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Iran : La drôle de sanction européenne et ses effets
24.06.2008

En ce lundi 23 juin, l’Europe a finalement décidé d’aller dans le sens des attentes de Washington en donnant son accord pour bloquer les avoirs des succursales étrangères de la première institution financière iranienne, la Banque Nationale ou « Bank Melli ». La facture s’alourdit pour les mollahs et cela a des effets très concrets sur la vie économique iranienne.



Avant de vous exposer quelques exemples de ces effets, il convient d’analyser d’un peu plus près la sanction européenne de la Bank Melli. On peut parler d’un coup politique ! L’Europe a satisfait Washington, mais en annonçant très tôt sa décision et en précisant que la mesure ne devenait effective que le lendemain, elle a laissé un délai de 24 heures aux mollahs pour déplacer leurs avoirs de cette banque vers d’autres établissements bancaires iraniens, si cela n’avait pas déjà été fait.

L’Europe a encore agi finement afin de préserver ses liens avec Téhéran pour protéger ses investissements en Iran car en cas d’une rupture des relations, Téhéran pourraient refuser de payer ses factures et chaque Etat devrait alors couvrir les pertes de ses entreprises. Dans le cas de l’Allemagne, la société allemande d’assurance à l’exportation HERMES devraient recouvrir une somme de 5 milliards de dollars de pertes plus 5 autres milliards d’indemnités !

En agissant au mieux des intérêts des mollahs, l’Europe espère que Téhéran se montrera reconnaissant. Or, bien que les mollahs soient conscients de la qualité de leur relation avec l’Europe, les sanctions bancaires américaines ont déjà désorganisé la vie économique en Iran et les mollahs risquent de ne pas pouvoir montrer leur gratitude à leurs partenaires européens.

Quelques exemples : On ne parle plus de l’inflation, mais son taux continue de grimper et pour préparer l’opinion à plus d’inflation, Mir-Kazemi le ministre du commerce a rappelé que son taux n’était jamais descendu sous les 25% depuis la révolution et que jusqu’à 49%, on reste dans la fourchette de la normalité dans ce régime. Selon Mir-Kazemi, l’inflation serait une nécessité économique !

Si cela peut convaincre quelqu’un ce ne sera pas les nantis du régime qui ont préféré investir aux Emirats Arabes Unis plutôt qu’en Iran. Avec 760 millions de dollars, ils ont placé l’Iran à la cinquième place des investisseurs étrangers dans ce pays [1]. Cependant, les investisseurs iraniens sont à rude épreuve car les banques leur refusent des lettres de crédit où alors elles acceptent mais à des taux 7 fois plus élevés que pour des businessmen d’autres origines (de 12 à 14,5% pour les iraniens contre 2% pour les autres).

Le seul moyen d’y échapper est de fonder une société locale : coût de l’opération 1 million de dollars de dépôt bancaire. En réalité, une grande partie de ces 760 millions de dollars investis l’an dernier aux Emirats correspond à des dépôts d’un million de dollars minimum pour créer des sociétés locales afin de contourner ces tarifs bancaires qui sanctionnent plus les acteurs de l’économie iranienne que la drôle de sanction européenne sur la Bank Melli.

A l’intérieur du pays la situation est réellement morose ; les prix s’envolent et le rial s’effondre : les iraniens préfèrent dépenser le moins possible, au point que bon nombre d’entrepreneurs ont recours à des chèques sans provisions pour retarder les paiements de leurs factures. Le nombre des chèques sans provision a augmenté de 35% en un an, au total presque 4 millions de chèques pour une valeur de 14,8 milliards de dollars ! L’Iran est en banqueroute et l’Europe pourrait regretter d’avoir soutenu aussi longtemps les mollahs à bout de bras.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

Pour en savoir plus :
- Les nouveaux partenaires économiques de l’Iran
- (12 JUIN 2008)

| Mots Clefs | Pays : Europe (UE, UE3, union européenne) |

| Mots Clefs | Enjeux : Sanctions Ciblées en cours d’application |

| Mots Clefs | Enjeux : Intérêts Européens en Iran |

| Mots Clefs | Instituions : Politique Economique des mollahs |

[1La Grande-Bretagne est en tête du classement avec 4,5 milliards de dollars, suivie par le Japon avec 3,8 M$, l’Inde avec 2 M$ et les Etats-Unis avec 1,4 M$.