Iran-France : On a perdu le contrat avec Renault ! 16.10.2008 Dans le cadre de la crise nucléaire, Téhéran espère diviser les Six en attirant la France dans son camp. Il laisse entendre que la coopération française sera récompensée par une bienveillance des alliés libanais des mollahs à l’égard de la France, un atout indispensable pour assurer à ce pays un rôle régional au Moyen-Orient. Ce partenariat important pour les mollahs aura un coût pour les Iraniens. On se souvient qu’en mars 2007, l’actualité financière de la semaine n’était pas la crise mondiale, mais la vente exceptionnelle réalisée par Renault en Iran : 85,000 Logans, soit la totalité de la prévision du constructeur français pour ce pays, achetées en moins de 5 jours par des jeunes Iraniens branchés ! La Logan, l’automobile économique de Renault, était alors promise à une carrière foudroyante en Iran. Cette annonce avait réchauffé les relations entre les deux pays : l’Iran avait libéré un Français détenu en otage, Roland Dumas était sur le départ dans l’espoir de revenir avec une promesse de compromis… l’ambassadeur de France faisait du lobbying pour attirer d’autres capitaux chez mollahs … Nicolas Sarkozy alors candidat affirmait qu’il approuvait les sanctions contre Téhéran mais que, s’il était élu, la France ne participerait pas à une éventuelle intervention militaire américaine en Iran… A l’époque, nous avions remis en cause la prétention de Téhéran de produire chaque année 100,000 à 300,000 exemplaires de la Logan et aussi la nature suspecte de cette vente : nous avions évoqué des achats forcés comme un cadeau à la France alors présidée par Jacques Chirac afin qu’elle soutienne l’option du dialogue et des négociations sans fin avec l’Iran. 18 mois plus tard, les relations sont plus tendues et surtout, la Logan est devenue un cauchemar pour le régime dont ses deux usines d’assemblage n’ont produit que 17,000 exemplaires livrés par tirages au sort : c’est-à-dire en priorité aux super copains (en plus, il semble que ces automobiles n’ont pas été produites en Iran, mais importées et livrées pour éviter le déshonneur total). Cela pose un problème aux amis du régime qui ont versé des acomptes et immobilisés une forte somme qui ne leur rapporte rien. Leur inquiétude est fondée car le régime n’en est pas à sa première expérience de ce genre : en août 2007, il a remboursé des centaines de clients qui avaient versé 6 ans plus tôt des acomptes pour un modèle de Jusqu’à présent, le régime pour calmer les acheteurs râleurs a contourné les critiques sur l’échec de ses constructeurs à produire les pièces détachées manquantes en accusant Renault de ne pas lui fournir les pièces nécessaires pour assembler les voitures. Les accusations contre Renault, utilisées pour esquisser des représailles économiques, ne sont plus de mise alors que Téhéran cherche à faire de la France un allié au sein des Six. Cette parade de séduction a forcé Téhéran à changer d’argument et à trouver une explication aux retards sans accuser Paris. L’explication trouvée est un pur exemple du régime des mollahs, inattendue et même lucrative. Les responsables de deux constructeurs iraniens (Pars-Khodro et Iran-Khodro) affirment qu’ils ont perdu la seule copie du contrat avec Renault, un contrat qui était loin d’être finalisé. En l’absence du contrat, ils ne peuvent donc affirmer avec certitude à quel niveau se situe la responsabilité du retard. Mais tout espoir n’est pas perdu : l’ex-président de la commission des affaires technologiques du Parlement Islamique affirme qu’il se rappelle avoir eu entre ses mains un exemplaire qui doit normalement être aujourd’hui archivé au Parlement. En ce moment chacun cherche ce précieux document ! Mais cette perte opportune permet au régime d’accomplir 3 prouesses : éviter des frictions avec Paris, faire patienter les amis du régime qui ont versé des acomptes, et surtout revoir le prix de la Logan (pas montée mais importée) à la hausse en prétendant que le contrat n’avait pas été correctement finalisé ! Au final, ce sont les clients du régime, bazaris juniors ou vieux miliciens espérant se lancer dans le taxi au noir, qui paieront la facture de la parade amoureuse des mollahs. Selon un blog créé à la gloire de la Tondar 90 (nom iranien de la Logan), la hausse serait de 1800 dollars, plus 3% de TVA à l’iranienne, ce qui fera passer les prix du modèle le moins cher de cette automobile pour petit budget à 10712 dollars [1] soit plus de 5 ans du salaire moyen d’un cadre (salaire rarement payé). Satanés mollahs ! © WWW.IRAN-RESIST.ORG | Mots Clefs | Institutions : Economie Iranienne | | Mots Clefs | Enjeux : Intérêts Européens en Iran | | Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : France | [1] Le prix du modèle le plus luxueux passera à 13184 dollars soit 3 ans et demi du salaire d’un cadre supérieur dans le secteur bancaire. |