En effet plus récemment, Rahim-Mashaï a encore répété les mots qui avaient soulevé les protestations : « Nous sommes l’ami du peuple israélien ». Mais il n’y eut aucune protestation du côté d’Ahmadinejad. Deux jours après cette nouvelle déclaration, 200 députés et bassidjis écrivaient via la presse une lettre ouverte à Ahmadinejad pour exiger le renvoi de cet homme indigne de sa fonction qui est de veiller à la conformité islamique des œuvres culturelles.

Cette lettre n’a pas fait peur au personnage : bien au contraire, tous les jours depuis cette publication, il a répété les mêmes propos, se disant même « fier de sa position » sans faire réagir Ahmadinejad, d’ordinaire si épidermiquement anti-israélien ! Ce dernier lui a même demandé de l’accompagner en Turquie.

À son retour en Iran, tout en répétant ces deux phrases polémiques, dans un geste de provocation, le ministre a demandé une audience à l’ayatollah Nouri Hamédani, considéré comme une « source d’imitation », c’est-à-dire un religieux dont les avis tiennent lieu d’article de loi !

Sa réaction était prévisible et la demande a déclenché la colère de cet ayatollah et de trois autres de ses compères : Alavi-Gorgani, Mobbasher-Kashani et surtout Makarem-Shirazi ! Ce dernier s’est exprimé au nom de tous les autres : « Il n’y a aucun doute que le régime et le peuple israéliens c’est la même chose. Ils sont tous les deux contre l’islam et les musulmans et occupent leur terre. Alors comment peut-on parler d’amitié avec eux. Comment quelqu’un qui pense de cette façon pourrait-il être un collègue du président ? »

Autre avis : Mohtashami-pour le responsable des projets antisionistes, un des premiers responsables du Hezbollah, a également critiqué cette approche dangereuse et hostile aux fondements constitutionnels du régime.

C’est du jamais vu ! Normalement avec l’avis négatif de 4 sources d’imitations et le verdict de l’anti-constitutionnalité des propos incriminés, le ministre aurait dû prendre le chemin de la sortie. Il n’en a rien été et n’en sera rien. Le ministre a reçu deux renforts et non des moindres.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

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Le premier renfort a été le soutien de Mohammad Ali Ramin (ci-dessus), le concepteur de la conférence négationniste sur l’holocauste ! Le second renfort est venu d’Ahmadinejad qui a affirmé : ce gouvernement est celui du travail, nous travaillons et n’avons pas de temps à consacrer à des polémiques politiciennes. Parallèlement dans le cadre de la sixième conférence iranienne « des mosquées du monde », Ahmadinejad, a tenu de nouveaux propos très anti-sionistes totalement opposés aux propos de son ministre !

Ce tourbillon médiatique contradictoire a de quoi surprendre. Si on débarquait de la planète mars, on en conclurait que le régime des mollahs est une pure démocratie où chacun est libre de dire ce qu’il pense. C’est justement ce que le régime veut faire passer comme message. C’est une nouvelle vitrine de la république démocratique islamique ! Et la polémique n’est pas prête de disparaître : le ministre a entonné qu’il resterait à son poste pour tenir cette position, selon lui, conforme aux enseignements de l’Islam. Il promet même un débat de 100 heures avec tout contradicteur, peut-être même les ayatollahs !

Le nouveau show médiatique du régime situe le débat à l’intérieur du cercle des « conservateurs » ! Là c’est moins surprenant car on reste dans le schéma suggéré par les résultats des dernières élections législatives, élections qui ont porté au pouvoir les conservateurs du régime, garants d’une ligne dure à propos du nucléaire. C’est parce que Téhéran veut persister dans la voie de chantage nucléaire qu’il a programmé une « victoire plébiscite » de ceux qui incarnent cette politique.

Quelle est l’utilité de cette polémique inattendue entre conservateurs ? L’une des principales caractéristiques du régime est de suggérer l’existence des dissidences au sein de la faction au pouvoir, c’est ce que nous appelons la cohabitation permanente. Par cette ruse, le régime maintient chez ses partenaires européens l’espoir d’un assouplissement de ses choix politiques.

Via cette polémique sans queue ni tête sur Israël, polémique close le 20 juillet, mais réanimée et délibérément amplifiée de toute part, le régime crée de nouvelles tendances modérées et confuses au sein de ses conservateurs : pour initier de nouvelles pistes, brouiller les cartes, mais aussi suggérer de nouveaux espoirs qui resteront toujours à l’état embryonnaire comme les espoirs confus suscités par Khatami.

Au fait, que disent Khatami et ses amis politiques de cette polémique ?
Rien ! Les réformateurs sont du passé.

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