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Le Figaro | L’Iran soupçonné de trafic de matière radioactive
23.01.2008

À Vienne, Maurin Picard avec F. N.-L. (à Moscou) | Le césium 137 saisi par des garde-frontières ouzbeks dans un train de marchandises à destination de l’Iran est « l’isotope parfait pour une attaque terroriste radiologique ».



Alors qu’ils inspectaient un train de marchandises à destination de l’Iran, des garde-frontières ouzbeks ont vu l’aiguille de leurs détecteurs de radioactivité soudain s’affoler. À l’intérieur d’un wagon, dissimulé dans un amas de ferraille, se trouvait une quantité indéterminée de césium 137, un isotope radioactif utilisé dans le monde médical et industriel pour fabriquer des jauges de profondeur, de densité, d’humidité, et toutes sortes d’émetteurs courants en radiothérapie. Mais il sert également un deuxième dessein moins louable : la fabrication de« bombes sales », composées d’une faible charge explosive et de matière radioactive, pouvant tuer quelques dizaines ou centaines de personnes en cas de détonation en zone urbaine.

Originaire du Kirghizstan, le convoi intercepté le 29 décembre dernier en Ouzbékistan a aussitôt été retourné à son envoyeur, où il est arrivé le 31. Les autorités kirghizes ont attendu le 9 janvier pour rendre l’incident public, sans préciser la quantité de césium saisie. Tout juste ont-elles indiqué que le degré de radiation était si fort à proximité du wagon qu’il a fallu « des volontaires » pour y pénétrer et décharger la cargaison.

Dans un stock de ferraille

L’équivalent d’« un seau de déchet radioactif, mélangé avec du sable, de la poussière et de la neige » a été déchargé et « immédiatement placé sous scellés » en béton, affirme Almabek Aitikeev, du ministère kirghize des Situations d’urgence.

Quant à l’origine de la cargaison, la compagnie nationale de chemin de fer kirghize, Temir, indique avoir chargé un stock de ferraille en provenance du Tadjikistan sur le train à destination de l’Iran, qui importe régulièrement des quantités de métal de récupération non ferreux d’Asie centrale.

« Il se pourrait fort que cette affaire constitue plus un souci de santé publique que de prolifération », précise un représentant de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), sous couvert d’anonymat. Sollicité le 17 janvier par l’AIEA pour une demande d’information, le Kirghizstan n’a pas encore daigné répondre, pas plus qu’il n’a encore expliqué pourquoi l’incident n’avait été rendu public que dix jours après les faits. « Nous attendons toujours un compte rendu de la part du Kirghizistan, qui n’a pas sollicité notre assistance », confirme l’agence. Contactés par Le Figaro, les diplomates kirghizes en poste auprès de l’AIEA à Vienne n’ont pas souhaité faire de commentaires.

« Une belle cochonnerie »

« L’affaire est potentiellement inquiétante, relève Peter Zimmermann, spécialiste des questions de prolifération au King’s College de Londres. Outre le fait que les autorités kirghizes ne semblent pas enclines à coopérer et que trois frontières (Kirghizstan, Kazakhstan, Ouzbékistan) ont été traversées avant que le chargement ne soit découvert, le césium 137 constitue une belle cochonnerie. C’est l’isotope parfait pour une attaque terroriste radiologique, car il émet des rayons gamma très puissants, qui peuvent se propager à l’air libre sur [un rayon de] plusieurs mètres et même pénétrer des blindages légers. » « Il est peu probable que l’Iran ait cherché à se procurer du césium 137 par ce biais, poursuit Zimmermann. Une jauge de mesure peut avoir été oubliée au milieu des déchets. Cela arrive même dans les pays les plus développés. » Depuis la fin de la guerre froide, le Kirghizstan et le Tadjikistan affichent un bilan peu reluisant en matière de trafic de matière nu-cléaire et radioactive.

« L’embargo imposé à l’Iran ne s’applique pas au césium 137, renchérit un physicien nucléaire russe, lui aussi désireux de taire son nom. [Téhéran] peut donc s’en procurer [facilement]. Ce n’est vraiment pas dans l’intérêt du gouvernement iranien de se lancer dans ce genre d’opération : en cas de découverte d’un tel trafic, les risques de représailles sont tels que le jeu n’en vaut pas la chandelle. En revanche, rien n’exclut qu’un groupe terroriste puisse être intéressé. »

Si nous insistons toujours sur l’inexistance d’un programme nucléaire sérieux en Iran, en revanche nous avons la conviction que le régime des mollahs est le plus important protecteur des réseaux terroristes à travers le monde. Les deux plus récents conflits en zone urbaine (la guerre en Irak et celle du Liban) ont prouvé l’importance de disposer d’un réseau de terroristes formés à l’art des ambuscades et équipés des armements les plus sophistiqués.

Comme nous l’affirmons depuis très longtemps, l’objectif des mollahs n’est pas de constituer un arsenal visible qui menacerait ses voisins avec des missiles peu discrets : Téhéran n’a pas besoin de vecteurs.

Le régime des mollahs n’aura jamais une dissuasion classique basée sur la qualité ou la puissance de ses bombes, mais une dissusasion d’un genre inédit fondée sur la qualité de l’attaque qui sera une attaque terroriste. Imaginez une bombe sale ou encore mieux une bombe à plutonium qui exploserait à bord d’un avion civil.

Une attaque de ce genre défierait toute sorte de système de défense ou de détection de tir de missile balistique. Une attaque de ce genre permettrait de détruire simultanément plusieurs cibles dans différents endroits, et en plus les mollahs ne seraient pas inquiétés car l’attaque ne serait pas lancée depuis l’Iran. Telle est la dissuasion des mollahs : La menace d’une combinaison du nucléaire et du terrorisme de type 11 septembre.

De ce fait, nous ne pouvons que contredire l’analyse de Maurin Picard et ses acolytes experts d’un genre douteux plutôt engagés à disculper les mollahs. Pour mémoire également, la prise de césium a eu lieu, il y a deux semaines, mais aucun média n’en a parlé. L’affaire ressort alors que les mollahs donnent du fil à retordre aux américains.

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