Iran : Plus de blé, plus d’eau, à sec et HS ! 30.08.2008 Actuellement c’est « la semaine (du bilan) du gouvernement ». Les ministres donnent des conférences de presse en gratifiant les médias d’une avalanche de chiffres, souvent contradictoires, presque toujours déconnectés de la réalité quotidienne des Iraniens, une réalité faite de coupures de courant très nocives pour la bonne marche de l’économie. Le coût négatif d’une heure de panne de courant est équivalent de 50 à 100 heures de labeur. Les entreprises s’endettent ou font faillite. Plus tôt, le régime avait évoqué un problème de sécheresse pour expliquer ces coupures, mais il a reconnu par la suite que les barrages avaient une part limitée dans la production d’électricité (officiellement environ 10%) et admis que les coupures étaient le résultat d’un manque de carburant (fuel ou gaz) pour ses centrales thermiques. C’est pourquoi cette semaine, l’un des principaux axes de communication du gouvernement était d’insister sur les progrès réalisés au cours de ces 3 dernières années en matière de production de pétrole et aussi des mesures prises pour assurer l’approvisionnement en matière de gaz. Le ministre du pétrole (Nozari) et ses assistants (Kassaï, etc) ont sans cesse fait des déclarations dans ce sens afin de rassurer les Iraniens et laisser entendre la fin prochaine des coupures. Cette semaine, il fallait beaucoup de patience pour ingurgiter cette communication désordonnée et une bonne dose de sagacité pour en faire la synthèse. Le déclic est venu du ministre de l’agriculture, dont sa version de la sécheresse ne collait pas avec la version du ministre de l’énergie (électrique). Le ministre de l’agriculture a attribué la baisse de la production du blé à un manque de prévisions météorologiques valables et il a fait porter le chapeau à ses collègues de la météorologie nationale qui ne l’avaient pas informé. Il a à ce titre précisé qu’il avait été surpris car les deux années précédentes, les précipitations avaient battu tous les records des trente dernières années ! Si le ministre de l’agriculture a été surpris par la sécheresse, nous l’avons été en apprenant les chiffres des précipitations de ces 2 dernières années, chiffres qui expliquent que les barrages devaient normalement déborder ! C’est l’intérêt que l’on trouve à tout lire des déclarations des ministres iraniens : certains se contredisent d’un bout à l’autre de leur propos, d’autres sont pris à défaut par les propos de leurs collègues. En fait cette eau ne s’est pas évaporée, elle a disparu pendant l’hiver dernier, hiver que le ministre n’avait pas préparé, toujours en raison d’un manque de communication avec ses collègues de la météorologie nationale. L’hiver dernier, manquant de carburant pour ses centrales thermiques à cause de la décision turkmène de couper ses fournitures de gaz, le régime avait compensé une partie de ses manques en lâchant cette précieuse eau pour produire des mégawatts. Aujourd’hui les trois principaux barrages iraniens, Karkheh [prod. 400 mw/j], Karoun 1 [2000 mw/j] et Karoun 3 [2000 mw/j](ci-dessous) sont à sec et le régime a discrètement annoncé, par le biais d’une déclaration anonyme d’un responsable, qu’ils avaient été retirés du cycle de la production pour une durée indéterminée. Tout aussi discrètement, le régime a publié parallèlement à sa communication ministérielle tapageuse, la nouvelle grille des coupures : 4 à 6 heures de pannes par jour et par quartier. © WWW.IRAN-RESIST.ORG
© WWW.IRAN-RESIST.ORG Revenons à notre ministre de l’agriculture, les eaux des barrages ayant été dilapidées, il justifie l’importation de 5 millions de tonnes de blé par un manque de prévisions météorologiques valables, regrettant « les années précédentes quand l’Iran était un pays exportateur ! » En réalité, ceci est un slogan ! Depuis la révolution islamique, ce pays n’a jamais été exportateur de blé. Le volume de l’importation est d’ailleurs identique à ceux de 2 années précédentes (2006-2207), années exceptionnelles de précipitation. Mais dans ces années-là, c’est la situation économique qui était légèrement différente. Les sanctions en étaient à leur début et le régime n’avait pas encore lancé le suicidaire plan de production de faux billets pour relancer la consommation. Aujourd’hui, le seuil de la pauvreté est plus élevé et le pain subventionné (frais ou sec) est devenu l’aliment de base le plus abordable, d’où une plus forte consommation. Cela aurait dû provoquer une hausse des importations, mais ces dernières restent identiques. L’explication est simple : Téhéran importait 5 millions de tonnes de blé, mais n’utilisait pas tout pour sa consommation ! 10 à 20% du volume était réexporté (à un prix plus bas) pour faire entrer le pays dans le classement des pays exportateurs ! Les mollahs appliquent la même méthode pour le gaz, ils l’importent du Turkménistan pour l’exporter vers la Turquie afin de prétendre avoir une capacité de production, « résultat des progrès de la révolution islamique ». Cette politique a un coût très élevé : pendant des années, les mollahs ont lâché dans la nature des millions de dollars, résultats des années de rentes pétrolières, et aujourd’hui, l’économie iranienne est à l’image de ses trois principaux barrages (qui doivent illustrer le futur Iran-chèque 200) : à sec et HS. © WWW.IRAN-RESIST.ORG Pour en savoir plus :
| Mots Clefs | Instituions : Politique Economique des mollahs | | Mots Clefs | Enjeux : Sanctions Ciblées en cours d’application | |