Iran : El Baradei et Solana, pour meubler le temps 23.11.2007 Le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique présentait hier à Vienne son rapport sur l’Iran lors d’un débat du conseil des gouverneurs de l’AIEA. Les pays membres sont restés divisés sur l’interprétation à donner des travaux d’El Baradei. Cette division prend source dans le rapport d’El Baradei qui par des prouesses de narration entretient un flou artistique pour dissimuler ses manques d’informations et son incapacité à faire ouvrir les portes des sites nucléaires du régime des mollahs. Un seul constat demeure : El Baradei ne sait strictement rien sur le programme en cours ni sur les phases préliminaires de ce programme. Son rapport est une synthèse des seules déclarations des mollahs. Autrement dit, son rapport a été indirectement rédigé par Téhéran. Et pire encore, son auteur va exactement dans le sens des attentes des mollahs. Ainsi, le directeur général de l’AIEA a estimé jeudi que l’agence internationale en savait moins aujourd’hui sur les activités nucléaires de l’Iran qu’il y a un an. Ceci est aussi faux que le reste : il en sait autant ! C’est-à-dire RIEN. En n’ayant pas pu inspecter les sites suspects dédiés à l’enrichissement, El Baradei n’est en mesure ni de confirmer l’absence d’une intention d’avoir un programme nucléaire militaire et ni d’admettre les progrès nucléaires des mollahs en matière de l’enrichissement. Or, c’est justement ce qu’il fait : il arrive toujours à la conclusion voulue par les mollahs. Devant les Etats membres qui siègent au Conseil des Gouverneurs, face à certaines critiques quant à ses piteux résultats, au lieu d’admettre son échec, El Baradei s’est plaint de la brièveté des délais qui lui avaient été accordés par l’ONU, son employeur ! El Baradei a plaidé pour plus de souplesse et plus de temps pour récolter « un maximum de précisions non seulement sur le programme passé de l’Iran mais également, ou plus important encore, sur le présent ». Cet homme critique son employeur et prend la défense de l’accusé qu’il doit contrôler. Afin de nuancer ce discours qui pourrait un jour nuire à sa carrière, il n’a pas oublié d’inviter l’Iran à « être plus actif en fournissant des informations et en intensifiant sa coopération de sorte que l’agence puisse clarifier d’ici la fin de l’année toutes les grandes questions encore en suspens » ! Que pourrait faire d’autre El Baradei ? Admettre qu’il a été berné ne ferait que donner raison à ses détracteurs. El Baradei ira jusqu’au bout de sa démarche, autant pour lui-même que pour les mollahs qui espèrent qu’il recevra une prolongation de son mandat pour faire traîner le processus jusqu’en décembre avec un nouveau rapport pour janvier. Les mollahs espèrent ainsi croiser l’hiver pour obtenir (pour des raisons humanitaires) 3 à 4 mois de report pour l’adoption de nouvelles sanctions. Pour les mollahs, il s’agit de gagner du temps en espérant que dans le délai obtenu, ils arriveront à déstabiliser la présence américaine en Irak, provoquer la guerre pour obtenir par peur de la confrontation régionale une capitulation des américains ! El Baradei n’est pas le seul à faire semblant de ne pas comprendre le jeu des mollahs. Solana joue le même rôle pour les européens qui ont d’importants intérêts en Iran. Ainsi, alors que les mollahs refusent tout enrichissement délocalisé, Solana a encore évoqué cette solution à maintes occasions avortée en assurant qu’il essaierait de l’approfondir lors de sa réunion avec Saïd Jalili, le nouveau négociateur iranien. L’Europe a tout intérêt à retarder des sanctions qui toucheront ses intérêts en Iran. Comme El Baradei, l’UE joue donc la carte des prolongations en espérant que l’un des deux adversaires (les américains ou les mollahs) jettera l’éponge et acceptera les conditions de l’autre pour une grande entente régionale où les intérêts européens ne seraient pas remis en question. On peut même affirmer que la préférence de l’Europe va à l’Iran car seul un statu quo garantit à 100% ses intérêts en Iran. Le rôle joué par Solana ressemble au rôle joué par Ahmadinejad, l’un et l’autre n’a aucun réel pouvoir, mais ils occupent l’espace et font passer le temps (avec des négociations, des mises au point, des propositions, des refus et des réconciliations) avec cette arrière-pensée de KO par abandon qui obsède tous les joueurs de cette partie. La réunion du Conseil des Gouverneurs a été l’une de ces rencontres pour meubler le temps nécessaire pour un KO par abandon, la rencontre (retardée) entre Jalili et Solana sera une autre étape de ces rounds interminables de prolongation stérile. La partie n’est pas finie et il ne s’agit pas de pugilat où la force domine, mais de jeu d’échec, un jeu où les cases changent de couleur et où les pions arrivent masqués. © WWW.IRAN-RESIST.ORG | Mots Clefs | Nucléaire : Négociations sans fins (Manoeuvres dilatoires) | | Mots Clefs | Enjeux : Intérêts Européens en Iran | | Mots Clefs | Pays : Europe (UE, UE3, union européenne) | | Mots Clefs | Nucléaire 2 | AIEA : Conseil des Gouverneurs | | Mots Clefs | Nucléaire 2 : AIEA : El Baradei | | Mots Clefs | Nucléaire 2 : AIEA : inspections, actions et rapports |
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