Exilés chez Saddam où ils combattaient aux côtés de l’armée irakienne contre leur propre pays, après la fin de la guerre Iran-Irak, les Moudjahiddines du peuple se sont recyclés en troupes paramilitaires de répression des kurdes irakiens. Ils n’ont pas hésité à écraser des civils kurdes sous les chenilles de leurs chars d’assaut payés par Saddam. Leur bilan est lourd en Irak et ils ne doivent leur survie qu’à la protection de l’armée américaine.

En fait, Washington a non seulement protégé les Moudjahiddines de la ville fortifiée d’Ashraf, réplique miniature de l’Iran, mais il a aussi mis à la disposition de cette organisation un camps d’entraînement à Diyala [1]. Washington espérait utiliser les Moudjahiddines pour déstabiliser les mollahs car les Moudjahiddines lui avaient assuré qu’ils disposaient d’un réseau en Iran et même au sein du régime. Les missions confiées aux Moudjahiddines ont échoué car ce réseau n’existe pas. En fait, en Iran, les Moudjahiddines n’ont aucun sympathisant susceptible de les aider. C’est alors que Washington a renoncé à ce plan en se tournant vers du sang neuf des groupes armés Kurdes (PKK) ou Baloutches (Jundallah).

Cependant malgré leur inefficacité paramilitaire, les Moudjahiddines avaient une autre utilité pour Washington : ils ont joué un rôle de porte-parole pour la diffusion dans les médias de révélations anxiogènes sur le programme nucléaire iranien, révélations émanant des services secrets occidentaux.

À présent que Washington cherche activement une entente avec Téhéran, les révélations des Moudjahiddines ne lui sont plus d’aucune utilité. L’administration Bush préfère les utiliser comme monnaie d’échange afin d’arriver rapidement à une entente globale avec les mollahs (leur sort dépend de la réponses des mollahs).

Cette entente est vitale pour les Etats-Unis pour accéder à l’Asie Centrale et les gisements pétro-gaziers de la Caspienne. En échange Téhéran veut une reconnaissance de son rôle régional et exige l’impunité pour ses alliés : le Hezbollah, le Hamas, la Syrie et Moqtada Sadr.

Les américains ont déjà fait des concessions vis-à-vis de Téhéran notamment en acceptant l’accord de Doha qui assure au Hezbollah, l’extension arabe des Pasdaran, un rôle clef au Liban. D’autres concessions sont à prévoir concernant le Hamas qui sera réintégré dans le processus gouvernemental palestinien et aussi la Syrie qui doit sortir de son isolement international. Sur l’Irak, Washington espère rester maître du terrain et pour cela il ne doit rien céder aux mollahs qui disposent d’un important réseau chiite mais aussi sunnite. Les Moudjahiddines peuvent dans ce contexte être une monnaie d’échange intéressante, une compensation en échange de la neutralité des mollahs !

Les Moudjahiddines qui ont donc des soucis à se faire et ce d’autant plus que le 18 juin en prévision à la reprise du camp d’Ashraf, le Conseil des Ministres a décidé d’interdire toute transaction par tout Irakien ou ressortissant étranger, organisation ou parti avec les Moudjahiddines et le Premier ministre irakien Nouri Maliki a déclaré le même jour que ceux qui violeraient cet arrêt seraient inculpés en vertu des lois anti-terroristes irakiennes.

Très affecté par ces charges, le groupe multiplie des interventions médiatiques où il affiche son attachement à l’Islam, au Jihad et surtout au chiisme et ses figures saintes comme Ali (vidéo ci-dessous). Il a aussi appelé le Conseil de sécurité des Nations unies à intervenir dans ce qu’il a qualifié de violation flagrante des conventions internationales.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

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En réponse, le bloc de l’Alliance irakienne chiite unie et l’Alliance du Kurdistan qui détiennent la majorité au Parlement irakien ont proposé l’adoption d’un projet de loi exigeant le départ des Moudjahiddines de l’Irak (sans préciser vers quel pays).

A défaut d’être expulsés vers l’Iran, pour satisfaire les mollahs, ils pourraient également faire l’objet d’un procès en Irak pour leur implication dans des massacres commandités par Saddam. Les Moudjahiddines ont réellement des soucis à se faire, mais aucun iranien ne les plaindra.

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