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Iran : Comment reconnaître un lobbyiste des mollahs ?
14.03.2008

À l’occasion des élections en Iran, les médias français sont déchaînés. Ce fut une occasion en or pour les lobbyistes du régime de faire passer certains messages en cas d’une victoire attendue « des fondamentalistes proches d’Ahmadinejad ». Comment faire pour détecter ces messages ? Comment reconnaître un lobbyiste des mollahs ?



Les réponses à ces questions fondamentales sont données par Yann Richard dans un entretien accordé à l’Express. Nous remercions donc cet hebdomadaire et Yann Richard. [1]

Le lobbyiste est avant tout présenté comme un expert des affaires politiques iraniennes et dit tout ce que les mollahs ne peuvent dire directement. En effet, c’est mieux quand c’est dit par un tiers. De préférence, les déclarations sont implicites et riches en sous-entendus car sinon elles tourneraient à l’éloge ouvert et cesseraient de provoquer l’effet attendu.

Cette utilisation de sous-entendus est très subtile et la méthode devient autant plus efficace quand le lobbyiste répond aux questions d’un journaliste. Dans le cas d’un article, il faut rester sur un seul thème et ne pas se répandre dans toutes les directions pour placer tous les sous-entendus souvent contradictoires.

Dans le cas d’une interview, c’est la liberté totale pourvu que le journaliste ne se montre pas contrariant, comme c’est le cas dans l’entretien accordé par Yann Richard à Marc Epstein et Pierre Ganz dans le cadre de l’émission RFI L’Express. Les réponses s’enchaînent dans un déferlement de sous-entendus…

Liste en vrac des sous-entendus du régime des mollahs, « propagés par Yann Richard » et diffusés par à Marc Epstein et Pierre Ganz, avec entre parenthèses, la signification de chaque sous-entendu :
« Ahmadinejad n’a pas peur d’aller dans ce pays, pourtant dominé par les Américains, en particulier sur le plan militaire… »
(Attention, c’est un chef).

« Pour l’Iran, lui-même chiite, il était inespéré de voir émerger ainsi un tel tremplin pour son influence dans la région… »
(Téhéran contrôle les chiites, il faut compter avec les mollahs).

« L’axe chiite Bagdad-Téhéran ? C’est la hantise des puissances de la région, à majorité sunnite – Jordanie, Egypte, Koweït, Arabie saoudite… Ces pays craignent la montée d’un pouvoir qui donnerait aux Iraniens un rôle prépondérant… »
(Même remarque, mais une montée en puissance de l’importance accordée aux mollahs même au cœur des pays sunnites : l’insinuation en est d’autant plus marquante). D’ailleurs Richard va décliner cette hypothèse sous diverses formes afin de faire admettre que le rôle régional des mollahs a une réalité intangible.

« Le gouvernement en place à Bagdad satisfait-il les Iraniens ?
« Non, car c’est un régime inféodé et faible. Cela dit, Téhéran ne veut pas d’un Irak fort… »

(Téhéran veut ceci et ne veut pas cela : déclinaison du rôle régional des mollahs).

« Des discussions directes réunissent experts américains et iraniens sur la sécurité en Irak. Ces débats peuvent-ils mener à un rapprochement quelconque ? Téhéran rêve depuis très longtemps que Washington lui tende la main. Les Iraniens désirent normaliser leurs relations avec les Américains… »
(Insister sur le mot Iraniens à la place du mot Mollahs, insister sur la nécessité de reconnaître le rôle régional de l’Iran).

« A mon avis, l’Iran ne peut causer aucun dégât à Israël et ne souhaite pas sa disparition… »
(Rééquilibrage politiquement correct des affirmations précédentes, rassurer à propos d’Israël).

« A terme, l’Iran voudrait devenir la puissance régionale dominante. Sa stabilité, son importance économique et démographique sont telles que cette ambition ne me semble pas surproportionnée… »
(Insinuations répétées pour banaliser le concept. D’ailleurs depuis 2005, Richard répète que l’Iran aura la bombe et que ce sera une très bonne chose pour le Moyen-Orient (article du Monde | 20 Août 2005).

« Quelle est l’utilité stratégique du dossier nucléaire ?
Je suis persuadé que les Iraniens ont en vue une dimension militaire dans ce domaine. Non pour agresser qui que ce soit, mais pour jouer la carte de la dissuasion. »

C’est un enchaînement de sous-entendus :
le rôle régional des mollahs est justifié
,
ils contrôlent déjà le Liban,
ils contrôlent le conflit Israélo-palestinien, mais pour servir la paix,
il faut leur accorder le droit à la dissuasion nucléaire car ils sont pacifiques et pas fondamentalement anti-sionistes !

Les deux pseudo-journalistes en face de cet énergumène de Richard auraient pu évoquer le soutien des mollahs au Hamas sunnite ou encore souligner que les mollahs ne peuvent déstabiliser les pays sunnites que dans la mesure où ils soutiennent les branches d’Al Qaeda dans ces pays et les groupes radicaux sunnites locaux.

Mais ceci n’était pas à l’ordre du jour de cet entretien arrangé : son objectif était de tendre un micro complaisant à Yann Richard qui est chargé de justifier ce que Téhéran veut, en évitant soigneusement de parler du terrorisme du Hamas ou du Hezbollah. En fait, les lobbyistes n’agissent pas en solo, mais en réseaux.

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Pour en savoir + sur les élections :
- Iran : Révélations exclusives sur les prochaines législatives
- (7 MARS 2008)

| Mots Clefs | Resistance : Lobby pro-mollahs en France et ailleurs ! |

| Mots Clefs | Enjeux : Rôle régional de l’Iran |

| Mots Clefs | Auteurs & Textes : Journalistes et média Français |

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[1Yann Richard se dit professeur d’histoire bien qu’il ne possède aucun diplôme dans ce domaine de haute précision.