Iran - nucléaire : Le retour à la case départ 10.11.2008 Vendredi, Téhéran avait fait part de la réception d’une demande écrite par Javier Solana, porte-parole de la diplomatie européenne, pour une reprise du dialogue « pour dissiper les problèmes mineurs soulevés par les activités nucléaires iraniennes ». Bruxelles avait reconnu l’existence d’une lettre des députés européens adressée à l’Iran. D’autres précisions arrivent de l’Iran. Selon les dernières informations diffusées par Kazem Jalili, membre de la commission parlementaire de la sécurité nationale, la lettre reprend les exigences qui lui ont été soumises récemment à Bruxelles par des parlementaires européens : la nécessité pour l’Iran de suspendre ses activités nucléaires en l’état afin d’empêcher, dans un premier temps, l’adoption d’une nouvelle résolution, et par la suite, la reprise du dialogue. Les péripéties autour de l’envoi et la réception de cette lettre ont eu lieu sur un fond d’élection d’Obama. Avant cette élection, les mollahs espéraient monnayer avec Bush une entente pré-électorale (favorable à McCain) afin d’obtenir des clauses favorables au régime. Ils avaient alors mis l’Europe et l’offre des 6 à l’index. L’élection d’Obama a perturbé les prévisions du régime. Il s’est donc immédiatement tourné vers l’Europe pour réactiver le dialogue avec les 6, afin de retarder les sanctions et pour continuer à harceler les Américains (en Irak, au Liban et en Afghanistan) dans l’espoir que ces derniers cèderont et accepteront la possibilité d’une entente sur la base de clauses équitables. En exigeant la suspension, l’Europe démontre qu’elle ne souhaite plus être utilisée comme un moyen d’attendrir les Américains. Il est probable que les mollahs s’attendaient à cette réaction, ce qui explique qu’ils ont utilisé non pas les dirigeants de premier plan, mais des personnages de second plan comme les membres des commissions parlementaires pour entreprendre les initiatives. La demande européenne est néanmoins une désillusion qui laisse Téhéran sans voix. Face à cet échec, Boroujerdi, le chef de la commission parlementaire des affaires étrangères, a rappelé que l’enjeu nucléaire était une ligne directive de la diplomatie iranienne. Un point sur lequel, le régime ne reculera pas. Ce qui veut dire que le nucléaire est un outil diplomatique, un moyen de pression (pour obtenir des compensations). Boroujerdi a d’ailleurs rappelé que le régime ne pouvait pas discuter avec des interlocuteurs qui évoquent un recours à la force pour le renverser. Par diverses allusions, les différents porte-parole du régime recentrent le débat sur ses objectifs prioritaires : un dialogue avec les Etats-Unis pour des compensations. Cette nouvelle réponse adressée aux Américains en réponse à une demande Européenne résume bien la situation. Pour le régime, l’Europe reste soit un lieutenant de l’Amérique, soit un facteur de division du camp occidental, mais jamais un partenaire pour une entente. L’Europe ayant refusé de jouer le rôle de facteur de division, Téhéran se retourne vers la Russie pour assumer ce rôle. En guise de compensation, Téhéran relancera les projets de coopérations économiques avec ce pays notamment dans le domaine sensible du gaz et du pétrole. Téhéran espère également intimider l’Europe, son premier client pétrolier, afin qu’elle se montre plus coopérative. Avant l’élection américaine, les mollahs espéraient monnayer avec Bush une entente pré-électorale. L’élection d’Obama a mis fin à cette possibilité. Le compteur a été remis à zéro et chacun applique ses recettes : le nouveau président entend appliquer la méthode Bush (sanctions, offres de dialogue, menace d’option militaire directe ou via Israël) et Téhéran jongle avec les alliances.
| Mots Clefs | Institutions : Diplomatie (selon les mollahs) | | Mots Clefs | Nucléaire : Politique Nucléaire des mollahs | | Mots Clefs | Pays : Europe (UE, UE3, union européenne) | | Mots Clefs | Décideurs : P5+1 (les Six) | | Mots Clefs | Zone géopolitique : Alliance IRAN-RUSSIE | |