Iran Resist - Iran : La semaine en images n°35

Iran : La semaine en images n°35
19.10.2008

Ce fut une semaine diplomatique intense pour le régime des mollahs. Il s’est battu sur tous les fronts pour recruter le plus grand nombre de partenaires susceptibles de l’aider pour empêcher l’adoption de sanctions. Il a convié à Téhéran un certain nombre de candidats pour ce genre de partenariat et il a envoyé vers d’autres pays, des émissaires pour chercher d’autres partenaires. Le tout en images.

L’événement central de cette semaine de lobbying a été l’organisation d’une conférence à l’initiative de la Fondation pour le dialogue des civilisations fondée par Khatami. Cette fondation comme le club de Madrid regroupe l’ensemble des courants islamistes y compris les frères musulmans et aussi des représentants des Etats démocratiques qui aiment avoir des relations commerciales avec les pays d’où sont originaires ces islamistes. Les représentants occidentaux du groupe sont des ex-chefs de gouvernements très au courant des dossiers ; et il y a aussi des curés américains impliqués dans des processus diplomatiques indirects pour un rétablissement des relations diplomatiques avec des Etats comme l’Iran. A titre d’exemple, quand Khatami s’est rendu à Washington pour négocier une entente avec Bush, son hôte officiel était l’évêque anglican John Bryson Chane (ci-dessous au centre), également présent à Téhéran accompagné par ses 2 adjoints.

Cependant, il y avait parmi les invités des mollahs des gens qui ne figuraient pas sur la liste des invités de l’avant-dernière rencontre du groupe de Madrid. A Téhéran, le régime a aussi appelé à lui le français Lionel Jospin, l’italien Romano Prodi ou encore le suisse Joseph Deiss, des ex-représentants des trois parmi les plus importants partenaires pétroliers de l’Iran. Téhéran a en fait inclu ses intrus sur sa liste pour bien faire comprendre aux révérends lobbyistes américains qu’il avait le pouvoir de reculer une entente avec Washington en s’appuyant sur des partenaires européens de poids. Un message spécialement conçu pour l’administration Bush qui espère une entente avec l’Iran avant l’élection du 4 novembre dans l’espoir de redorer le blason des républicains et améliorer les chances de McCain.

Pour accentuer la pression sur Washington, Téhéran a accordé une large place à Romano Prodi, dont le pays est le premier partenaire pétrolier de l’Iran. Ce dernier s’est donné en spectacle pour se montrer digne de l’intérêt des mollahs. Non seulement Prodi, mais aussi d’autres invités de premier plan de la conférence ont fait le tour de la ville pour rencontrer les dirigeants du régime dont Ahmadinejad, Khamenei, Rafsandjani mais aussi Ghalibaf, le maire de Téhéran, possible candidat présidentiel aux élections du juin 2009.

Velayati (sous mandat d’arrêt international), un mollah non identifié, Khatami, l’italien Romano Prodi, le révérend Chase, le portugais Jorge Sampaio, le norvégien Kjell Magne Bondevik, l’islamiste soudanais Sadigh Al Mahdi et Khamenei, le guide de la révolution islamique.
© WWW.IRAN-RESIST.ORG

Chez Khamenei (ci-haut), l’ambiance était tristounette, mais Prodi s’est rattrapé chez Ahmadinejad et surtout chez le milicien Ghalibaf (ci-dessous), élu 8ème meilleur maire du monde, un homme très fin qui insulte souvent publiquement et copieusement les journalistes (du régime) s’ils lui posent des questions sur sa gestion chaotique de la ville.

Le patron occulte du régime, Rafsandjani (actuellement sous mandat d’arrêt international pour crime contre l’humanité) n’a reçu que Kofi Annan, dans une ambiance très chaleureuse et très souriante.

Après ces visites, les invités sont partis à Yazd, ville natale de Khatami, pour rendre hommage à sa carrière : les partisans d’une entente avec Téhéran espèrent qu’il se représentera aux élections du juin 2009 pour succéder à Ahmadinejad, une option que nous jugeons improbable. A Yazd, ceux qui n’avaient pas eu la vedette à Téhéran se sont donnés en spectacle : Lionel Jospin et le révérend Lobbyiste Chase.

Parallèlement à ces réunions, le régime des mollahs recevait Michel Aoun, le nouvel allié libanais de l’Iran qui n’a manifesté aucun dégoût en prenant tendrement les mains de ceux qui oeuvrent pour la destruction de son pays. Téhéran a reçu cet homme pour rappeler à ses hôtes européens qu’il avait le pouvoir d’influencer le destin du Liban, pays sensible voisin d’Israël. La visite tombe aussi au moment où le Syrien Assad en froid avec Téhéran a rétabli ses relations diplomatiques avec le Liban où il entend jouer un rôle sans pour autant dépendre des désirs de Téhéran.

Après le départ de Lionel et ses amis vers leurs pays d’origine, le maire Ghalibaf a été envoyé à Tokyo pour influencer la décision du Japon de concurrencer la candidature de l’Iran à un siège du Conseil de sécurité. Ses efforts ont échoué, mais cependant, Ghalibaf a quitté Tokyo en ayant promis aux japonais que le régime se porterait garant de tous leurs futurs investissements et ce afin que le Japon ne s’aligne pas systématiquement sur les demandes américaines au Conseil de sécurité. On le voit ici en compagnie de la délégation municipale au siège de Panasonic et en compagnie d’officiels japonais, dans des rencontres censées lui donner une stature internationale de négociateur commercial pour le régime, un rôle imparti au président. Il s’agissait donc également d’une opération pré-électorale.

Le régime qui semble sur le point d’annoncer la candidature de Ghalibaf avait aussi organisé une opération médiatique pour lui à Téhéran : le record du sandwich le plus long du monde fabriqué par les sœurs combattantes de la milice. Malheureusement les représentants du Guiness book n’ont pas eu le temps d’homologuer cette création, et il n’existe pas de photo finale de l’oeuvre car la foule affamée (que l’on voit ici) a attaqué et éparpillé ce sandwich de poulet, dont l’ingrédient est devenu inabordable pour 85% des Iraniens.

Dans l’ensemble les efforts diplomatiques du régime ont été un échec : le Japon ne s’est pas retiré de la course au siège du Conseil de Sécurité, la France n’a pas encore adressé un signe positif à l’Iran et la conférence de Khatami ne s’est pas achevée sur une déclaration forte. Les opérations pré-éléctorales et médiatiques des candidats du régime ont également été un échec. En dehors de Ghalibaf, Ahmadinejad a aussi eu sa part de déception.

En effet, après avoir fait la semaine dernière une tournée dans l’Est du pays, Mahmoud est allé cette semaine rendre visite aux habitants de Rasht, la plus importante ville des abords de la Mer Caspienne. Les Rashtis connus pour leur sens de l’humour ont boudé Mahmoud, le régime nous a donc offert un nouvel épisode de notre roman photo « Mahmoud Fotoshop » !

Nous sommes vraiment désolés de créer des problèmes aux maquilleurs des photos de l’agence Mehr, mais ils pourrait mieux faire ! En effet, les photos prises de près ne correspondent pas aux vues générales où l’on voit la foule immense qualifiée de Tsunami par Mahmoud. Les banderoles que tiennent les personnes photographiées de près sont absentes des vues générales !

De plus, les hommes habillés en beige qui se trouvent dans le carré du devant, mais en second plan, ont des dimensions corporelles deux fois plus importantes que leurs collègues assis qui sont plus proches et des corps dix fois plus gros que les gens derrière les grilles ! Les voisins assis des hommes en beiges sont aussi plus volumineux que les camarades sur la plateforme qui se trouve dans le même plan. Il y a aussi une femme en tchador qui devrait mesurer 3 mètres de haut.

On retrouve également le même défaut de trucage des photos pour la fête de la fin du ramadan : le responsable de photoshop a déformé sa foule pour tapisser tous les coins et de fait la place a pris la forme d’une cuve avec une bordure comme des gradins d’un stade, gradins dont nous n’apercevons pas les contours sur les photos rapprochées de la foule.

Personne ne s’est déplacé pour voir Mahmoud. La plus grande foule qu’il a croisée à la ville de Rasht fut celle des mollahs de la ville qui par hasard ne se trouvent pas dans la foule en question (par peur de se faire sérieusement bousculer).

Facebook

Twitter