À la mi-février, nous avions publié un article au sujet de ce trafic : l’ensemble des sociétés qui viennent d’écoper d’une suspension de leur licence d’exportation appartiennent à un milliardaire iranien du nom de Vahid Alaghband dont la fortune date d’avant la révolution. Cependant cette fortune a décuplé suite aux liens tissés avec Rafsandjani.

En 2006, Alaghband a acheté un premier avion 747 par l’intermédiaire de ses compagnies Balli Group PLC et Blue Sky 1, toutes les deux appartenant à Balli Holdings. La Blue Sky 1 avait pour objet de posséder un 747 et devait l’exploiter en le louant à des compagnies aériennes.

C’est ainsi que Blue Sky 1 a loué son 747 à une compagnie arménienne Bleu Airways basée en Beyrouth. Après cette étape c’est le flou puisque le 747 destiné à Blue Airways a été repéré grâce à des numéros de série dans la flotte de compagnie iranienne Mahan Airways de Rafsandjani !

Alaghband a refait le coup deux autres fois en passant par deux autres compagnies de leasing, la Blue Sky 2 et la Blue Sky 3. Chaque compagnie de leasing exportait discrètement un seul avion vers la compagnie fantôme qui était la dernière étape vers l’Iran.

Le 22 février 2008, 5 jours après la publication de notre article, Washington a adressé un 1er avertissement à Alaghband, le sommant de restituer les trois avions. Alaghband qui a fait un an de prison en Europe en 2003 pour fraude n’a pas retenu la leçon : il a envoyé paître les américains et entreprit de refaire le coup avec 3 autres 747, achetés successivement par Blue Sky 4, Blue Sky 5, Blue Sky 6…

Après un mois d’attentisme, Washington a réagi par un avis de suspension pour 180 jours de la licence d’exportation de Balli Group PLC, Balli Aviation (Blue Sky One Ltd., Blue Sky Two Ltd., Blue Sky Three Ltd., Blue Sky Four Ltd., Blue Sky Five Ltd., Blue Sky Six Ltd.) et Blue Airways.

Les restrictions imposées par Washington ne sont pas très lourdes puisqu’il s’agit d’une suspension de 180 jours de la licence d’exportation de compagnies non aériennes ou non existantes. Ce sont des mesures qui ne lèsent personne, d’autant plus que les transactions sont terminées et les avions livrés depuis longtemps.

De plus le communiqué américain se garde d’expliquer les liens entre ces sociétés britanniques ou arméniennes avec Rafsandjani, le véritable patron du régime. Washington qui espère conclure une entente avec Rafsandjani montre qu’il peut sévir contre son empire financier, mais aussi qu’il a le pouvoir de doser ses coups.

Rafsandjani connaît la chanson puisque les britanniques avaient interdit les vols de Mahan vers leur pays au prétexte que ses avions étaient vétustes alors qu’ils venaient d’êtres livré par Alaghband & co. à l’état neuf. Outre ces sanctions ciblées, c’est régulièrement qu’Interpol évoque une possible arrestation de Rafsandjani au motif de son implication dans l’attentat anti-sémite d’Amia, avant de geler la menace. C’est donc un nouvel avertissement adressé au patron du régime afin qu’il cède à la pression et accepte le deal concocté par Washington.

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