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Iran – Irak : Une rencontre irano-américaine, le plus tôt possible !
30.01.2008

Une des curiosités du conflit entre Téhéran et Washington est leurs attitudes croisées à propos de l’Irak. Les américains ne cessent de blâmer les mollahs pour leur ingérence en Irak, mais malgré l’existence d’un axe Téhéran-Damas, ils se gardent de les accuser de soutien à tous les groupes terroristes (sunnites et chiites [1]) et ne cessent de réclamer des rencontres pour des négociations. Ce sont des occasions où des négociateurs des deux camps se rencontrent en toute discrétion. Récemment l’ambassadeur américain en Irak s’était plaint de la rupture du processus et a souhaité une reprise des négociations en cours, Téhéran vient d’y répondre de manière indirecte.



En fait, ces rencontres en toute discrétion avaient récemment mis mal à l’aise les alliés sino-russes de Téhéran qui lui avaient fait comprendre que cette proximité pouvait nuire à la qualité de leur soutien pour empêcher l’adoption d’une nouvelle résolution. Mais l’Amérique harcèle les mollahs et leurs alliés du Hezbollah et du Hamas et Téhéran doit trouver une entente avec Washington. Les rencontres sont donc indispensables pour des négociations en toute discrétion en terrain presque neutre.

Quand sous la pression des sino-russes, les mollahs avaient soudainement rompu unilatéralement les relations, les américains ont encouragé les irakiens à remettre en cause l’accord frontalier d’Alger afin de provoquer la tenue d’une réunion d’urgence à Bagdad (jamais à Téhéran). Ce prétexte aux conséquences imprévisibles a été abandonné pour un autre prétexte : le dragage du lit de la rivière frontalière.

Ce prétexte sanitaire a également été oublié, car il ne satisfaisait pas Téhéran qui voit dans ces réunions avec les américains la preuve de la prédominance de son rôle régional. Pour relancer cette reconnaissance, Téhéran a besoin d’être officiellement consulté par les irakiens ou par les américains quand les choses vont mal en Irak.

D’ailleurs, la première des trois rencontres entre négociateurs iraniens et américains avait eu lieu suite à une invitation lancée par Abdel Aziz Hakim, le chef du principal parti chiite irakien, le Conseil Suprême de la Révolution Islamique en Irak (CSRII).

Le CSRII est un parti politique islamiste chiite créé en Iran après la révolution islamique et avec la bénédiction de Khomeiny. Son actuel chef, Abdel Aziz Hakim, est considéré comme le porte-parole des revendications du régime des mollahs en Irak. Cette fois c’est son fils Mohsen Hakim, conseiller politique de son papa, qui a parlé de la nécessité d’une reprise de ces négociations !

Ce perroquet du régime des mollahs a affirmé que les trois tours de négociations irano-américaines sur l’Irak avaient déjà eu une influence très positive sur l’établissement de la sécurité en Irak ! Il a également fait part de l’insistance du gouvernement irakien (non la sienne) pour la tenue « le plus tôt possible » d’un nouveau tour des négociations.

Aussitôt, à Téhéran, Manoutchehr Mottaki, le ministre des affaires étrangères des mollahs a dit qu’il s’agissait d’une invitation américaine retransmise par les Irakiens. Mottaki a ajouté que l’Iran était en train d’examiner cette demande et qu’il donnerait ultérieurement son avis au sujet de la date de la tenue du nouveau tour de négociations.

Il y a deux aspects dans cette réponse classique de la part des mollahs : d’un côté Téhéran se fait désirer pour obtenir une reconnaissance verbale explicite des américains à propos de son rôle positif et d’autre part, il espère ne pas réveiller la colère de ses alliés sino-russes.

Paradoxalement, si les sino-russes font mine de lâcher Téhéran, ils n’ont guère de choix et doivent le protéger. De plus, le texte d’une résolution circule déjà et son adoption est presque acquise. Téhéran risque donc de mettre à l’épreuve ses amis et tenter la rencontre, le plus tôt possible !

« Le plus tôt possible » : Décodages | Le plus tôt possible avant les nouvelles dégradations de sa situation économique et la décision de Rice d’imposer la fouille des cargos étrangers en route vers l’Iran via le Golfe Persique. Ce sera une mauvaise nouvelle pour l’ego des mollahs car ces fouilles seront la preuve de leur impuissance militaire chez eux face aux américains. C’est un point très négatif pour un Etat qui se prétend capable d’attaquer les intérêts américains partout dans le monde.

WWW.IRAN-RESIST.ORG

un autre aspect de ces rencontres :
- Armes iraniennes en Irak : Pas de casus belli pour les Etats-Unis
- (2 OCTOBRE 2007)

| Mots Clefs | Enjeux : Rétablir les relations avec les USA & Négociations directes |

| Mots Clefs | Terrorismes : Ingérence des mollahs en Irak |

| Mots Clefs | Décideurs : Politiciens Irakiens |

[1Les groupes islamistes financés par les mollahs ne sont pas à proprement parler des milices chiites ou sunnites : ils ont des combattants chiites ou sunnites qui tuent invariablement des sunnites ou des chiites considérés comme des musulmans collabos car non-combattants. Espérant arriver à un arrangement régional avec les mollahs, les américains se gardent bien de lier ces réseaux jihadistes supra-communautaires au régime des mollahs et les classent dans le fourre-tout d’Al Qaeda.