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RIA Novosti | Hausse du gaz : tous égaux devant Gazprom
10.07.2008

Le 8 juillet, le patron de Gazprom Alexeï Miller a présenté les projets de l’entreprise au premier ministre russe Vladimir Poutine. Comme il ressort de leur entretien, la principale préoccupation du numéro un du géant gazier russe contrôlé par l’Etat est l’accroissement à long terme des prix du combustible bleu, inévitable selon lui. Par conséquent, le prix du combustible livré par Gazprom devrait s’élever pour absolument toutes les catégories de consommateurs : l’Europe occidentale, les ex-républiques soviétiques et les Russes eux-mêmes.

Lors de sa rencontre avec le premier ministre, Miller lui a exposé en détail les nouveaux critères de définition des prix du gaz. D’après ses prévisions, d’ici fin 2008, le prix européen moyen du combustible bleu dépassera 500 dollars les 1.000 m3, alors qu’il se trouve actuellement à 410 dollars les mille m3.

Il faut relever que le prix du gaz a augmenté également pour Gazprom. Le fait est que le monopole russe du gaz achète d’immenses volumes de combustible aux pays d’Asie centrale - Turkménistan, Kazakhstan et Ouzbékistan - et le revend ensuite en faisant une plus-value, pour l’essentiel, à l’Ukraine. Ainsi, cette année, le Turkménistan, principal fournisseur centrasiatique de Gazprom, lui vend du gaz au prix moyen de 140 dollars les 1.000 m3, alors que l’Ukraine le reçoit de Gazprom à 179,5 dollars les 1.000 m3.

Mais les pays d’Asie centrale ont décidé de vendre du combustible à Gazprom, à partir de l’année prochaine, à des prix proches du tarif européen moyen, en les faisant monter de plus du double. Ainsi, le prix du gaz turkmène vendu à la Russie pourrait atteindre un niveau de 280 à 300 dollars les 1.000 m3.

S’entretenant avec Vladimir Poutine, Alexeï Miller a mis l’accent sur ce problème. Le patron de Gazprom estime que la position occupée par les pays d’Asie centrale est, dans la conjoncture mondiale actuelle, tout à fait fondée. Dans ce contexte, selon sa logique, il faut préserver l’attractivité, pour les partenaires d’Asie centrale, des ventes de gaz à la Russie, afin d’éviter la création de prémisses pour l’apparition d’itinéraires alternatifs de transport du gaz centrasiatique contournant la Russie. Il s’agit notamment des projets de gazoducs Transcaspien et Nabucco. M. Miller a également informé le premier ministre de l’intention de Gazprom d’acheter du gaz à l’Azerbaïdjan et, en perspective, à l’Iran, en vue de le revendre ensuite sur les marchés mondiaux.

Si Gazprom s’entend avec les pays d’Asie centrale en partant de ce qu’on appelle les "prix européens moyens", cela entraînera une hausse considérable du prix du gaz livré par la Russie à l’Ukraine, jusqu’à environ 400 dollars les 1.000 m3, et peut-être plus. L’Ukraine espère toujours que les prix atteindront le niveau européen par étapes sur une période de quatre ans, probablement en vain.

Exposant au premier ministre la situation sur le marché intérieur, Alexeï Miller a mentionné d’abord les succès enregistrés dans ce domaine, en soulignant à nouveau un des thèmes préférés de Gazprom, à savoir l’égalisation des revenus provenant des livraisons intérieures et extérieures de gaz. Les prix intérieurs du gaz pour les consommateurs industriels russes sont actuellement cinq fois inférieurs à ceux pratiqués en Europe. Conformément aux plans du gouvernement pour 2008-2010, ils doivent augmenter d’environ 25% par an. Dans un premier temps, il était prévu d’arriver aux prix européens sur le marché intérieur pour les consommateurs industriels à partir du 1er janvier 2011.

Cependant, au printemps dernier, le ministère du Développement économique a effectué des évaluations qui l’ont pour le moins épouvanté : si le principe d’égalisation des revenus était appliqué, en 2011, les prix sur le marché intérieur doubleraient presque par rapport à 2010. C’est pourquoi le gouvernement a introduit en avril une limitation : en 2011, les prix du gaz pourront s’accroître au maximum de 40% par rapport à 2010.

Cependant, lors de la rencontre du 8 juillet, Alexeï Miller a déclaré sans sourciller que le prix du gaz sur le marché intérieur atteindrait bien le niveau visé à partir du 1er janvier 2011. Vladimir Poutine, qui assumait encore le poste de président en avril, n’a pu cette fois corriger d’emblée Alexeï Miller à ce sujet, mais a toutefois souligné que la régulation des prix du gaz pour la population serait maintenue après 2011 pour un délai indéterminé. Notons que cette régulation ira dans le sens d’une majoration.

En général, les grandes compagnies comme Gazprom (qui occupe actuellement la quatrième place au monde pour la capitalisation, avec plus de 300 milliards de dollars) doivent avoir plusieurs stratégies de développement, compte tenu des changements de la conjoncture sur les marchés mondiaux. En tout cas, au moins deux : une stratégie optimiste et une stratégie conservatrice.

Mais, selon toute vraisemblance, Gazprom se fonde exclusivement sur la hausse incessante des prix du pétrole, qui entraîne invariablement celle des prix du gaz. D’ailleurs, Alexeï Miller voit pour l’année prochaine un baril de pétrole à 250 dollars. Si, la semaine dernière, le 3 juillet, les prix du pétrole sur les marchés mondiaux ont établi un record jadis inconcevable à 146 dollars le baril, les 8 et 9 juillet, ils n’oscillaient déjà plus qu’autour de 136-137 dollars le baril.

De telles variations témoignent de la domination des spéculateurs sur les marchés des ressources minérales, qui a eu pour conséquence la formation d’une "bulle" qui risque d’éclater à tout instant. Alors, la chute des prix du pétrole entraînera immanquablement celle des prix du gaz.

© RIA NOVOSTI

Par Oleg Mitiaïev

| Mots Clefs | Enjeux : Pétrole & Gaz |

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : RUSSIE |

| Mots Clefs | Enjeux : Offensive énergétique Russe |

Les intérêts pétroliers liés à l’Iran sont très importants car avec le système Buy-back les mollahs vendent le baril environ 12 dollars et le gaz à 9 dollars les milles mètres cubes. C’est pourquoi les russes feront leur possible pour préserver ce régime et rester ses alliés.

Cependant, le principal enjeu iranien n’est pas économique, mais surtout géopolitique !

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Pour en savoir + :
- Iran – Russie : Le dilemme de Gazprom
- (5 JUIN 2008)

| Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : Alliance IRAN-RUSSIE |