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Iran : Une folle partie de Docteur Maboul avec Bush
29.07.2008

Depuis la rencontre de Genève et après les propos de Condoleezza Rice évoquant un traitement plutôt lent et procédurier de la crise iranienne, le régime des mollahs a deviné une ouverture de Washington et multiplie des signes amicaux en sa direction. Cette approche a eu quelques ratés et elle a même provoqué la colère des russes qui n’apprécient guère une entente entre leur principal allié régional et leur principal adversaire planétaire. Après avoir réagi à cette colère par une marche arrière, Téhéran repart à l’assaut de Washington dans une nouvelle offensive de charme.



Ahmadinejad s’est adressé directement au peuple américain lors d’un entretien accordé le dimanche 28 juillet à la chaîne américaine NBC ! Il a évoqué l’hostilité du régime des mollahs à l’usage des armes atomiques et affirmé qu’il ne travaillait pas à la fabrication d’une bombe. Le thème central de son intervention a été la nécessité d’une « approche totalement nouvelle entre les deux pays » !

S’il a été explicite sur une réponse positive aux Etats-Unis dans le cadre de cette approche inédite, il a été très vague quant à une hypothétique réponse positive à l’offre des Six. Concernant cette offre, il a encore évoqué la tenue de nouvelles négociations [1] dont on devine par avance la procédure stérile notamment en raison du refus de l’Iran d’accepter la suspension de l’enrichissement, l’ordre du jour proposé par les Six.

Il a ainsi offert deux perspectives : une procédure complexe et stérile via les Six et une réponse positive séparée aux Etats-Unis, réponse (ou plutôt entente) qui exige néanmoins une approche différente de Washington. Il y a une semaine, Ahmadinejad enterrait tout compromis avec les Six tout en laissant la porte ouverte à Washington. Puis un autre responsable du régime a pris la parole pour évoquer les conséquences positives d’une entente entre Téhéran et Washington : la paix en Irak et au Moyen-Orient et aussi une baisse du prix de l’essence, trois enjeux décisifs des élections américaines.

Les deux parties savent que les premiers résultats d’une entente conclue avant l’élection présidentielle américaine peuvent donner la victoire aux républicains. C’est pourquoi Téhéran insiste dans ses appels à l’administration Bush ou au « bon peuple américain » et ses appels doivent se multiplier à mesure que diminue le délai imparti aux républicains pour contenter Téhéran.

D’ailleurs, les exigences de Téhéran augmentent à mesure que ce délai diminue et c’est pourquoi Téhéran préfère une entente avec l’administration sortante plutôt qu’avec son successeur qui aura 4 à 8 ans de délai et les mains plus libres.

C’est pourquoi l’administration Bush n’a réagi à aucune des avances de Téhéran de la semaine dernière et a même cherché à attaquer les mollahs sur leurs points faibles (les frontières iraniennes) via des groupes séparatistes comme le Jundallah qui remettent en cause l’autorité de ses miliciens, la garantie de sécurité du régime chez lui.

Ce nouveau coup de boutoir d’Ahmadinejad contre la forteresse Bush a donc suscité un refus poli à la fois de la Maison-blanche, mais aussi du Département d’Etat. Les deux ont affirmé qu’ils attendaient « une déclaration définitive » de l’Iran sur l’offre Six. C’est une position sans danger pour l’entente à venir car Téhéran refuse de toutes les façons l’offre des Six.

Il y a une semaine, Téhéran envoyait un peu trop des signaux amicaux vers Washington. Cela avait irrité Washington qui avait utilisé le Jundallah pour calmer les exigences des mollahs. Ces signaux amicaux adressés à Washington avaient également irrité Moscou qui avait alors arrêté sa coopération militaire, stratégique et nucléaire avec les mollahs. Téhéran avait alors stoppé net cette « approche totalement nouvelle entre les deux pays », pour évoquer un nouveau compromis avec les Six avant d’y revenir en raison de la nécessité de harceler Washington car si le délai est court pour les américains, il l’est aussi pour les mollahs !

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

En fait, les mollahs semblent engagés dans une folle partie de Docteur Maboul ! Quand ils vont trop vite, ça buzz [2] de partout et ils ralentissent un peu, mais le temps file, alors ils accélèrent et ça buzz à nouveau chez les russes ou chez les américains.

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Les préliminaires américaines de cette folle partie de Docteur Maboul :
- Iran : Résumé d’une folle semaine en juillet
- (13 JUILLET 2008)

| Mots Clefs | Institutions : Diplomatie (des mollahs) |

| Mots Clefs | Nucléaire : Politique Nucléaire des mollahs |

| Mots Clefs | Enjeux : Garanties Régionales de Sécurité : le DEAL US |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : USA |

| Mots Clefs | Décideurs : P5+1 (les Six) |

| Mots Clefs | Mollahs & co : Ahmadinejad |

[1Interrogé sur la réponse qu’il pourra donner à la nouvelle offre de coopération occidentale sur son dossier nucléaire, Mahmoud Ahmadinejad a déclaré : « si les deux parties réussissent à se mettre d’accord sur un terrain commun, cela nous aidera à travailler aussi sur nos différences, afin d’aboutir à un accord. La question principale ici est de savoir si cette approche est la poursuite de l’ancienne approche ou si c’est une approche totalement nouvelle ».

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[2Docteur Maboul est déjà un classique du jeu de société pour enfants. Il n’a jamais cessé d’être édité entre se date de création (1978) et aujourd’hui. C’est un jeu d’adresse à destination d’un public jeune. La plateau de jeu représente le corps d’un malade. Certaines parties du plateau sont creuses et sont le receptacle d’objet divers. La plupart du temps il s’agit d’os ou d’organes humains. Le principe de jeu est très simple : il s’agit d’aller récupérer à l’aide d’une pince les objets dans le corps du malade (qui en a grand besoin...) sans lui faire mal. La pince et le bord des encoches sont metalliques. En cas de contact entre la pince et le bord de encoches le nez du malade "vire au rouge" et une sonnerie se fait entendre. En langage maboulien, ca veut dire "ouïe, j’ai très mal" !