 janvier. Pendant ce mois, la nouvelle administration n’a pas du tout appliqué sa diplomatie de dialogue direct à tout prix, mais une variante de la politique de Bush avec des menaces plus concrètes et des offres de dialogue plus explicites.

L’exemple le plus intéressant de cette politique de transition a été de pousser Téhéran dans le piège de la guerre de Gaza, affrontement pendant lequel Téhéran n’a pas su embraser la région et a dû admettre sa défaite dans ce domaine. A chaque étape de cette guerre, Washington a dépêché à Téhéran un émissaire pour proposer un deal aux mollahs. C’est donc bien avant la prise officielle des fonctions d’Obama que les mollahs se sont mis en action pour relancer le dialogue via les Six pour neutraliser le chevalier blanc Obama qui avait un discours très pacifique en apparence pour servir de couvre-chef à la politique longtemps menée par Bush. On a alors assisté à plusieurs actions de lobbying pour engager la France à prendre la tête d’un nouveau dialogue des Six avec Téhéran. En dernière instance, pour relancer ces efforts non couronnées de succès auprès de la France, désormais très atlantiste, le régime a brandi la carte du retour de Khatami qui sonnait comme une promesse d’apaisement, apaisement si nécessaire pour sauver les intérêts européens en Iran.

Ces tentatives n’ont rien donné et au cours de la 1ère semaine de sa présidence, Obama a présenté plusieurs offres de dialogue direct quelque soit son interlocuteur iranien. Téhéran a donc classé la candidature de Khatami pour insister sur un nouveau mandat d’Ahmadinejad, mais le régime s’est aussi montré très intransigeant et cela a provoqué un repli d’Obama sur une politique bushienne : On a entendu reparler de l’option militaire américaine et même d’une possible frappe israélienne évoquée par Netanyahou !

Face à ce retour en arrière, Téhéran est aussitôt revenu sur ses pas et a évoqué un éventuel retour des modérés et de leur champion Khatami. Selon son ancien vice-président, Khatami reviendrait pour « combattre l’isolement de l’Iran sur le plan international et la mauvaise situation économique » : cela veut dire qu’il fera tout pour mettre fin aux sanctions américaines et relancer l’investissement étranger. C’est un appel de pied codé en direction des Six dont les intérêts ont été mis en péril par ces sanctions et espèrent un apaisement pour reprendre leurs investissements en Iran.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG
Cependant, comme nous l’avons dit à l’occasion de sa précédente candidature le 20 janvier dernier, le principal centre d’intérêt du régime est sa survie qu’il doit négocier avec Washington, c’est pourquoi ce feuilleton à rebondissement n’est pas fini. Tout dépend du contexte international et des choix d’Obama. Khatami peut revenir, être disqualifié, repêché avant d’abandonner au profit d’un autre modéré au gré des besoins du régime : avoir comme président un modéré ou un surexcité.

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Pour en savoir + :
- Face à Obama, l’Iran évoque un retour de Khatami en juin 2009
- (20 JANVIER 2009)

| Mots Clefs | Mollahs & co : Khatami |
| Mots Clefs | Institutions : Démocratie (médiatico)-Islamique |

| Mots Clefs | Institutions : Diplomatie (selon les mollahs) |

| Mots Clefs | Décideurs : OBAMA |