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Iran : Les vrais chiffres du chômage des jeunes
13.05.2008

Selon le centre iranien des statistiques, le taux de chômage des jeunes de 15 à 24 ans serait de 28,9% dans les zones urbaines et de 19,4% dans les zones rurales. La différence est due à l’exode rural des jeunes, mais compte tenu des différents niveaux du seuil de pauvreté que nous vous exposerons ci-dessous, le chiffre à retenir est celui de 28,9%. Selon ce centre, le taux de chômage moyen est de 11,9% pour l’ensemble de la population active.



Si l’on en croit ces chiffres, la situation de l’emploi des jeunes serait bien mieux qu’en France. Ces chiffres sont en fait calqués sur les chiffres des pays occidentaux qui imposent actuellement des sanctions contre l’Iran, sanctions qui ont provoqué une hausse du chômage. Le régime publie donc ces chiffres pour affirmer que son économie n’a pas été ébranlée par ces sanctions et qu’il est en mesure de rivaliser avec ses ennemis. Pour résumer, c’est de la propagande.

Pour recoller à la réalité, il faut rappeler un point qui n’a pas été précisé dans cette publication : ce taux de chômage est celui des garçons.

Les statistiques iraniennes ignorent les femmes qui sont quasi exclues par la loi du monde du travail et de ce fait leur taux de chômage est de 98%. Ceci place le véritable taux de chômage des jeunes (les deux sexes confondus) aux alentours de 80% (49+28,9). Ce taux de chômage devient dès lors écrasant et explique la chute de la natalité : sans emploi et sans revenu, les jeunes sont incapables de se marier et de fonder une famille. Ils ne peuvent pas non plus accéder à un logement et doivent rester dans leur famille de naissance.

Ceux qui travaillent ne sont guère mieux lotis. La majorité des iraniens, employés dans les usines ou entreprises nationalisées au lendemain de la révolution, sont si mal payés (50 à 30% du niveau du seuil de pauvreté) qu’ils sont obligés d’avoir 2 ou 3 jobs pour arrondir les fins de mois de leur famille. Dans ces conditions, les enfants mâles sont contraints de quitter très tôt l’école, avant leur majorité pénale à 15 ans, pour travailler au black pour aider la famille.

C’est-à-dire que parmi les jeunes qui travaillent il y a aussi un grand nombre qui ne peut quitter le foyer de naissance pour devenir indépendant. Ceux-là s’installent durablement dans une très grande précarité et la délinquance. Le niveau du seuil de pauvreté pour une famille de 5 personnes (c’est-à-dire pour ces familles contraintes de rester ensemble) n’a cessé d’augmenter même avant les sanctions ou l’arrivée d’Ahmadinejad : il était de 238 dollars en 2003, 276 $ en 2004, 325 $ en 2005, 400 $ en 2006 et il est actuellement de 650 $ au niveau national et de 780 dollars à Téhéran.

Si 80% des jeunes iraniens n’ont aucun avenir et vivent sous le seuil du néant, parmi les 20% restant (moins les 1% du régime ) qui peut envisager de se marier, un grand nombre a de réelles difficultés pour se loger. Le plus petit studio dans un quartier défavorisé en zone urbaine a un loyer de 350 à 400 dollars et nécessite un dépôt initial de dix mois de loyer alors que les salaires d’ingénieurs plafonnent à 350 dollars. Les prix ne cessent d’augmenter et les salaires quand ils sont payés ne bougent pas.

Malgré ses difficultés, le régime s’obstine à poursuivre ses activités anxiogènes afin d’obtenir des garanties de sécurité pour sa survie. Et il publie à l’attention des médias étrangers des chiffres économiques fantaisistes ou tronqués. Mais les jeunes iraniens voient uniquement le résultat de l’obstination nucléaire des mollahs, ils espèrent un avenir meilleur dans un changement de régime.

Si pour dissimuler ses difficultés économiques, le régime publie des chiffres convenables, pour cacher l’amertume des jeunes, il organise des pseudo-élections en affichant des taux de participation raisonnables et rassurants (supérieurs à 60%) pour montrer qu’il est encore populaire et solidement implanté.

© WWW.IRAN-RESIST.ORG

Pour en savoir + sur les revenus des familles modestes :
- Iran : Les revenus d’une famille iranienne
- (7 DÉCEMBRE 2007)

Pour en savoir plus sur les femmes au travail :
- Iran : Les iraniennes ne rêvent pas !
- (8 JANVIER 2008)

Pour en savoir + sur l’économie iranienne :
- Iran : L’inflation iranienne expliquée concrètement !
- (18 juillet 2007)

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