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Iran : RSF prime les fausses féministes au BOBs de Berlin
30.11.2008

Les soi-disant féministes iraniennes de la campagne d’1 million de signatures qui ne dénoncent jamais la vraie condition féminine en Iran ont décidément beaucoup d’amis en occident. Le vendredi 28 novembre, elles ont reçu le soutien des rapporteuses des Nations Unies pour la défense des droits de l’homme. Samedi, elles ont reçu le prix des Reporters sans frontières au sein du concours Best of the Blogs ou BOBs, organisé par Deutsche Welle, la radiotélévision internationale de l’Allemagne.



Ce prix est le résultat d’une triple convergence : les liens commerciaux de l’Allemagne avec l’Iran, la participation de RSF et la présence dans le jury de la bloggeuse iranienne Farnaz Seyfi qui est un membre actif de la campagne d’1 million de signatures.

Le rôle de l’Allemagne | L’objectif de cette campagne est de faire croire que le régime des mollahs porte en son sein des mécanismes pour sa propre démocratisation, qu’il n’est pas monolithique mais composé de courants dissidents qu’il faut aider en brisant les sanctions et en développant le commerce avec le pays. L’Allemagne qui est le plus important partenaire commercial de l’Iran [1] va dans le sens de cette attente, en flattant cette campagne qui contribue à modérer l’image rigide du régime et apporte de l’espoir quant à son évolution vers la démocratie. L’Allemagne n’est pas seulement présente comme accompagnatrice de cette évolution, mais aussi toujours très impliquée dans le développement de ses relations commerciales avec les mollahs. D’ailleurs, à la veille de cette remise de prix, s’est tenue une rencontre à Hamburg entre les investisseurs allemands et le directeur de la chambre iranienne de commerce et celui de la Banque Melli, la plus grande banque iranienne, banque qui est censée être sanctionnée par l’Europe.

Certes, le concours est organisé par Deutsche Welle, la radiotélévision internationale de l’Allemagne, mais pour gagner un prix il faut obtenir des votes et ce site iranien a obtenu non seulement celui de l’employé iranien du concours, mais encore celui du jury iranien et aussi celui des Reporters sans frontières toujours présents aux avant-postes du lobbying pour cautionner et faire connaître des faux opposants iraniens.

RSF | En fait, cela ne date pas d’hier ! En 1997, frappé par des sanctions pour avoir tué des opposants en exil, le régime a pensé à mettre en scène des dissidents et des réformateurs pour faire miroiter des changements. En l’absence de résultats médiatiques dans ce domaine, le régime est passé à la vitesse supérieure en mettant en scène des arrestations théâtrales de faux opposants, personnages toujours issus de la milice des Pasdaran et ses annexes comme la milice Bassidj ou la milice universitaire BCU.

Dans le même temps des vrais dissidents qui auraient pu poser problème ont été liquidés et leur élimination a servi la cause des faux dissidents. Le modus operandi pour le lancement d’un faux opposant est toujours le même. Le faux opposant est théâtralement arrêté pour une activité proche du journalisme. De sa cellule, il écrit encore des lettres de protestation flamboyantes que les médias publient où il évoque la sincérité de sa démarche pour le bien de la révolution islamique… On évoque alors des conditions de détention terribles et même de la torture, mais en sortant, il ne peut montrer les traces de ces soi-disant sévices (plus récemment, pour contourner les critiques soulevées par les sceptiques, on s’est mis à évoquer des tortures psychiques)…

Presque dans tous les cas l’on évoque des troubles graves de santé : cancer, problèmes rénaux, sclérose en plaque… Il s’agit de toujours quelque chose nécessitant des soins immédiats qui justifieraient une campagne médiatique internationale pour la libération de ce martyr vivant et peut être un voyage à l’étranger pour se faire soigner. L’activité du faux opposant étant écrite, RSF intervient alors pour demander la libération du journaliste maltraité. Celui-ci l’obtient alors gain de cause et quitte l’Iran pour s’installer à Washington où il n’écrira plus aucun article dans la presse ou ailleurs, mais en revanche il enchaînera les conférences et plateaux télé pour plaider en faveur d’un dialogue apaisé avec le régime, comme le souhaitent les mollahs et Washington.

C’est ainsi qu’en 2003, Mohsen Sazgara, le fondateur de la milice Pasdaran (les gardiens de la révolution qui ont tué tant d’Iraniens), est devenu un journaliste dissident arrêté bruyamment par les mollahs, défendu encore plus bruyamment par RSF ; avant de quitter l’Iran pour soigner un soi-disant cancer de quelque chose. Aujourd’hui, il vit à Washington, n’écrit plus et fait du lobbying pour la normalisation des relations entre les mollahs et les Etats-Unis.

Un an après, le régime a refait le coup avec Akbar Ganji, un autre milicien des Pasdaran, proche du ministère des renseignements. Lui aussi a été théâtralement arrêté par le régime, en prison il a failli mourir : son cas a été internationalement médiatisé par RSF. George Bush est intervenu en personne en faveur de sa libération. Aujourd’hui, il vit à Washington, n’écrit aucun article et fait des conférences pour plaider en faveur d’un dialogue avec Téhéran.

Cependant, ces personnages étaient vieux et traînaient des casseroles énormes derrière eux. Le régime a décidé de rajeunir le casting de ses faux opposants. Il a créé une génération Internet et mis en scène une répression de bloggers : dissidents écrivains par excellence, jeunes et dénués d’un passé encombrant. RSF s’est aussitôt engagé pour faire la promotion de ces bloggers qui ne dénonçaient strictement rien de la condition des jeunes comme le chômage, la pauvreté, la toxicomanie. Leur seule qualité était d’être filtrés par la censure. Ainsi est né avec l’aide de RSF et des articles de Delphine Minoui le mythe des bloggers iraniens, un mythe entièrement faux pour une simple raison : le prix d’accès au réseau.

Le mythe | En Iran, pour obtenir une connexion Internet, il est indispensable de s’inscrire sur un réseau iranien. Un blogger dissident peut donc difficilement passer inaperçu. Imaginons qu’il arrive à s’inscrire en restant anonyme. Se posent alors les problèmes des tarifs. C’est très élevé pour un ménage iranien et encore plus pour un jeune issu du milieu populaire.

Le salaire d’un fonctionnaire est environ de 150 dollars. Le loyer d’un 2/3 pièces dans un quartier populaire est de 350 à 450 dollars. Chacun a plusieurs emplois dans une famille iranienne et ce pour payer le loyer et à manger. Les frais d’Internet de notre blogger-dissident prouvent qu’en aucun cas il ne fait partie des 85% d’iraniens qui vivent sous le seuil de pauvreté et de la même proportion de jeunes chômeurs sans indemnités.

Malgré le verdict implacable des tarifs et l’absence totale de confidentialité sur le réseau iranien blogfa –géré par le régime-, RSF a activement participé à la promotion des faux opposants bloggers. Parallèlement, le régime a lancé l’idée des fausses féministes qui est son projet le plus fort pour jouer la carte de l’évolution démocratique. Pour rester sur le schéma de la dissidence journalistique et bénéficier des services de RSF, il a opté pour une mise en scène de répression contre des bloggeuses.

Le maillon iranien | RSF a ainsi promu la carrière de l’une d’entre elles qui s’appelle Farnaz Seyfi, soi-disant journaliste économique (rien vu) et fondatrice du site féministe Zanestan (le pays des femmes). Elle a été arrêtée en janvier 2007, interdite de séjour pour conspiration contre l’Etat : RSF est alors intervenu ! Son interdiction a sauté en quelques jours et elle a été autorisée à quitter le pays avec un passeport de la république islamique ! Elle s’est alors exilée en Hollande et c’est avec son passeport iranien qu’elle s’est rendue à Berlin en 2007 puis en 2008 pour participer au jury du concours BOBs. Ils sont sympas au service des visas du régime des mollahs ! Elle a aussi un nouveau site : Farnaaz.org qui est hébergé par l’entreprise iranienne payegan.com, partenaire de 3 importantes banques d’affaires iraniennes.

L’année dernière, cette boursière du régime n’a pas pu imposer des sites iraniens (comme le très cheap Bebin.tv ou le nombriliste apolitique Free Keyboard) qui ont été heureusement battus par un blog d’un journaliste freelance américain installé en Irak et un site de photos de la vie quotidienne en Biélorussie. Cette année, elle a décroché le gros lot pour le régime en obtenant ce prix pour le site de la campagne 1 million de signatures.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG


On voit ici une vidéo de Farnaz Seyfi sur Youtube, en train de blâmer ceux qui critiquent l’absence de démocratie en Iran.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

Il ne faut pas être un super enquêteur pour découvrir l’impossibilité d’accès au net pour les jeunes iraniens ou encore les liens entre les hébergeurs dissidents et les banques d’affaires du régime, mais cette démarche simple n’est jamais entreprise par RSF. Cette démarche n’est aussi jamais entreprise par les médias et officiels de Washington qui cherchent à justifier aussi le dialogue voire une entente avec le régime des mollahs.

Washington a besoin de passerelles avec le régime, Téhéran les lui fournit et l’opération de médiatisation est toujours confiée à RSF qui donne également un coup de main à Washington pour sa propagande anti-chinoise orchestrée autour d’un soutien aux partisans du Dalaï-lama. Dans le même concours des BOBs, RSF a également primé un site bouddhiste chinois qui milite contre le PC chinois.

RSF est loin d’être clean, cependant, dans le cas du site chinois, il s’agit au moins d’un vrai opposant, alors que dans le cas de l’Iran, il s’agit d’agents issus de la milice et payés avec l’argent du pétrole qui jouent aux dissidents et infiltrent les médias afin de prétendre que ce régime est déjà en cours de démocratisation.

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| Mots Clefs | Resistance : Presse, RSF, Liberté d’expression |

| Mots Clefs | Resistance : Lobby pro-mollahs en France et ailleurs |

| Mots Clefs | Resistance : FAUSSE(s) OPPOSITION(s) |

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| Mots Clefs | Pays : Allemagne |

[1Le commerce entre l’Iran et l’Allemagne se porte bien. Selon les chiffres du Bafa, l’autorité en charge du contrôle des exportations allemandes, il a représenté un volume de 4 milliards d’euros en 2008, en hausse de 10,5 % par rapport à 2007. En 2008, le ministère de l’Economie allemand a donné son aval à l’exportation de trente-neuf biens dits à double usage, qui peuvent servir à des fins autant civiles que militaires.