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Iran : La semaine en images n°43
14.12.2008

Cette semaine, le régime vivait à l’heure des commémorations. Il y a eu d’une part beaucoup de bruit autour d’un rassemblement estudiantin soi-disant agité et de l’autre part la Journée de Qods, journée d’appel à la destruction d’Israël et reprise de Jérusalem (dit Qods par les mollahs). Ces deux évènements ont été deux fiascos. Explications en images.



Nous avons déjà consacré un article cette semaine sur ce soi-disant super rassemblement estudiantin du 9 décembre en insistant sur le contenu délibérément erroné de la dépêche très complaisante de Siavash Ghazi, le journaliste attitré de l’AFP de la RFI, auteur de textes très conformes aux attentes du régime des mollahs.

Dans cette dépêche, Ghazi écrivait : « Il s’agit du plus grand rassemblement étudiant de ces deux dernières années. Des étudiants, venus des différentes universités de la capitale, ont cassé les grilles de l’Université de Téhéran. Ils se sont rassemblés malgré une forte présence policière. Des étudiants, mais aussi des étudiantes, portaient des cagoules pour éviter de se faire reconnaître. En effet, ces dernières années, de nombreux étudiants ont été arrêtés par les autorités à la suite de manifestations identiques. Cette manifestation a été organisée par le Bureau de la consolidation de l’unité, principale association étudiante, proche des réformateurs, à l’occasion de la journée nationale des étudiants. »

Nous avons expliqué que le Bureau de la consolidation de l’unité, l’organisateur du rassemblement, n’était en aucun cas une association étudiante, mais une milice très structurée, dépendante des Pasdaran et créée en 1980 pour purger les universités des éléments laïques et progressistes pour les remplacer par de purs intégristes Khomeynistes. Nous nous sommes également intéressés à l’aspect visuel de ce rassemblement, notamment l’usage de pancartes de grand format avec des slogans en anglais, signe que le rassemblement avait été préparé pour des photographes étrangers et non pour les citoyens iraniens qui sont censés soutenir leurs jeunes.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

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Dans cet article, nous avions aussi remis en cause le récit de la fracture des grilles de l’université de Téhéran par les étudiants venus d’autres universités car dans ce cas, il aurait fallu que ces arrivants fracturent une grille de l’extérieur vers l’intérieur alors que la seule photo existante était une grille démontée vers l’extérieur. Cette photo est au centre de cette première partie de la semaine en images n°43.

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Dès le lendemain de la publication de cet article sur la vraie identité du Bureau de la consolidation de l’unité, le Courrier International a publié sur son site, un autre article iranien reprenant la version de RFI avec cette photo mais recadrée !

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Ce recadrage montre le degré de l’éthique de ce journal qui met un point d’honneur à diffuser en France, des articles concoctés par les faux dissidents du régime des mollahs. Sur la partie supprimée par le recadrage, nous avions signalé une passante à la démarche nonchalante dont la présence évoquait l’absence de toute agitation aux abords de la grille attaquée (de l’intérieur) et aussi, l’absence d’une forte présence policière ou de cordon de sécurité.

Intrigués, nous avons donc regardé un peu mieux cette photo, mais aussi les images vidéos estampillées du sigle d’Amir Kabir University et relu les récits iraniens (repris entre autres par RFI) et en les associant à une carte interactive de Téhéran, nous avons découvert deux points très litigieux.

1er Point | Les dépêches iraniennes insistent sur un rassemblement d’étudiants de l’Université Polytechnique d’Amir Kabir et de l’Université de Téhéran et les images postées sur Youtube (pour impressionner l’opinion internationale) étaient signées par l’Amir Kabir University. Dans notre article que nous avons corrigé depuis, nous avons été trompés par l’effet de trompe l’œil, car bien que les images vidéo (bassedef) portent le sigle de l’Amir Kabir University, rien ne s’est passé sur ce site, tout s’est passé sur le campus de l’Université de Téhéran qui possède aussi une Université Polytechnique !

La grille de la photo recadrée est celle qui donne accès au parvis de l’Université Polytechnique de l’Université de Téhéran, mais elle donne donc accès aussi à l’ensemble du Campus de l’Université de Téhéran !

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Le Campus de l’Université de Téhéran a plusieurs portes : la plus célèbre est le portail principal (ci-dessous) qui date de 1967. Au lieu de faire appel à un célèbre architecte iranien ou étranger, le régime du Chah avait organisé un concours parmi les étudiants en beaux-arts et c’était Kourosh Farzami qui avait gagné le concours avec cette métaphore des ailes de l’imagination qui n’a rien à envier aux courbes savantes de Frank Gehry.

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L’université a d’autres portes comme celle de la grille démontée qui se trouve sur la rue rebaptisée 16 Azar (9 décembre) en honneur de la journée de l’étudiant qui fait référence à la mort de 3 étudiants en 1953. Le campus a une autre porte (en haut de la photo) sur l’avenue Kargar Shomali (qui a été le lieu des manifestations estudiantines de juillet 1999).

En d’autres termes, si ces costauds qui soulèvent un des battants de la grille voulaient rejoindre leurs camarades de l’Université de Téhéran, ils n’avaient qu’à traverser le campus de l’intérieur pour retrouver les autres qui étaient amassés derrière la grille principale sous les Ailes de l’imagination.

2nd Point | La photo recadrée est elle-même un éloge à l’imagination car en fait, il est techniquement impossible que la grille démontée puisse tenir en l’air de cette manière tenue par une chaîne. C’est la base élémentaire des lois de la physique. En fait, l’extrémité haute de la grille que l’on ne voit pas est reliée à quelque chose, c’est pourquoi on a vraiment l’impression que les figurants la tiennent comme on tiendrait une carte géante. Cette attache est bizarre car il ne s’agit pas d’une charnière.

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Autre irrégularité, les cameramen d’Amir Kabir adeptes de vidéos pour Youtube ont fait l’impasse sur le moment précis où s’est effectué ce démontage bidon. On voit en revanche la porte ouverte (sans doute avant la mise en scène du démontage) !

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Il est intéressant de signaler que le régime avait mis en scène la même mascarade de fracture de grille en 2007 sur le même site. La dernière fois, l’irrégularité était que l’on avait plié les barres de grilles dans une position impossible pour les bras humains.

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Signalons encore que la vitesse de croisière de l’Internet en Iran est de 128 KB/s. Les clients les plus riches peuvent espérer une navigation à 256 KB/S par un abonnement à 50 dollars par mois, mais pour poster des vidéos sur YouTube, il faut un accès à un abonnement satellitaire à grande vitesse (400KB à 2Mb/s) avec un gros volume d’upload dont le coût est de 600 dollars par mois soit 4 mois de salaire d’un fonctionnaire. Ce qui nous apprend que c’est le régime qui manipule ses livraisons de vidéos sur Youtube. Ainsi d’un rassemblement plus que confidentiel qui est passé totalement inaperçu à Téhéran le régime a fabriqué un événement mondial avec l’aide de journalistes complices ou retoucheurs de photos.

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Le second non-événement de la semaine a été la grande manifestation de la Journée de Jérusalem. En fait malgré cette photo choc, il n’y a pas eu de grande manifestation : presque rien à Téhéran et rien ailleurs ! C’est un non-événement dans l’absolu mais un immense événement pour les opposants au régime.

Selon notre estimation, la foule était composée de moins de 500 personnes. C’est ce que l’on voit sur la principale photo. La foule a été amassée devant un drap tendu, on ne sait pourquoi, devant le parvis de l’entrée principale du Campus de l’Université de Téhéran. Sur ces photos, on voit une foule portant de nombreuses affichettes avec des slogans hostiles à Israël ou des photos des dirigeants morts ou vivants du Hezbollah.

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Les cadrages sont serrés et il n’y a aucune vue aérienne. Cependant, sur le site Mehr qui dépend de l’organisation chargée de la propagande du régime, l’administrateur a ajouté une photo où l’on voit une belle perspective infinie de manifestants. Il s’agit d’une photo d’archive, puisque aucun ne tient les banderoles ou les affichettes que l’on voit en abondance sur les autres photos signées par les différentes agences de presse du régime.

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Plus haut, on a évoqué l’importance attachée à l’architecture moderne par le régime du Chah. Il y a quelques semaines, disparaissait à Téhéran un vieux cinéma de cette époque où l’on encourageait la modernité. Un autre exemple de cette période glorieuse est sérieusement menacé : Le Théâtre de la ville de Téhéran construit également en 1967 par l’architecte iranien Gabriel Guevrekian.

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L’organisme chargé de l’expansion du Métro de Téhéran a fait des travaux souterrains qui ont provoqué une fissure géante qui traverse ce très joli bâtiment. L’humidité est remontée par la fracture et ravage ce lieu magique, l’un des premiers à avoir été fermé après la révolution.

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Les Téhéranais sont tristes et le régime doit prouver qu’il va y remédier ou punir le coupable. Ce sera difficile, le coupable est Mohsen Hashemi, le fils d’Akbar Hashemi Rafsandjani. C’est un homme secret, il ne porte pas le nom de papa et se tient loin des caméras par peur que l’on ne l’enlève ou que l’on ne le tue. Cette semaine, ce sosie de l’inspecteur gadget est sorti de son trou pour crier son innocence et pour montrer qu’il travaille dur pour la communauté. Il a aussi désigné le coupable de la fissure, c’est le chef de chantier de l’entreprise de forage, mais il n’a pas donné le nom de l’entreprise, à y regarder de près on verrait peut-être le nom d’un cousin.

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Cette absence de nom est un prélude à un enterrement discret de l’affaire car ce n’est pas la première affaire de malfaçon que l’on reproche à Rafsandjani junior. Récemment, une portion d’un tunnel s’est effondrée provoquant d’importantes fissures dans plusieurs tours avoisinant. On l’a également vu sur le train avec son air hagard, mais aucun des commerçants qui ont dû abandonner les tours endommagées n’a été dédommagé et l’affaire a été étouffée.

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Cependant en Iran, pas besoin des travaux de Rafsandjani junior pour assister à des accidents de ce genre. On estime à 70,00 le nombre de salles de classes vétustes en Iran. En début de semaine, deux d’entre elles se sont effondrées sur les élèves. Il est vrai que les budgets vont au Sud Liban pour le Hezbollah. On comprend alors que les Iraniens n’aillent pas pleurer pour les enfants palestiniens.

Bilan officiel est zéro mort : un peu comme les tremblements de terre dans les récits proposés par l’IRNA, récits repris par l’AFP. La dépêche iranienne précisait que l’éboulement s’était produit pendant que les élèves chantaient l’hymne de la république islamique dans la cour avant de regagner leurs classes. Le tableau noir raconte une autre histoire.

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