L’Iran reçoit deux avertissements avant l’arrivée de Solana 11.06.2008 A quelques jours du voyage en Iran de Javier Solana (le 15 juin) pour la présentation de l’offre « rafraîchie » des Six, 2 avertissements ont été adressés aux mollahs : l’un verbalement par Bush (et ses alliés atlantistes y compris les britanniques) et l’autre concrètement et séparément par les britanniques. George Bush, en tournée d’adieu en Europe pour le sommet USA-UE, a obtenu de ses alliés une déclaration commune invitant l’Iran à cesser de manière vérifiable ses activités nucléaires en échange d’une « solution réciproquement satisfaisante et négociée » pour de « meilleures relations » avec tout le monde. La déclaration commune menace Téhéran de sanctions supplémentaires comme le gel de ses avoirs bancaires dans les banques européennes en cas de refus. Les Etats-Unis souhaitent en particulier que l’UE s’en prenne à la principale banque commerciale iranienne, Bank Melli, en empêchant ses bureaux européens - situés à Londres, Hambourg et Paris - de fonctionner. Les pays de l’UE se disent disposés à étudier de nouvelles sanctions en ce sens, mais affirment attendre les résultats des séries de négociations entre Solana et les mollahs. Solana lui-même se montre évasif sur le nombre de négociations nécessaires. C’est pourquoi Bush s’est dit sceptique sur l’application de ces sanctions évoquant des « lenteurs bureaucratiques européennes ». Ces « lenteurs » traduisent en effet la réticence des Etats européens qui sont parmi les plus importants partenaires commerciaux de l’Iran. Cependant l’un de ceux-là a commencé unilatéralement à appliquer partiellement ce gel des avoirs : il s’agit de la Grande-Bretagne qui a ainsi adressé aux mollahs un avertissement séparé. Il convient de rappeler que l’objectif des auteurs de ces mises en garde est d’arriver à un compromis et une entente avec Téhéran. C’est ce qui différencie l’avertissement solennel et bureaucratique du sommet USA-UE de la décision britannique de prier la banque Barclays de fermer sans préavis les comptes bancaires des employés britanniques de deux banques iraniennes sanctionnées par Washington : les banques Saderat et Melli, basées à la City et parfaitement autorisées à opérer en Grande-Bretagne par la Financial Services Authority. Cette mesure est intimidante pour les mollahs car tous les capitaux qu’ils ont détournés pendant près de 30 ans sont déposés dans les banques britanniques (anglaises ou canadiennes). Londres a un moyen de pression sur Téhéran, moyen qu’il entend utiliser avec parcimonie. Pourquoi ? EN fait, bien que Londres et Washington soient des alliés en Irak ou en Afghanistan en ce qui concerne l’Iran, leurs positions divergent radicalement. Les britanniques qui sont les alliés historiques du clergé chiite iranien ont d’importants réseaux de relations dans ce pays et estiment qu’une entente irano-américaine y nuirait. Ce deal redouté par Londres offrirait aux américains un accès sécurisé aux hydrocarbures de l’Asie Centrale et ferait des compagnies pétrolières américaines les leaders du marché au détriment du British Petroleum (ex Anglo-Persian Oil Company) et de l’anglo-hollandaise Shell qui font de la Grande-Bretagne le premier Etat pétrolier du monde. Les enjeux sont gigantesques : Londres combat Washington et ses plans, tout en cherchant des moyens pour encourager Téhéran à un deal avec des non-américains appelés poliment la communauté internationale ou encore les Six (c’est-à-dire Amérique+Europe+Chine+Russie), une entité par nature incapable d’une quelconque unité. C’est dans ce contexte très particulier que Londres a adressé un avertissement aux mollahs via la Barclays. Il les invite à accepter l’offre des Six qui leur sera transmise par Solana. Londres n’en est pas à sa première tentative d’intimidation : début 2008, des représentants des Six devaient se rendre à Téhéran pour la même mission et en guise d’avertissement, Londres avait prié Shell (à moitié britannique) d’annoncer sans préavis son retrait d’un important contrat gazier iranien. Cependant, Téhéran n’a pas flanché et continue à refuser toute entente avec les Six, cherchant même à diviser cette entité par nature divisible. Le seul moyen de convaincre la république islamique d’Iran serait de geler effectivement les avoirs des gros bonnets du régime dans les banques britanniques, mais cette option risque aussi de précipiter une entente inattendue avec les sino-russes. La seule véritable solution pour arrimer l’Iran à l’Ouest serait un changement de régime. | Mots Clefs | Pays : Grande-Bretagne | | Mots Clefs | Décideurs : P5+1 (les Six) | | Mots Clefs | Zone géopolitique / Sphère d’influence : USA | | Mots Clefs | Enjeux : Sanctions Ciblées en cours d’application | |