Washington prive l’Iran d’une importante source de devises 19.12.2008 Dans le cadre des sanctions américaines contre les mollahs, l’administration Bush a saisi hier un bien iranien de grande valeur aux Etats-Unis : une tour de bureaux de 36 étages située sur la prestigieuse 5ième Avenue. Cette tour estimée plus de 2 milliards de dollars en 1989 et située au numéro 650 de la 5ième Avenue (près du Rockefeller Center) avait été construite pour 42 millions de dollars par l’Iran bien avant la révolution dans le cadre des investissements des revenus pétroliers iraniens. Les fonds pour l’achat du terrain et la construction de l’immeuble avaient été avancés par la Banque Centrale Iranienne à la Banque Melli, la principale banque iranienne pour superviser les travaux pour le compte de la Fondation caritative Pahlavi. Cette fondation (qui contrôlait beaucoup d’autres biens et investissements) finançait les bourses d’études pour les étudiants méritants. Les travaux ont débuté en 1975 et l’immeuble est entré en fonction en 1978 (deux ans avant la révolution). Trois étages étaient réservés pour l’Iran (la Bank Melli, la Fondation Pahlavi et des bureaux consulaires) et le reste devait financer l’aide aux étudiants iraniens. A l’époque, l’Iran investissait énormément à l’étranger (Krupp, Mercedes, General Motors, Jeep, Eurodif). La valeur prise par cet immeuble témoigne de la qualité de ces investissements. Le Chah d’Iran ambitionnait aussi de créer une banque irano-américaine en partenariat avec David Rockfeller aux Etats-Unis, ce qui explique peut-être l’emplacement de cette tour aujourd’hui occupée majoritairement par des institutions financières comme Merrill Lynch. © WWW.IRAN-RESIST.ORG
Après la révolution, la très riche Fondation Pahlavi (que l’on a souvent aimé confondre avec la fortune du Chah pour l’accabler) passa sous la tutelle du régime des mollahs. Elle devint une de ces fondations opaques qui gèrent les caisses noires du régime. Elle changea de nom pour devenir la Fondation Alavi (ce qui veut dire la Fondation d’Ali – le fondateur spirituel du chiisme). Les deux noms, Pahlavi et Alavi, n’ont aucun lien de parenté, mais il y a une certaine proximité de consonance pour une oreille occidentale. Ce n’est pas un hasard : c’est une pratique courante du régime des mollahs en ce qui concerne la gestion des affaires et trafics à l’étranger. Dès lors que cette tour a été intégrée dans le système des caisses noires du régime des mollahs, elle a cessé de servir comme sources pour les étudiants iraniens pour devenir la source de financement pour les activités de communication du régime : production de vidéos anti-sémites et néonazis ou création de la télévision islamiste Aftab gérée par Cina productions. En 1995, cette tour bien intégrée dans le système des caisses noires du régime des mollahs, a dû chercher un moyen pour échapper aux sanctions américaines adoptées par Clinton. La fondation Alavi a alors cédé en 1999 35% de l’immeuble à Assa Corporation, la filiale américaine d’Assa Company Limited, une mystérieuse compagnie représentant les intérêts de Bank Melli, depuis son siège basé aux îles anglo-normandes Channel contrôlées par la Grande-Bretagne. C’est en enquêtant sur la Banque Melli, placée récemment sur la liste des organismes finançant les activités terroristes et nucléaires de Téhéran, que les autorités américaines ont découvert Assa Company Limited et sa filiale américaine qui récoltait l’argent des loyers de la 650 Fifth Avenue pour les rediriger vers les Channel Islands d’où ils repartaient vers la Bank Melli. Il faut sans doute oublier les 6 salariés imaginaires de la filiale américaine comme les 2 propriétaires iraniens de la maison-mère anglo-normande, Davood Shakeri & Fatemeh Aghamiri, ils ne sont que des prête-noms. Tout passait par deux hommes : Mohsen Ghadimipour pour la Bank Melli à Téhéran et Mohammad-Hassan Dehghani-Tafti pour Assa corp. à New-York. Ce personnage est lui-même difficile à pister puisqu’il s’agit d’un Iranien né Indien et re-naturalisé iranien ! Dans un premier temps, en octobre, deux des comptes bancaires américains de la filiale américaine d’Assa ont été gelés : 1.9 millions de $ sur un compte de Citibank et 1.2 millions de $ sur un compte de J.P. Morgan Chase (soit en tout 3.1 M$). Et à présent, Washington saisit l’immeuble estimé à plus de 2 milliards de dollars. Cette décision tombe au lendemain d’une réunion organisée par les Américains au Conseil de Sécurité pour enrôler les Etats Arabes du Golfe Persique dans le processus des sanctions unilatérales des Etats-Unis. La réunion n’a pas le succès escompté notamment parce que le Qatar qui devrait être l’un des deux piliers de ces nouvelles sanctions n’a pas jugé utile d’y envoyer son ministre des affaires étrangères. La Russie a aussi exprimé des réserves sur l’adoption de nouvelles sanctions. C’est donc au lendemain d’un échec diplomatique américain pour étendre les sanctions unilatérales que Washington frappe ce coup pour démontrer qu’il a à lui seul largement la capacité de nuire aux intérêts vitaux de Téhéran, notamment en le privant de revenus (en devises) fort intéressants. Le régime des mollahs possède d’autres biens immobiliers aux Etats-Unis qui pourraient connaître le même sort. Ils n’ont pas été inquiétés : Washington suit toujours le même schéma : un pic puis une pause, pour laisser un délai de réflexion aux mollahs (pour accepter son offre d’entente). © WWW.IRAN-RESIST.ORG
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