Ainsi en France, Jack Lang qui est sur le départ vers Damas, se dit prêt à aller en Iran comme il l’avait fait sous Jacques Chirac. L’ancien ministre des menus plaisirs du Roi François parle avec de jolis trémolos dans la voix du peuple iranien, de la place qu’il faudra accorder aux mollahs au Moyen-Orient. Cependant, bien plus qu’un succès à Téhéran, l’ancien ministre socialiste espère marquer des points pour chasser son ami Kouchner du poste du ministre des affaires étrangères.

Ce genre d’amateurisme est absent du côté britannique : en effet, au lieu d’envoyer un vieux socialiste beau parleur et charmeur qui risque surtout de déclencher l’hilarité chez les mollahs, Londres y a expédié Lord Philips, le président de la Chambre du commerce irano-britannique. De passage à Téhéran, Lord Philips a qualifié d’« erroné l’alignement de la Grande-Bretagne sur les politiques de sanctions anti-iraniennes de Washington », déplorant les pertes des opportunités économiques pour son pays. D’après ce responsable britannique, « les sanctions américaines jouent au détriment de la Grande-Bretagne ».

Les propos de Lord Philips conviennent totalement aux mollahs. Ils laissent entendrent que les affaires économiques prospèrent à Téhéran malgré ces sanctions américaines qui ne privent que les européens de certains marchés vite récupérés par des concurrents asiatiques.

Dans le sens opposé, Téhéran n’a pas tellement besoin d’envoyer des émissaires iraniens à Paris, Londres ou New-York. Il peut compter sur des émissaires locaux pour convaincre l’opinion de la nécessité d’une autre politique.

Ainsi, aux Etats-Unis, les mollahs peuvent compter sur le démocrate Gary Sick, ancien adjoint de Brzezinski, qui affirme que les sanctions américaines n’ont rien changé pour l’Iran, mais seulement contribué à isoler Washington.

ET à Paris, les mollahs apprécient les articles de Claude Angeli, le rédacteur en chef d’un journal français qui prospère sans l’apport publicitaire, qui est également un farouche dénonciateur de l’alignement de Sarkozy sur la politique de sanctions de l’administration Bush. Comme Gary Sick ou Lord Philips, dans un de ses derniers articles, Angeli prétend que « les constructeurs automobiles étrangers (installés en Iran) seraient davantage préoccupés par l’augmentation de leur production et par une part plus importante du marché iranien, que par des discussions politiques avec Téhéran ou des sanctions à son encontre ».

Claude Angeli, patron du Canard Enchaîné, est bien mal informé [1]. Ce n’est hélas pas la vérité, du moins pour les constructeurs automobiles étrangers installés en Iran : la production bat de l’aile et le marché iranien aussi en raison des hausses de prix dues à une hyper inflation qui résulte des sanctions : même les voitures d’occasion ne trouvent plus d’acheteur.

Le cas de Claude Angeli n’est pas isolé : son excès d’animosité envers Sarkozy ou son anti-américanisme le pousse comme d’autres journalistes à jouer sans le vouloir dans l’équipe des mollahs. Ces derniers comptent ainsi sur ce soutien, mais aussi sur les ambitieux comme Jack Lang et aussi des vrais lobbyistes (souvent américains) pour faire durer la crise afin de mettre la pression sur Washington et obtenir de sa part une super entente qui sonnera le glas des intérêts européens en Iran.

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