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Iran - Etats-Unis : Conséquences de l’échec d’un plan d’entente
21.10.2008

L’administration Bush n’est pas parvenue à arracher une entente aux mollahs avant le 4 novembre, pas plus que de faire rompre Assad avec le Hezbollah même en lui promettant la restitution du Golan. Les républicains avaient besoin de ces victoires pour rassurer leurs donateurs mais aussi pour aider leur candidat McCain. Si ce dernier préserve néanmoins ses chances en raison de son conservatisme, qualité appréciée des peuples en temps de crise, les échecs diplomatiques de l’administration Bush ont aussi une influence ambiguë sur la politique iranienne des Etats-Unis et aussi sur le régime lui-même.



Au cours des trois derniers mois, Washington a multiplié les attaques ponctuelles contre les mollahs, attaques molles suivies d’offres d’entente, et Téhéran a toujours refusé pour jouer constamment avec les lignes pour forcer l’administration Bush à revoir ses clauses de l’entente.

La fin du mandat de Bush met fin aux espoirs des mollahs car désormais ils auront en face d’eux un interlocuteur qui disposera de 4 ans de délais, ce qui exclut toute révision des clauses pour une entente : un retour au projet d’une transition d’une république islamique des mollahs vers une république islamique proaméricaine sur le modèle irakien avec l’aide des faux opposants iraniens au profil d’Ahmad Chalabi.

Il s’agit de retrouver ce modèle de république islamique que les Américains voulaient imposer à l’Iran en 1979 en soutenant un Pack incongru composé des islamistes soft de Nehzat-é Azadi (de Bazargan), de Jebheh Melli (la tendance Mossadegh), des Moudjahiddines du peuple (OMPI) qui avaient inscrit la balkanisation de l’Iran dans la constitution de leur parti, et les gauchistes iraniens tout aussi séparatistes. L’objectif était de décomposer l’Iran de l’intérieur de manière démocratique ! Ce Pack très bruyant était cependant dépourvu de base populaire et les Américains ont dû pactiser avec les mollahs anglophiles pour avoir une base populaire. Les mollahs ont gardé le pouvoir en rompant le cordon ombilical lors de la prise de l’ambassade des Etats-Unis où ils ont mis la main sur de nombreux dossiers de liens et pots-de-vin américains versés aux autres collègues révolutionnaires en particulier les membres du Pack.

Au bout de 30 ans, les Américains n’ont pas renoncé au projet de balkanisation de la région et dès 2005, ils ont réactivé le Pack ou du moins ce qu’il en reste à Berlin. L’année suivante, le Pack c’est réuni à Londres et en juin 2007 à Paris. Cette escale à Paris a été fatale au Pack qui agissait jusque-là dans une totale discrétion tout en niant avoir des projets d’éclatement de l’Iran, projet extrêmement pour ne pas dire totalement impopulaire en Iran. A Paris, le Pack est tombé sur un os : des sympathisants de notre site ont mis à notre disposition les noms des 72 participants parmi lesquels de nombreux séparatistes qui militent en faveur de la disparition de l’Iran et de la balkanisation de la région (si utile aux compagnies pétrolières étrangères) au nom du droit à l’autodétermination des peuples.

Il n’y eut plus de rencontre en juin 2008 et le Pack a disparu pour réapparaître sous une nouvelle appellation : Le Comité des irano-américains progressistes ! Pour l’instant, le Progressive American Iranian Committee (PAIC) est uniquement composé des figures médiatiques de mouvance Moudjahiddines dont un certain Hassan Dai qui doit sa notoriété à des articles publiés sur le lobby des mollahs aux Etats-Unis, articles très détaillés mais qui évitaient de mouiller d’autres pions américains comme Abbas Milani, ou encore l’administration Bush elle-même pourtant très impliquée via ses principaux ministres.

C’est un nouveau départ pour revoir le casting et redéfinir les objectifs visibles du Pack (pour éviter son effondrement comme après la réunion de Paris). Il n’y a plus de projet de semi-changement de régime ou de transition via des chalabis iraniens. Le PAIC se dit au service de la communauté internationale et du peuple iranien. La réalité est différente et mérite un décodage.

Le PAIC appelle à un renforcement des sanctions contre les mollahs tant qu’ils ne respecteront pas les droits de l’homme ou qu’ils seront une menace pour la communauté internationale. La menace pour la communauté internationale sous-entend les activités nucléaires et le Hezbollah. L’objectif est évidemment de priver les mollahs de leurs atouts de négociations, atouts sans lesquels ils doivent accepter le deal américain sans broncher. C’est à ce moment-là que le PAIC redeviendra le Pack.

Au sujet de la menace nucléaire, il y a un détail amusant : ce sont les Moudjahiddines qui diffusent des images satellites (américaines) qui sont censées prouver l’existence d’un programme nucléaire militaire en Iran. C’est une combinaison parfaite, les Moudj seront désormais présents sous une fausse identité à toutes les étapes du processus en tant que portes-parole progressites du peuple Iranien !

© WWW.IRAN-RESIST.ORG


Le logo du PAIC est à l’effigie du drapeau iranien avec le Lion et le Soleil, drapeau communément utilisé par les patriotes, mais aussi par les Moudjahiddines du Peuple : une autre fausse identité pour attirer les patriotes dans ce jeu trouble pour restaurer le vieux projet de la révolution islamique fédéraliste de 1979.
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Le critère du respect des droits de l’homme pour cet organisme progressiste dissipe le doute sur ses objectifs ! Le critère du respect des droits de l’homme du PAIC n’est pas de condamner la charia, mais de demander la libération de ceux que nous appelons les faux opposants, personnages issus de la milice des Pasdaran que le régime enferme pour leur inventer une carrière politique de dissident. Le PAIC ne s’intéresse pas à la condamnation de la pédophilie dépénalisée, mais uniquement à ces personnages fabriqués à Téhéran et promus à Washington sur la chaîne Voice of America, la seule diffusée en Iran sans brouillage par le régime. Nous aurons donc droit à des opérations médiatiques autour des faux dissidents estudiantins, des fausses féministes islamiques etc !

Outre le harcèlement sur le plan nucléaire ou de la défense des faux dissidents, le PAIC se donne en 2nd point pour mission de dénoncer les lobbyistes du régime aux Etats-Unis. Il s’agit en fait de poser les jalons à l’action de lobbying des mollahs aux Etats-Unis afin qu’ils restent dans les limites définies par la Maison-Blanche. La preuve de cette affirmation est que le PAIC a comme membre un certain Bahram Moshiri, historien autoproclamé qui est lié à l’association Mehregan financée par l’astronaute Anousheh Ansari, l’une des responsables du blanchiment de l’argent des mollahs aux Etats-Unis. Le plus drôle est que Hassan Dai, le président Moudj bcbg du PAIC, avait dénoncé récemment l’institution Mehregan, mais accepte l’un de ses principaux contributeurs (une autre passerelle de contact avec Téhéran).

Enfin, the last but not the least, l’objectif final du PAIC est de promouvoir le dialogue avec l’Iran ! Ce qui veut dire que les Américains laissent le choix aux mollahs. Cet objectif était d’ailleurs celui du l’AIC, le lobby américain des mollahs, association qui était l’objet des articles de Hassan Dai, le président du PAIC. Le PAIC (américain) remplace l’AIC (iranien) ! Les Américains ont ainsi repris le monopole de l’initiative d’une entente.

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L’échec de Bush de conclure une entente avec les mollahs n’a donc pas modifié les objectifs américains, mais seulement renforcé la place des Moudjahiddines qui ont failli être sacrifiés à l’autel d’une entente avec Téhéran. Cette stratégie échouera comme la précédente essentiellement parce que les Iraniens sont hostiles aux séparatistes, aux Moudjahiddines, mais aussi aux faux dissidents. Ce sera 4 ans de plus de souffrance pour les Iraniens qui auront encore à subir les lois de la Charia sans que ce nouveau Pack et leurs homologues iraniens ne se manifestent pour les aider. Ce choix ferme aussi l’accès des vrais opposants aux médias américains.

En revanche, ce choix des Moudj. qui présage un blocage à tous les niveaux a rassuré les Russes qui craignaient un accord immédiat entre Téhéran et Washington. Ils ont décidé de ne plus appliquer de mesure de rétorsion pour la livraison de Bouchehr. Ils viennent d’annoncer qu’ils seront en mesure de livrer à l’Iran cette centrale tout en sachant que les mollahs l’utiliseront comme un justificatif pour poursuivre leurs activités nucléaires anxiogènes, activités qui généreront des tensions très fortes qui déboucheront sur le choix de nouvelles sanctions (comme le veulent les Américains et leurs pions du PAIC). Ce sera une occasion en or pour Moscou de renforcer sa présence en Iran dans le rôle du grand frère.

Par conséquent, l’échec de Bush de conclure une entente avec les mollahs est d’abord un échec géopolitique et il relance une nouvelle guerre froide dans laquelle l’Iran jadis allié des Etats-Unis est désormais dans le camp de ses ennemis. Il n’y a rien de surprenant ; Washington persiste dans un projet de balkanisation qui est un héritage de la guerre froide.

En géopolitique, il y a des fatalités : elles ne sont pas politiques mais géographiques. C’est la définition même de cette science : c’est la géographie, en principe non modifiable, qui définit les choix des alliances politiques. Ainsi par sa position et ses frontières avec l’Orient et la Russie, l’Iran doit nécessairement observer sa neutralité : c’est ce que faisait le Chah et ce que les Américains ne voulaient pas dans le cadre de la guerre froide.

Ils ont décidé de modifier ces données géographiques : pour y parvenir, ils ont éliminé un allié pour le remplacer par des séparatistes et finalement ils se sont retrouvés avec un ennemi qui leur résiste en utilisant la force de la composition géographique de l’Iran et l’intérêt que représente son unité pour les autres puissances mondiales adversaires des Etats-Unis.

Si chaque pays est porteur d’une fatalité géopolitique, les Etats-Unis ne doivent le retour fatal d’une nouvelle guerre froide (très contraire à leurs intérêts) qu’à leur volonté politique de poursuivre ce projet absurde, héritage de la première guerre froide.

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| Mots Clefs | Resistance : FAUSSE(s) OPPOSITION(s) |

| Mots Clefs | Terrorismes : Moudjahidines / OMPI / CNRI |

| Mots Clefs | Enjeux : Garanties Régionales de Sécurité : le DEAL US |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : USA |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : Alliance IRAN-RUSSIE |

| Mots Clefs | Institutions : Les Racines de la Révolution Islamique |