Ainsi Shamseddin Hossein, un bassidji de 41 ans s’est vu confier le ministère de l’économie et des Finances, Hamid Behbahani, un ex-collègue d’Ahmadinejad à la Mairie de Téhéran a été nommé au ministre des Transports et enfin, Ali Kordan, un membre illustre des Pasdaran a pris le contrôle du très stratégique ministère de l’intérieur.

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On imagine aisément que ce dernier doit aussi être un homme de confiance d’Ahmadinejad. En fait, pas du tout, Kordan, un des directeurs adjoints du très stratégique ministère du pétrole, est considéré comme l’alter-ego de Larijani, l’adversaire présumé d’Ahmadinejad et possible futur président du régime qui est qualifié de pragmatique en opposition à l’actuel président qualifié de dogmatique.

Dans un régime normal, le président au pouvoir ne nommerait pas l’imminence grise de son ennemi à un poste clef du régime, le ministère chargé de superviser les futures élections. C’est un exemple de plus de l’aspect artificiel de la lutte des clans et du mythe des divisions internes du régime. En réalité, ce régime n’est pas divisé mais monolithique : il met en scène un jeu de rôles (pragmatique, réformateurs, dogmatiques) pour entretenir l’espoir d’un changement dans ses politiques actuelles.

Un autre exemple de l’aspect artificiel de ce jeu de rôle est le parcours d’Ali Kordan qui est 100 fois plus dogmatique et psychorigide qu’Ahmadinejad. Ce milicien de 51 a été l’un des fondateurs du comité révolutionnaire de sa région natale de Mazadaran. Le comité révolutionnaire a été l’organe imaginé par Khomeiny pour procéder à toutes les arrestations, tortures, exécutions et expropriations nécessaires pour la victoire de la révolution. C’est au sein de ces comités que les Pasdaran violaient les filles contre-révolutionnaires avant de les exécuter afin que le corps de la victime soit souillé et par conséquent que son âme ne puisse pas aller au paradis d’Allah.

Après avoir occupé ce poste clef, Kordan est entré aux renseignements des Pasdaran, puis il a exercé le sinistre emploi de procureur de la révolution et dans son cv, il se félicite d’avoir châtié durement les responsables de plusieurs soulèvements populaires. Pendant la guerre Iran-Irak, il était chargé de rédiger des rapports falsifiés destinés à l’ONU. Après ces bons et loyaux services, il a été nommé directeur adjoint dans plusieurs domaines très lucratifs : les permis de construire, le tourisme, la télévision (sous la direction de Larijani, comme lui originaire de Mazadaran) et finalement au ministère de pétrole (à la direction des exportations).

Les postes de directeurs adjoints sont très particuliers sous le régime des mollahs : il s’agit en fait des délégués et superviseurs de différents familles qui composent le régime. Ces délégués sont chargés de surveiller les revenus de chaque ministère afin que personne ne soit lésé au moment du partage. Kordan est connu pour être le délégué superviseur de la famille Larijani qui serait la seconde famille la plus puissante du régime après celle de Rafsandjani. C’est d’ailleurs ce qui explique le prochain mandat présidentiel d’Ali Larijani qui estime que son tour est arrivé d’avoir les mains libres pour piller l’Iran pendant au moins quatre ans.

Cette autorisation a sans doute été accordée par Rafsandjani, l’actuel patron du régime qui exerce cette fonction via le Conseil de Discernement, organe chargé de concevoir toutes les politiques qui sont appliquées par les gouvernements successifs, organe qui fut créé sur mesure pour lui avant la mort de son demi-frère Khomeiny.

Détail non négligeable : Kordan est aussi un collaborateur du Conseil de Discernement. Il est également chargé de superviser les affaires juridiques du Conseil des Gardiens, organe chargé d’approuver les candidatures des différents postulants aux différentes élections. Son arrivée discrète à ce poste clef sonne comme les préparatifs d’une succession au sommet du régime : une succession en faveur du clan Larijani...

C’est peut-être ce qui explique l’air absent de Rafsandjani ces derniers temps sur toutes les photos de presse publiées par le régime.

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